La bataille de Farébersviller

(26 novembre au 4 décembre 1944)

 

Extraits des recherches de René Caboz, Historien A.C.

 

…..Dans notre longue et tragique Histoire lorraine, les noms de Forbach, Cocheren, Cadenbronn, Farébersviller, Saint-Avold apparaissent souvent au fil des pages ensanglantées.

Qui maîtrise la ligne des côtes de l’avancée de Forbach entre Farébersviller et Sarreguemines, non seulement domine la vallée de la Sarre mais tient Sarrebruck et Sarreguemines sous ses feux. C’est dire l’importance stratégique de ce secteur frontalier et les luttes renouvelées au fil des siècles dont il fut l’enjeu.

En novembre 1944. Farébersviller qui, de par son nœud de communications routières et ferroviaires, à l’est de Saint-Avold, est le verrou des voies menant au Nord comme au Sud, à l’Ouest comme à l’est, allait faire l’enjeu d’un sanglant combat pour sa libération. Eternel recommencement de la trouée de Forbach qui, comme celles de Thionville, Sarreguemines, Sarrelouis, sont des portes de France.

Un demi-siècle est tombé, effaçant et cachant les plaies de la Terre lorraine et de ses habitants un jour sacrifiés. Et pourtant, survivants comme jeunes générations mosellanes cherchent encore à comprendre les combats qui se sont déroulés à cette époque. Combats sanglants qui firent de notre département frontière, le plus sinistré du pays. Rappeler les raisons de la bataille de Farébersviller est le but de ces quelques pages.

 

A. Préliminaires

 

Le 17 novembre 1944 au soir, le général des Panzertruppen, Otto von Knobelsdorff, commandant la 1ère Armée allemande du Groupe d’armées G du général des Panzertruppen, Hermann Balck, dont la mission est de tenir la zone avancée du Westwall (mur de l’Ouest), reçoit de l’Ober Kommando des Heeres (O.K.H.) l’ordre de retraite vers la Sarre-Palatinat, abandonnant enfin le département annexé de la Moselle.

Attaquant le 8 novembre au matin, la IIIème U.S. Army du général Patton, déployée sur la frontière de l’Annexion (de Contz-lès-Bains à Château-Salins-Dieuze-Morhange) vient en huit jours de percer au Nord comme au Sud de Metz en de nombreux points la ligne de défense ennemie. La citadelle de Metz encerclée est prête à être prise par les armes la première fois de son histoire. Le XIIIème S.S. Armee Korps du général des Waffen S.S. May Simon qui, tenant la ligne fortifiée Sud de Metz-Nomeny-Château-Salins-Dieuze-Morhange, a perdu la bataille de la frontière de l’Annexion et risque l’encerclement. La porte de Sarrebruck et du Rhin est ouverte. 

 

B. Les positions des armées au 18 novembre 1944

Le 18 novembre au matin, sans attendre la reddition de la forteresse de Metz isolée et encerclée, les derniers combats de sa libération s’engagent.

1. du côté de la IIIème U.S. Army

Le général Patton lance ses deux corps d’armées à l’assaut du mur de l’Ouest, passant ainsi à la seconde phase de son plan pour atteindre le Rhin en libérant entièrement le Nord-Est de notre département. Il va profiter de la retraite allemande pour le poursuivre l’épée dans le rein et lui interdire de tenir la frontière Nord-Est et le Westwall.

La course de vitesse s’engage alors que l’hiver est là. Le Plan Patton entre dans l’histoire militaire comme un modèle de stratégie et de tactique de la guerre d’une armée entièrement blindée et mécanisée, soutenue par un corps d’armée aérien et d’appui blindé au sol. Il s’articule en deux pinces géantes encerclant le Westwall (Ligne Siegfried Sud) et tenant la frontière Sud sarroise de Trêves à Bitche.

Au Nord-Ouest, le XXème Corps du général Walton Walter, ayant attaqué dans la première phase d’Ouest en Est (entre Pagny-sur-Moselle et Contz-lès-Bains), après avoir libéré tout le secteur compris entre les rivières Moselle et Nied allemande au Nord de Metz et encerclé Metz, se retourne et attaque dès le 18 novembre les boucles de la Sarre devant Sarrelouis. Sa mission est de tourner le Westwall et prendre Sarrebruck à revers avant de poursuivre vers le Rhin.

Au Sud de Metz, la 80ème DI U.S. du général Horace Mac Bride, soutenue par le Combat Command Réserve de la 6ème D.B (division blindée) du général Robert W. Grow qui, dans les première phase a percé les lignes ennemies de la Seille et de la Nied française au Sud de Metz et qui fait depuis le début de l’attaque la liaison Ouest avec le XIIème Corps d’armées du général Manton S. Eddy, ayant attaqué la ligne Sud-Ouest de Metz , avec le XXème corps voisin, se place en position défensive devant la Falkenberger Stellung (ancien secteur fortifié de Faulquemont sur la Ligne Maginot s’appuyant sur la Nied allemande et les côtes fortifiées de Tritteling-Téting-Saint-Avold Ouest).

La mission de la 80ème DI U.S. au 18 novembre 1944 est de faire charnière entre les deux corps d’armées de la IIIème U.S. Army, en attendant que le  XIIème Corps attaquant vers le Nord-Est soit arrivé à la hauteur de Saint-Avold, sur la ligne Puttelange-Sarre-Union.

La 35ème division d’infanterie du général Paul W. Baade, soutenue par la 6ème D.B.U.S. attaquera sur l’axe Morhange-Puttelange-Sarreguemines, au centre du XIIème Corps, alors que la 26ème division du général Willard Paul, soutenue par la 4ème D.B. U.S. du général John S. Wood, débordera par l’Est en attaquant sur Sarre-Union- Bitche.

 

 

 

2. du côté du XIIIème S.S. Armee Korps

Dans le plan prévu par le général Knobelsdorff, le XIIIème S.S. Armee Korps du général S.S. Simon doit retraiter sur l’axe principal Metz-Boulay-Saint-Avold et venir se placer devant Sarreguemines pour tenir la Trouée de la Sarre entre Sarrebruck et Bitche.

La 36ème Volskgrenadier Division du général August Wellm est sacrifiée pour permettre la retraite du XIIIème S.S. Armee Korps. Elle doit tenir la Falkenberger Stellung devant Saint-Avold, en liaison au Nord avec la 347ème Volksgrenadier Division tenant le secteur de Boulay, cette division arrivant à la dernière minute du secteur de l’Eifel. La 17ème S.S. Panzer Grenadier Division, la célèbre Götz von Berlichingen, couvre la retraite allemande sur l’axe Metz-Saint-Avold, alors que la 11ème Panzer Division le fait sur l’axe Morhange-Puttelange-Sarreguemines.

 

3. la situation au 20 novembre 1944

 

Au 20 novembre, devant la pression continue du XIIème Corps du général Eddy, la retraite du XIIIème S.S. Armee Korps s’accélère de plus en plus et les pointes blindées des 4ème et 6ème D.B. U.S soutenant les deux divisions d’infanterie, malgré un temps défavorable, les champs de mines et une résistance opiniâtre de l’ennemi s’accrochant aux moindres défenses de ce secteur arrière de la Ligne Maginot dite de la Sarre (couvrant la ligne Saint-Avold-Puttelange-Sarralbe-Sarre-Union), sont prêtes à la déborder par le Sud-Est et l’Ouest, alors qu’au Nord-Ouest, tout le XXème Corps du général Walter attaque avec succès le Westwall dans le secteur de Bouzonville-Merten et déjà s’approche de la frontière sarroise à l’Ouest de Forbach.

Le 19 novembre, le général Patton inspecte le secteur central tenu par la 80ème DI U.S. devant la Falkenberger Stellung où, arrêtée depuis le 17 novembre, cette division fait charnière de sécurité. Le général Mac Bride, commandant ce secteur, fait remarquer que cette mesure n’a plus sa raison d’être et demande l’autorisation d’attaquer et de préparer la prise du secteur central de Saint-Avold.

Tous les renseignements obtenus par les patrouilles lancées vers l’avant confirment que la 36ème Volksgrenadier Division du général Wellm qu’il a devant lui, est démoralisée par les combats de la semaine précédente où elle a été fortement étrillée et qui a subi de lourdes pertes. Mieux, les populations de Faulquemont et de la vallée de la Nied allemande de ce secteur sont prêtes à aider leurs libérateurs en tenant les ponts.

Le général Eddy commandant le XIIème Corps monte immédiatement une attaque coordonnée. La 80ème DI U.S. soutenue à sa gauche par le 42ème Squadron de reconnaissance de cavalerie et la réserve de la 6ème D.D. U.S. attaquera la ligne de  Faulquemont le 20 novembre au matin.

 

20 novembre 1944

Une Task Force importante du 317ème C.T. (Combat Team) commandé par le colonel W.M. Lewis, soutenue par une compagnie du 702ème Tank Batalion et une compagnie du 610ème Tank Destroyer Batalion, attaque par surprise la ligne Faulquemont-Pontpierre, au Nord-Est de Faulquemont, perce la ligne ennemie tenue par le 165ème Régiment de Volksgrenadier de la 36ème Division, prend le pont intact à l’entrée de Faulquemont et libère cette cité minière sans difficulté, faisant 600 prisonniers dans la journée.

Par ce succès, la 80ème DI U.S. est maîtresse de la rive droite de la Nied allemande tenue jusqu’à ce jour par la 36ème V.G.D. qui précipitamment se voit contrainte de s’échapper vers le Nord-Ouest de Saint-Avold.

 

21 au 24 novembre 1944

Pendant cette période, les patrouilles nombreuses du 42ème Squadron de Cavalerie, comme de l’infanterie de la 80ème DI U.S., contrôlent et harcèlent la 36ème V.G.D. qui s’installe dans la Ligne Maginot entre les villages de Haute-Vigneulles et Bambiderstroff au Sud-Ouest de Saint-Avold et sur les coteaux de Tritteling-Téting à son Sud-Est.

La 80ème U.S. doit enlever ce secteur fortement fortifié à la 36ème V.G.D, avant de pouvoir encercler et prendre Saint-Avold. Par cette opération, non seulement elle s’alignera sur la 35ème DI U.S. à sa droite, mais rétablira le contact avec la 5ème DI U.S. du  XXème Corps à sa gauche au Nord-Ouest de Saint-Avold.

Au 24 novembre au soir, le général Mac Bride a disposé sa division d’Ouest en Est de la manière suivante :

- 42ème Squadron du 2ème groupe de squadrons de cavalerie, soutenu par le Combat command R de la 6ème D.B.,

- 318ème Combat Team ( C.T. = régiment ) du colonel Lansing Mac Vickar,

- 319ème  Combat Team du colonel W.N. Taylor,

- 317ème Combat Team du colonel W.M. Lewis.

Ces trois régiments d’infanterie et leurs unités de soutien propres seront soutenus par les 702ème Tank Batalion Medium et les 610ème et 808ème Tank Destroyer Batalions.

En fait, c’est toute la 80ème DI U.S. en ligne qui va attaquer à la même heure : le 318ème CT encerclant et pénétrant Saint-Avold par son Sud-Ouest, le 319ème CT au centre faisant masque et le 317ème CT par son Sud-Est. C’est une opération classique d’encerclement d’une ville pour forcer l’ennemi à la retraite, éviter les combats de rues coûteux et parer aux destructions importantes.

 

25 novembre 1944, 13 heures

 

Après un violent tir de concentration d’artillerie de quelques minutes effectué par neuf bataillons sur les positions fortifiées tenues par la 36ème V.G.D, les trois régiments d’infanterie de la 80ème DI U.S., soutenus par leurs bataillons blindés, avancent sur leurs objectifs désignés, en progressant lentement à pied, enlevant chaque point d’appui, blockhaus ou tranchées ennemis, faisant de nombreux prisonniers et repoussant méthodiquement la 36ème V.G.D. vers le Nord-Est.

Au soir du 25 novembre, débordant par son Sud-Ouest, la ligne fortifiée Haute-Vigneules-Bambiderstroff, principale défense où tente de se réfugier la 36ème VGD, le 42ème Squadron de Cavalerie et la réserve de la 6ème D.B. U.S. font la liaison avec les éléments avancés de la 5ème DI U.S.  du XXème Corps voisin à Momerstroff, Narbéfontaine, Hallering, coupant la route Metz-Boulay-Saint-Avold à la retraite allemande.

 

26 novembre 1944

 

Méthodiquement, l’encerclement du secteur fortifié tenant le Sud-Ouest et l’Est de Saint-Avold continue. Dans son action rapide, le 42ème Squadron de Cavalerie a laissé sur place de nombreux petits détachements ennemis qui tentent de rejoindre la ligne Haute-Vigneulles-Bambiderstroff, et le 318ème CT formant l’aile Nord de la 80ème DI U.S. brise dans la journée cinq violentes contre-attaques du 165ème V.G Régiment qui tient l’important ouvrage du Bambesch, ce qui le freine dans sa progression. Il y a de nombreux champs de mines à traverser et il doit réduire l’artillerie ennemie à Bambiderstroff.

Le soir du 26 novembre, le 319ème CT attaquant au centre, est à 1,5 km de Saint-Avold où il est arrêté. Quant au 317ème CT, profitant de l’attaque de la 35ème DI U.S. et la 6ème D.B. sur Puttelange à sa droite, il a facilement enlevé les côtes de Tritteling et de Téting à l’Est de Saint-Avold et arrive déjà au Sud de Hombourg-Haut.

Nuit du 26 au 27 novembre 1944

 

Sans bruit, dans la nuit, le bataillon de reconnaissance (AufklärungsAbteilung = AA) et le 38ème PG de la 17ème S.S. PGD qui, jusque là tenaient Saint-Avold et protégeaient la retraite du XIIIème S.S. Armee Korps, abandonnent la ville après l’avoir minée et surtout piégée avec des bombes aériennes à retardement.

27 novembre 1944

Averti de cette situation, le 319ème CT du colonel Taylor pénètre dans Saint-Avold par son Sud, alors que le 318ème CT du colonel Vickar atteint à son Ouest Longeville-lès-Saint-Avold et Trois-Maisons, libérant ainsi Saint-Avold sans combat.

En fin de matinée, le général Mac Bride donne l’ordre au colonel Lewis qui, avec son 317ème CT a débordé Saint-Avold, de poursuivre vers le Nord et de rechercher le contact avec l’ennemi s’étant échappé de Saint-Avold à la dernière minute. Pour le général Eddy commandant le XIIème Corps comme pour Mac Bride, la raison de l’ordre que vient de recevoir le 317ème CT est compréhensible.

Alors que la 6ème D.B. U.S. couplée à la 35ème DI U.S. attaque la ligne fortifiée Puttelange-Sarralbe, difficile à franchir, la 80ème DI U.S. doit au plus vite prendre le débouché Est de la route Saint-Avold-Sarreguemines pour se lier à la 35ème DI U.S., c’est-à-dire fermer cette route à la retraite allemande se dirigeant vers Sarreguemines. En recevant cet ordre, pour le colonel Lewis, l’ennemi ne peut être loin.

Il reprend le contact avec la queue de la retraite du XIIIème S.S. Armee Korps à Seingbouse qu’il enlève après un bref engagement et décide d’abandonner ses véhicules et poursuivre à pied, déployant son Combat Team en ligne de bataillons.

Le 3ème bataillon avance sur la route de Farébersviller, le 2ème bataillon au Nord sur Béning, le 1er à son Sud vers Henriville. C’est une opération classique d’un régiment d’infanterie cherchant à reconnaître les positions tenues par un ennemi signalé tout près.

28 novembre 1944, à 9 heures 

Déployé en ligne de compagnie, le 3ème bataillon est surpris par les feux ennemis en arrivant à la lisière Ouest de Farébersviller. Il vient de buter sur une forte compagnie de 200 hommes du 38ème Régiment de Panzergrenadier de la 17ème S.S. Panzer Division, dernière unité du XIIIème S.S. Armee Korps venant d’abandonner Saint-Avold et couvrant la retraite sur l’axe Farébersviller-Sarreguemines.

Le combat s’engage, et maison après maison, l’ennemi sera repoussé vers l’Est. Le soir, le 3ème bataillon du 317ème CT est maître du village. Le colonel Lewis décide de poursuivre sa marche vers l’Est, espérant enfin prendre le contact avec le 320ème CT de la 35ème DI U.S. voisine qui est signalé attaquant sur l’axe Rèmering-Puttelange-Loupershouse.

Ne laissant sur place qu’une section de sécurité, le 3ème bataillon sort de Farébersviller et prend la route vers l’Est, en espérant enfin prendre le contact avec le CT 320 de la 35ème division US voisine qui est signalée attaquant sur l’axe Rèmering-Puttelange-Loupershouse. (Nous saurons, en compulsant plus profondément les rapports US que le 317 a déployé ses deux pinces, l’une vers le Winterberg et l’autre vers la ferme Bruskir et le Buchwald, Ndr).

Le 317èmeCT vient de tomber dans un piège. La configuration fait que la gare de Farébersviller est complètement isolée, plantée à flanc de coteau. Les S.S. tiennent le Winterberg (316 m). Ce point dominant tient sous ses feux non seulement le village tout entier, mais les sorties Nord comme Ouest et Est avec vues lointaines.

Le bataillon de reconnaissance (AA) de la 17ème S.S. et le 38ème Régiment, après avoir abandonné Saint-Avold, tiennent cette position stratégique pour couvrir la retraite vers la Sarre. Surveillant sa proie, le 38ème S.S. a laissé sortir le 3ème Btl du 317ème CT (3/317)  de Farébersviller et le contre-attaque violemment avec ses panzers et  canons anti-chars du bataillon de reconnaissance, soutenu par un fort bataillon du 38ème RPG S.S., désorganisant en quelques minutes le pauvre 3ème bataillon qui n’a que la seule ressource de se réfugier dans la localité.

28 novembre 1944. 14 heures

Au début de l’après-midi, pour soutenir son 3ème bataillon, le colonel Lewis engage les compagnies A et C, soutenues par des tanks du 702ème bataillon de blindés avec mission d’enlever la gare de Farébersviller. L’approche de ce secteur côtier se fait par le Nord et il est très difficile d’accès.

28 novembre 1944. 16 heures

Une compagnie du 38ème S.S. RPG soutenue par 7 panzers attaque encore une fois le 1er bataillon U.S. qui recule sous le choc. A son tour, la compagnie B est engagée pour tenter d’enlever la gare, mais ses patrouilles sont vite prises sous les feux des panzers.

28 novembre 1944. 20 heures

A son tour, le 3ème bataillon du 317ème CT est attaqué par les panzers et un fort bataillon ennemi pénètre dans Farébersviller par son Est. Les combats de rue, maison après maison, vont durer toute la nuit avec une férocité inimaginable. Pendant la retraite, après les combats sous Metz, la 17ème S.S. PGD a été re-complétée par des bataillons dits de remplacement provenant des pays de l’Est, Cosaques, Mongols, Ukrainiens, d’une férocité inouïe, ne faisant pas de prisonniers. (Cette version est contestée par les historiens allemands de la 17ème, Ndr).

29 novembre 1944

Au matin du 29 novembre, les compagnies A, B et C du 3ème bataillon, après une résistance désespérée, n’ont plus que des effectifs allant de 60 à 32 hommes. Elles ont peu à peu été refoulées et sont sans munitions, de nombreux blessés sans soins et ne pouvant être évacués. (Les deux parties, allemande et américaine, auront chacune leur version des faits, Ndr).

Toute la journée du 29 novembre, les bataillons de Tanks Medium et Destroyers tirent sur les objectifs désignés par l’infanterie, tentant ainsi de la soutenir au mieux, mais armés de canons 57 et 75 mm, ne peuvent y pénétrer face aux panzers ennemis, eux, ayant des 90 et 150 mm (version contestée par les auteurs allemands, Ndr).

Le soir du 29 novembre, Farébersviller est aux mains de l’ennemi. Les survivants du 3ème bataillon ont retraité et se sont installés en défensive 1 000 m à l’ouest du village.

Nuit du 29 au 30 novembre 1944

Le général Mac Bride donne l’ordre au 318ème CT du colonel Vickar de relever le 317ème CT qui passe réserve de la division. Le front est stable. Des escarmouches ont lieu sur le Winterberg.

Combats du 1er au 3 décembre 1944

La relève va s’effectuer lentement, vu les conditions où se trouve le 317ème CT et, sous la protection des bataillons de blindés tenant Farébersviller sous leurs feux, le 318ème CT se contente de contrôler le périmètre du village par de simples patrouilles sans vraiment tenter d’y pénétrer (et de se maintenir faiblement à l’Ouest Ndr, cf, récit de Francis Rajnicek). Simples patrouilles et tirs d’artillerie et de mortiers US.

Au centre du dispositif d’assaut de la IIIème U.S. Army sur le Mur de l’Ouest, au 30 novembre au soir, le XIIème corps d’armées du général Eddy tient un front de 35 miles s’étendant de Béning-lès-Saint-Avold où il fait la liaison avec la 5ème DI U.S. du XXème corps tenant la Moselle à Mackviller à l’Est en contact avec le XVème corps attaquant à son Est. Il vient d’atteindre le secteur défensif de la Ligne Maginot dit de la Sarre s’étendant à l’Est de Saint-Avold, de Cappel-Hoste à Sarralbe, en passant par Puttelange-Bermering-Holving.

La dernière ligne de résistance avant la frontière est tenue par la 17ème S.S. PGD et la 11ème Panzer Division, s’appuyant sur la route des côtes de Farébersviller à Welferding.

Le 1er décembre 1944, le général Patton donne de nouvelles directives au commandant du XIIème corps : « en vue de soutenir l’attaque des 4ème D.B. U.S. et 26ème DI U.S. sur l’Est de Sarreguemines-Bitche, le XIIème corps d’Eddy attaquera le 4 décembre au matin le secteur central dit du Maderbach Creek (rivière de la Mutterbach devant Puttelange, Ndr) avec sa 35ème DI U.S. sur Puttelange-Sarreguemines Ouest.

La 80ème DI U.S., soutenue par le CCB de la 6ème D.B. U.S. devra enlever Farébersviller-Farschviller, puis étendra ses lignes au Nord-Est de Farébersviller vers Théding-Tenteling et Cadenbronn dominant la vallée de la Sarre et Sarrebruck.

En fait, c’est tout simplement la libération du secteur Est de l’avancée dite de Forbach, (région de la rivière Sarre faisant frontière en faisant une vaste boucle entre Sarreguemines et Sarrebruck).

Dans la nuit du 2 au 3 décembre, le 134ème CT de la 35ème DI U.S. alors à Rèmering relève le CC B de la 6ème DI U.S. qui jusque là tenait l’axe central de la 35ème DI U.S. (c’est-à-dire la route de Hellimer-Puttelange) et déjà patrouillait dans la forêt domaniale de Puttelange. Le CC B alors à l’Ouest de Valette va attaquer sur l’axe Cappel-Farschviller-Diebling pour soutenir l’action du 318ème CT sur Farébersviller. Alors que le CC A de la 6ème D.B. U.S., partant de Valette, soutiendra le 134ème CT qui partant de Hoste-Bas attaquera Puttelange par son Nord-Est.

Nuit du 3 au 4 décembre 1944 et 4 décembre 1944.

Dans la nuit du 3 au 4, la 35ème DI U.S. enlève les positions du Maderbach.

Après une sévère préparation d’artillerie sur tout le front du soutenu par un bombardement aérien du XIX ème TAC sur les positions fortifiées,  le 4 décembre au matin, le 318ème CT, précédé du 42ème Squadron de cavalerie enlève Farébersviller qui,  pour la 3ème fois en quelques jours est libéré, et poursuit dans l’après-midi sur Théding, Ebring, Tenteling alors que le CC B enlève la route de Farschviller et prend Cadenbronn.

A 7h 30, le 04 décembre 1944, le 318ème d’infanterie précédé du 42ème Squadron de cavalerie de reconnaissance, attaqua au nord-est la colline à proximité de Farébersviller comme c’était son objectif. L’attaque avait été précédée des préparations d’artillerie de deux corps de divisions, des concentrations de mortiers du 319ème bataillon d’infanterie de réserve, du tir direct de la compagnie B du 808ème bataillon anti-chars et du feu de quinze mitrailleuses lourdes du 319ème d’infanterie. Un feu nourri arrosa tous les objectifs pendant que l’infanterie s’approchait des objectifs les plus proches.

Les 1er et 2ème bataillon étaient engagés dans cette attaque, le 1er sur la gauche et le 2ème sur la droite. En attaquant au travers de Farébersviller, le 1er bataillon rencontra une résistance moyenne et vers 9h, les groupes de tête avaient atteint la colline à l’ouest de Théding. Vers 11h, le bataillon occupait les collines ouest, est, et sud est de Cocheren. Là, seule une résistance ennemie minime avait été rencontrée. La compagnie B se mit en mouvement pour prendre la colline nord-est de Cocheren à 11h 55. Vers 13h 20, le 1er bataillon l’occupait en totalité. Les objectifs étaient atteints. Le 2ème bataillon, qui attaquait à la droite du 1er, se dirigea vers Théding et atteignit un point situé à 500 yards au sud ouest du village vers 8h 40. Vers 9h 30, les troupes de tête du bataillon se battaient aux abords de Théding, en ne rencontrant qu’une résistance moyenne. Un tir violent d’arme automatique en provenance du village retarda temporairement l’avance; mais vers 11h, des troupes avancées du 2ème bataillon, ne rencontrant qu’une faible résistance, entraient  dans les forêts du Mont de Théding. La colline 373 fut prise à 11h 45 et le bataillon s’arrêta là pour la journée. Le 1er et le 2ème bataillon consolidèrent et organisèrent la défense de la colline prise lors de l’attaque. Des barrages routiers contre d’éventuelles arrivées de chars furent construits. Des tirs de soutiens de chars et d’armes anti-chars participaient à la conquête des objectifs de l’infanterie. La compagnie B du 702ème bataillon de tanks soutenait le 1er bataillon. La compagnie A du 702ème bataillon de tanks et la compagnie C du 610ème bataillon antichar soutenait le 2ème bataillon.

Le 3ème bataillon du 318ème d’infanterie, le régiment de réserve, se déplaça de Hellering vers Farébersviller durant la matinée du 04 décembre 1944 opérant sa jonction vers 11h 40. Pendant la matinée, le 3ème bataillon se déplaça vers le nord-est Théding en tant que régiment de réserve et opéra sa jonction à 18h 15.

5 décembre 1944

 

Le soir du 5 décembre 1944, le XIIème corps tient fermement la ligne des crêtes allant de Farébersviller à Sarreguemines. La bataille de Farébersviller vient de se terminer. Celle de Sarreguemines commence. Elle sera brutalement stoppée en pleine réussite par la contre-attaque du 15 décembre dans les Ardennes.

La 80ème DI U.S. est envoyée illico en renfort pour briser l’offensive de von Rundstedt dans la contre-attaque des Ardennes (les Blue Ridge Boys de la 80ème DI U.S. la qualifieront de Battle of Bulge).

Farébersviller hébergera ensuite jusqu’à la mi-mars 1945 les hommes de la 70ème DI U.S. (les Trailblazers), plus précisément le 274ème Régiment d’Infanterie U.S., chargée de délivrer Forbach. L’offensive sur Sarrebruck par les Trailblazers de la VIIème U.S. Army a été publiée en 1985. Apprenons que le 275ème RI U.S. libèrera les 17-18-19 février 1945 les villages de Lixing-Grosbliederstroff, Etzling, Alsting et Spicheren. Des victimes civiles originaires de Farébersviller connaîtront un sort funeste à Spicheren lors des bombardements sur Forbach-Sarrebruck. Ndr

La 17ème SS va livrer d’âpres combats contre la 44ème DI US en démarrant l’attaque Nordlicht la nuit du Nouvel An dans le secteur de front Sarreguemines-Rimling, ce qui va créer une panique sans nom dans les rangs américains. Heureusement la 2ème DB de Leclerc veillait !

 

George Ulysse Simpson Patton

 

La ville de Paris délivrée, le schéma Overlord prévoyait deux axes de pénétration vers la Ruhr, cette matrice industrielle dont se nourrissait le IIIème Reich en guerre et qu’il fallait à tout prix conquérir.

Le SHAPE (Special Headquartier Allied Expectionnary Force) qui avait réglé la belle horlogerie du D-Day jusque dans ses moindres détails, se diluait maintenant dans les méandres de l’état-major partagé cette fois entre deux optiques. Les contradictions des Alliés éclatent alors au grand jour :

a) Montgomery l’Anglais fait apparaître que la Ruhr est l’objectif militaire primordial, le cœur de la production industrielle allemande. S’en rendre maître, c’est paralyser la machine de guerre ennemie. Une fois le Rhin franchi, la route de l’invasion pour atteindre Berlin avant l’Armée Rouge passe par le Nord de l’Allemagne, la plaine plate ne présentant aucun obstacle majeur. C’est la ligne directe ! Pour ce faire, il suffit de lancer des troupes aéroportées sur Arnhem et s’ouvrir ainsi une tête-de-pont sur la rive droite du Rhin.

b) L’alternative Bradley au contraire, sous l’impulsion de Patton, préconise une action vers la Sarre (faiblement défendue ?), puis de pousser vers le Rhin d’un quart de tour pour remonter sur Francfort vers le Ruhrgebiet.

La vision des Britanniques est réaliste : le port d’Anvers pourrait alimenter la logistique de guerre alliée, détruire les lances de rampement des V. 1 établies le long du Channel, s’abattre sur la Ruhr et foncer sur la Chancellerie.

Patton le cow-boy est le héros du moment, le chouchou de la presse, un Saint-Michel avec ses pistolets de nacre qui monte dans l’opinion américaine. « Metz a toujours été l’une des routes d’invasion séculaires ». Patton arrive à Reims pour défendre son point de vue.

Ike Eisenhower est partagé. Il adopte un compromis et donne un feu vert décalé aux deux axes de pénétration, l’un par la Belgique, l’autre par les Vosges.

Patton est un fonceur. Il a déjà réussi à culbuter les Allemands entre la Normandie et la Seine : ils ont subi des revers catastrophiques (un demi million de prisonniers). Cette terrible saignée provoque une panique sans nom.

Le 12 septembre, les forces alliées d’Overlord et celles d’Anvil-Dragoon (nom de code du débarquement de Provence) font leur jonction à Montbard près de Dijon. Les débris des armées allemandes de l’Ouest retraitent vers le Westwall où il leur faudra dorénavant maintenir toute position acquise, dixit Hitler. Mais par l’absence de ravitaillement et le temps horrible, les Alliés vont manquer une occasion en or d’infliger une défaite cuisante et mettre k.o. l’adversaire. L’essence manquante force Patton à s’arrêter devant les terrains vallonnés de Meuse, puis de la Moselle ; ces temps d’arrêt privilégient les défenseurs qui ont le temps de s’organiser sur les hauteurs. Du 29 septembre au 4 octobre, Patton doit compter sur une contre-attaque allemande vers Nancy, mais il réussit à maîtriser la situation avant de pousser en direction de la Sarre et de la Ligne Siegfried.

Début septembre, du côté allemand, Hitler remodèle le commandement West. Von Knobelsdorf sera le commandant militaire de la Metzer Festung. La 1ère Armée allemande devra se cramponner dans le Westwall, l’ultime rempart érigé par les Mosellans mobilisés par le Gauleiter Bürckel pour consolider les frontières. La 17ème SS Pz retrouve du sang neuf. Les 5ème et 6ème divisions de Panzer sont rappelées d’Italie et transitent par Farébersviller (cf. témoignage Erwin Opfermann).

La reprise en main nazie dans le Gau Westmark, les mauvaises conditions climatiques qui clouent au sol les avions US, le principal effort de guerre vers la Belgique et Anvers (ceci pour plaire aux Britanniques) vont freiner l’Armée de Patton.

« Mes hommes peuvent bouffer leur ceinture, mais mes chars ont besoin d’essence ». Car, face à l’offensive sur la rivière Sarre, les chargements en munitions s’accroissent, et les routes s’allongeant, les besoins en sprit augmentent. De plus, l’hiver va nécessiter l’acheminement d’équipements (vêtements chauds, couvertures, stocks de médicaments, denrées alimentaires,…).

Surmontant sa déception lorsque Ike lance Montgomery, Patton explose dans une conférence de presse : « Devant la 3ème Army, il y a 5 000 peut-être 10 000 salopards nazis dans leurs terriers de béton. Si Ike cesse de chouchouter Monty et me donne des fournitures, je travers la Ligne Siegfried comme la merde qui traverse le cul d’une oie ! ». Propos de hâbleur ! Nous verrons que les jeunes SS tiendront la dragée haute aux Amiss. La résistance allemande se renforce ; le doigt de gant que Patton lance vers Sarreguemines risque d’être écrasé ou coincé par une attaque allemande de part et d’autre du rush US (the Bulge offensive). Sur ordre du Führer, l’ennemi devra être contenu chaque fois par une bataille retardatrice. Farébersviller en est le cas typique.

Le 16 décembre, les Allemands déclenchent dans les Ardennes l’opération Brouillard d’automne. En quelques heures, le front américain disloqué recule de plus de 200 km. Le bouillant général réussit à faire pivoter sa IIIème Armée et à la lancer au secours de la 101ème Airborne de Mac Auliffe qui défend Bastogne. Privées de carburant et desservies par le beau temps, les troupes de von Rundstedt doivent arrêter leur offensive.

Patton arrive à la rescousse en contrecarrant la percée……

 

Historique de la 80ème Division

Largement composée d’hommes venus de la chaîne des montagnes bleues (Blue Ridge) s’étalant de la Pennsylvanie aux  deux Virginie, la 80ème D.I. US se battit côte à côte avec les Anglais (Tommies) lors de l’offensive britannique sur la Somme, puis elle fit partie de la 1ère armée américaine (25 août 1918) qui participa comme armée de réserve à la réduction de la poche de Saint-Mihiel. Le 26 septembre, elle participa à la bataille de la Meuse-Argonne.

Les aînés des Blue Ridge doughs avaient reçu les éloges du Maréchal Foch comme ayant été la meilleure division d’infanterie américaine de la 1ère guerre mondiale (chaque soldat de ladite division avait capturé l’équivalent de deux ennemis et récupéré une mitrailleuse).

La 80ème division fut réactivée à Camp-Forrest au Tennessee le 15 juillet 1942 sous le commandement du major-général  Joseph D. Patch, le major-général Horace Mac Bride commandant l’artillerie divisionnaire.

HORACE L. Mc Bride

Commanding General

80th Infantery Division

Après des formations appropriées (Ranger school, manœuvres sur l’area de Murfreesboro), elle partit au Camp Philipps (Kansas) pour parfaire durant trois mois son instruction (exercices de tir, marches, combats fictifs contre d’autres unités). L’artillerie testa ses compétences à Iron Mountain en Californie.

La division arriva pour un court séjour à Fort Dix (New jersey) le 5 avril 1944 puis fut déplacée au Camp Kilmer N.J. fin juin. Le mois suivant, une partie de l’effectif vogua vers l’Angleterre, le restant suivit au mois de juillet où  elle établit ses quartiers près de Northwich, dans le Cheshire.

A J+58, le 3 août 1944, moins d’un mois après son arrivée en Grande-Bretagne, la 80ème foula pour la deuxième fois de son histoire le sol de France. Débarquant à Utah Beach, elle joua un rôle remarquable dans la percée d’Avranches.

Dans la nuit du 7 août, toutes ses unités furent rassemblées; la division était prête pour frapper l’ennemi. Les régiments 317 et 318 prirent Argentan le 20 août, le 319ème régiment ayant été détaché sur Le Mans. La 80ème passant au sud de Paris avec la IVème blindée, ravit 80 000 gallons (1 US gallon = 3,785 litres) d’essence à Châlons-sur-Marne ; ses véhicules approvisionnés purent foncer vers l’Est. A nouveau au complet avec ses 3 régiments, elle atteignit Commercy le 1er septembre et y saisit un important stock d’essence qui permit de transporter la division jusqu’à la rivière Moselle. Puis l’Histoire se répétait, la voilà à nouveau à Saint-Mihiel comme 26 ans auparavant !

Le 3ème bataillon du 319 atteignit Toul le 4 septembre à 11h 30 où les parachutistes d’élite ennemis avaient préparé de solides défenses. Grâce à l’appui rapide du 305th Engineers (génie) et du 905th FA bn (Field artillery batalion), munitions, armes, véhicules purent traverser le pont flottant pour assurer la tête-de-pont et ensuite foncer sur Nancy et Dieulouard (12 septembre) sous un harassant feu ennemi. Dominant les hauteurs de Pont-à-Mousson, les Allemands supervisaient la vallée entière et envoyaient un feu meurtrier sur tout mouvement le long de la Moselle. Appuyant l’infanterie du 318 montant à l’assaut des côtes de Mousson, le 313th FA tenta de briser la fanatique résistance ennemie.

Le 13 septembre, the Germans contre-attaquèrent pour briser les défenses des 317ème et 318ème régiments et s’approcher des ponts de Dieulouard. « Mais nos gars stoppèrent l’avance nazie et les positions perdues furent reconquises ».

C’est le 3 bn du 318 qui atteignit Mousson Hill, clé d’ouverture pour forcer la porte de la Moselle. Le 15 septembre, les Allemands lancèrent une sévère attaque pour déloger l’unité de la colline stratégique. Grâce au soutien des avions et avec l’aide de la division d’artillerie, l’approvisionnement en munitions, nourriture, plasma parvint aux assiégés. Pendant ce temps, le 319ème RI US et la Task Force Sebree  traversent la forêt de Haye et foncent au nord de Nancy pour renforcer la tête-de-pont ; les deux autres régiments U.S. arrivèrent à percer les lignes de défense ennemies (Sainte-Geneviève Hill, Landremont Ridge). L’assaut les porta jusqu’à Port-sur-Seille.

Le 8 octobre, lors de l’attaque coordonnée sur les Mont-Toulon et Mont-Saint-Jean, un effrayant bombardement et des armes lourdes ennemies encadrèrent l’avance de l’infanterie U.S.. Deux batteries de la 633rd AAA Bn. envoyèrent alors 79 500 obus sur les positions allemandes et les écrasèrent : 1 260 prisonniers y furent faits.

Le major-général Manton S. Eddy qui commandait le XIIème Corps d’armées écrit : « Depuis le 19 août, la 80ème Division d’infanterie a écrasé sans cesse l’ennemi opération après opération. Elle a pris Châlons-sur-Marne et Bar-le-Duc. Elle a délogé le Boche des bastions situés entre Toul et Pont-à-Mousson, elle a établi une tête-de-pont vitale sur la Moselle qui fut élargie et consolidée malgré les vigoureuses contre-attaques ennemies. Tous les membres de la division se sont conduits d’une manière dont ils peuvent être fiers. »

Through the Maginot Line, into the Saar

Du 10 octobre au 7 novembre, la 80ème se tient sur des positions défensives à l’ouest de la Seille et prépare un grand coup vers la Sarre, ce bassin industriel si vital pour les Allemands. Renforts, munitions et essence sont rassemblés pour effectuer cette sacrée chevauchée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un repos bien mérité

Le 7 décembre 1944, la 80ème division d’infanterie US reçoit du XIIème Corps l’ordre de se replier sur une zone de repos aux abords de Saint-Avold. Les unités en position sur la ligne de front seront relevées par la 6ème division blindée.

Le 317ème d’infanterie qui était en réserve de division, fait mouvement vers saint-Avold dans la matinée du 7 décembre. Le 1er bataillon stationné à Macheren se met en route à 8 heures pour atteindre Saint-Avold à 9h 50 ; le 2nd Bn quitte Guenviller à 9 heures pour arriver à 10 h 30. Le 3ème Bn quitte Marienthal à 10 heures pour arriver à 14 h 55.

Le 7 décembre, le 3ème Bn du 318ème d’infanterie, en réserve régimentaire à Théding, fait mouvement à 9 h 30 pour Freyming. A 13 h 30, le commandement de combat B de la 6ème division blindée commence à procéder à la relève du 318ème sur ses positions au nord-est de Cocheren et au nord de Théding. La relève est achevée à 16 h 05 et les 1er et 2ème bataillons font mouvement vers Freyming. A la tombée de la nuit, les deux bataillons ont rallié la zone de rassemblement.

Le 319ème fait mouvement vers Merlebach à midi. Il parvient à destination à 14 h 15. Le 1er Bn arrive de Béning-lès-Saint-Avold, le 3ème de Hombourg-haut.

Le 7 décembre 1944, à 17 h 10, tous les régiments et organismes rattachés sont regroupés dans des zones de rassemblement. La 80ème commence à mettre en œuvre le suivi médical de ses personnels et la maintenance de ses matériels. Sur le flanc gauche de la 80ème division, le 86ème escadron de cavalerie prend la relève du 2nd group de cavalerie à 14 h 15 qui est relevé de son rattachement à la division. Le 1117ème groupe d’ingénieurs est relevé de sa mission de support auprès de la division.

Les 314ème, 905ème et 315ème bataillons d’artillerie de campagne de la division conservent leurs positions pour répondre aux réquisitions de tirs de la 6ème division blindée. Le 313ème bataillon d’artillerie de campagne (Field Artilry) se rend aux abords de Fonteny pour participer à la démonstration de l’obus Pozit par le XIIème Corps. Toutes les batteries participant à cette manifestation sont recensées le 8 décembre 1944 et la démonstration a lieu le 9 décembre.

Le bataillon regagne son bivouac le 10 décembre 1944.

Durant la période du 8 au 16 décembre, un total de 241 missions de tirs a été accompli par l’artillerie de la division.

Le programme de suivi médical et mené pendant cette période de repos met l’accent sur l’entraînement des groupes d’assaut, l’attaque de positions fortifiées, les opérations antichars, la coordination entre l’infanterie et les chars, le combat en forêt et la technique du tir de démolition et du tir de précision.

Sur ordre du XIIème Corps reçu le 16 décembre, la division se prépare à faire mouvement vers le sud-est en direction d’une zone de rassemblement avancée au voisinage de Bining.

La directive de campagne n° 20, publiée le 16 décembre à 1 h, prévoit que les 317ème et 319ème régiments d’infanterie se mettent en route le 17 au matin, tandis que le 318ème fera mouvement le lendemain 18.

Le 317 quitte Saint-Avold à 7 h pour rallier la zone de rassemblement à l’ouest de Sarre-Union à 13 h 30. Le 319ème quitte Merlebach à 10 h 45 pour sa zone de rassemblement à Rohrbach-lès-Bitche où il parvient à 16 h 32. La liaison est établie avec le 25ème escadron de cavalerie qui est aligné en position en avant du 319ème d’infanterie. Le 18 décembre 1944, le 318ème d’infanterie quitte Freyming pour passer le carrefour situé au nord-ouest de Marienthal à 7 h et rallier sa nouvelle zone à 13 h 30. Le 1er Bn est stationné à Etting, le 2ème à Schmittviller et le 3ème à Bettviller.

Toutes les unités de la division seront arrivées à destination en fin d’après-midi. Le secteur tenu par la division se trouve sur le flanc droit de la zone du XIIème Corps, avec sur son flanc gauche, la 87ème division d’infanterie et sur son flanc droit, les troupes du XVème Corps.

Dans l’intervalle, le 2ème Bn du 319ème Régiment d’infanterie, quittant la zone de rassemblement avancée de Rohrbach-lès-Bitche à 9 h 15, a relevé des éléments du 25ème escadron de cavalerie sur la ligne allant des hauteurs au sud de Utweiler jusqu’à Epping-Urbach, puis de là au sud-est vers Urbach.

La relève s’est achevée à 12 h le 18 décembre 1944.

18 décembre : préparation de l’attaque près de Rohrbach-lès-Bitche pour percer vers la Ligne Siegfried au sud de Sarrebruck.

19 décembre : protection de la ville du Luxembourg devant les colonnes allemandes avançant dans les Ardennes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Blue Ridge Boys freed Bastogne (article de presse écrit par NEA Service)

 

Le jour de Noël 1944, les hommes de la 80ème division d’infanterie commencèrent à arriver à la rescousse de la 101ème Airborne Division assiégée, coupée par l’acier germain, dans la furie de l’offensive d’hiver de von Rundstedt. Trois jours plus tard, nos doughboys (bonne pâte) coupèrent à travers les lignes pour arriver chez la 101ème. L’aide vers Bastogne était réalisée et l’espoir de von Rundstedt pour une grandiose percée anéanti.

Les hommes de la 80th pouvaient orgueilleusement exprimer leur devise : toujours vers l’avant !

La 80ème fut mise aussitôt en action quand elle débarqua en France en août 1944. Quatre jours après son arrivée, elle aida à briser une puissante contre-attaque de 5 divisions blindées ennemies. Avec de nouveaux ordres, les hommes des Blue Ridge Mountains (chaînes de montagnes allant de Pennsylvanie à la Virginie Ouest) participèrent aux combats de la poche d’Argentan-Falaise. Chargés de prendre les collines au nord d’Argentan, les montagnards bleus chassèrent les Germains des hauteurs et foncèrent dans leurs positions. La division martela son chemin en balayant les débris de ce que fut jadis la VIIème armée allemande.

La 80ème fila au sud de Paris, tel un fer-de-lance de la IIIème armée de Patton. Elle traversa la Meuse, se dirigea vers la Moselle, le dégagea de l’ennemi; elle démarra alors sa chevauchée sauvage.

En novembre 1944, la 80ème attaqua la Ligne Maginot et, avant d’être relevée par la 6ème division blindée, avait pénétré en Sarre à 5 miles à peine de Sarrebruck.

Le 7 décembre, après 102 jours de combat, la 80ème fut retirée pour un repos. Mais alors vint Bastogne. Après cela, la 80ème alla toujours de l’avant.

 

World War II

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On July 15, 1942, just 20 days short of its 25th birthday, the 80th Division was again ordered to active service.  Soldiers reported to Camp Forest, Tennessee, and later trained at Camp Phillips, Kansas, and the California-Arizona maneuver area.  On July 4, 1944, the 80th boarded the Queen Mary and a few days later landed at Greenock, Firth of Clyde, Scotland.  It proceeded south to Northwich, England, for more training.  The Division crossed the English Channel to France and began landing on Utah Beach shortly after noon on August 2, 1944.  The 80th got its baptism of fire on August 8 when it took over the Le Mans bridgehead in the XX Corps area. During the next nine months the 80th served in General George S. Patton's Third Army, fighting its way across Northern France, Belgium, and into Germany.   By war's end some 80th units had gotten as far as Austria and Czechoslovakia. Along the way the Division saved the City of Luxembourg from German troops commanded by Field Marshal Gerd von Rundstedt during the Battle of the Bulge (the Ardennes Offensive), by making a 150-mile motorized march in just 36 hours to form a defensive line around the city.With the 4th Armored and 26th Infantry Divisions, the 80th Division's 2nd Battalion, 318th Infantry, and the 1st Battalion, 319th Infantry, helped relieve American forces surrounded at Bastogne. The Division crossed the Our and Sauer rivers into Germany the first week of February 1945, breaking through the "West Wall."  The advance moved with such speed that in one six-day period the Division covered 125 miles.  By early April it crossed the Rhine River and took the industrial city of Kassel. Proceeding eastward, it also captured Gotha, Erfurt, and Weimar-Buchenwald (location of the infamous concentration camp). By V-E Day the 80th Division had amassed 277 days of combat and had captured more than 200,000 enemy soldiers. The Division returned to the States in January 1946 and was placed on inactive status.  Six months later it was redesignated as the Reserve Airborne Division. The Division was reorganized as a Reserve Infantry Division on May 10, 1952, and then as a Reserve Training Division on March 1, 1959. On October 1, 1994, the 80th was redesignated as an Institutional Training Division.

 

Prisonniers allemands capturés le 25 novembre à côté du Bambesch par le 318ème régiment US

Marlene Dietrich le 6 octobre 1944 chez les gars de la 80ème division US

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317ème Régiment d’infanterie U.S.

 

Avec la fin de la défense de Saint-Avold, toute résistance organisée s’arrêta lorsque les éléments avancés de la Division atteignirent la ligne de la rivière Moderbach.

Là, un bataillon ennemi de reconnaissance renforcé par les éléments du 38ème régiment S.S. de la 17ème S.S. Division utilisa le village de Farébersviller comme un point fort sévère.

La 80ème continua l’attaque vers l’est contre la résistance ennemie le 28 novembre 1944, gagnant 8 miles de terrain. Le 317ème régiment d’infanterie poussa loin vers l’est, atteignant Farébersviller le matin. Le 1er bataillon en position, sur le coteau sud-est de Lachambre démarra à 7h 30, rencontrant seulement des poches éparpillées de l’ennemi.

A 10h 10, des éléments du premier bataillon occupèrent le voisinage de la colline 293.

L’avance fut continuée devant l’opposition modérée et à 5h 15, le bataillon avait avancé vers la colline sud et sud-est de Farébersviller.

Le 2ème bataillon, à la gauche du troisième bataillon attaqua vers l’est à 7h 30, le 28 novembre 1944. A 10h 15, il avait atteint le sommet au nord de Seingbouse et à 15h15 dans l’après midi, il avait avancé au voisinage de la côte 316 où l’avance fut arrêtée pour la journée.

A 8h 30, le 3ème bataillon partit avec le second bataillon à sa gauche et le premier à sa droite. A 10h 15, le village de Seingbouse fut libéré de l’ennemi et des éléments du bataillon avancèrent à l’est du village où un feu d’armes légères et anti-aériennes fut rencontré.

Partout, l’avance fut continue et des éléments de pointe atteignirent les alentours de Farébersviller, où des combats âpres des déroulèrent. L’ennemi fut chassé du village, mais à 19h 50, mais il développa une contre-attaque et réoccupa la partie orientale (est) de Farébersviller. La résistance ennemie était fanatique et le 3ème bataillon était engagé dans un combat de rues, maison par maison lorsque l’obscurité tomba.

Le 318ème Régiment d’Infanterie restait en réserve le 28 novembre près de Longeville-lès-Saint-Avold.

Le 29 novembre, le 317ème Régiment d’Infanterie maintenait ses positions dans le voisinage de Farébersviller contre la lourde résistance ennemie.

Le 3ème bataillon, engagé dans les combats de maisons, continuait de forcer l’ennemi à quitter le village.

De durs combats se développèrent tout au long de la journée et l’ennemi employa le feu des tanks et des armes anti-aériennes contre nos troupes. Le 2ème bataillon, à proximité de la  côte 316 (Winterberg), sans perdre de terrain, repoussa successivement les contre-attaques ennemies regroupant 5 tanks et un nombre indéterminé de fantassins. Les positions sur la côte 318 et alentours furent maintenues toute la journée. Au cours de la soirée du 29 novembre, le 317ème régiment d’infanterie fut réintégré dans la réserve. Le 318ème Régiment d’Infanterie le remplaça dans le secteur. Le 317ème régiment d’Infanterie fut relevé vers 22h 15, au même moment le 2ème bataillon cantonné d’abord à Guenviller vers 21h 15 se réunissait dans le voisinage de Marienthal.

A 16h 45, le 1er bataillon du 318 était en position nord-ouest de Farébersviller à 18h 15 pour couvrir les mouvements des 2ème et du 3ème bataillons du 317 qui fut mis en réserve de la Division. Le 2ème bataillon du 318 gardant l’extérieur des alentours de Saint-Avold, commença son mouvement à 12h 20 pour se diriger vers Henriville et reprendre position pour remplacer le 1er bataillon du 317ème régiment d’Infanterie.

Le 318ème Régiment d’Infanterie gardait maintenant la droite et le front d’attaque de la zone dévolue à la division avec des positions s’étendant du nord-ouest de Farébersviller à Farébersviller-sud jusqu’à Henriville.

Le 3ème bataillon du 318ème Régiment d’Infanterie, venant de Saint-Avold en sortit à 8h, s’arrêta à hauteur de Macheren à 9h 15. Dans la journée, il se dirigea aux environs de Seingbouse, constituant à 18h 35 le régiment de réserve.

La division, après avoir avancé de 18 miles dans les 6 derniers jours contre une résistance ennemie déterminée, stoppa son attaque dans le but de regrouper ses forces, de reposer son personnel et de réviser son équipement. L’artillerie de la Division tira sa 1ère salve vers l’Allemagne le 30 novembre 1944 (en l’occurrence le bataillon de la 314ème d’Artillerie de campagne). Le 317ème régiment d’infanterie est revenu dans la réserve de la Division le 30 novembre avec les 1er, 2ème et 3ème bataillons stationnés à Macheren, Guenviller, Marienthal. Des positions défensives étaient maintenues le 30 novembre 1944 chez le 318ème régiment d’infanterie. Le 1er bataillon se maintenait sur la position Nord-Ouest et Ouest de Farébersviller en dominant le village avec ses tirs. Le 2ème bataillon continuait d’occuper des positions défensives près de Henriville. Le 3ème bataillon en réserve restait à Seingbouse. Le feu de réplique ennemi fut tiré à travers le secteur assigné au régiment. Cependant il n’y eut aucune contre-attaque menée par l’ennemi.

Novembre : 29 876 tirs de canons 105, 873 tirs de canons 155.  L’Aircraft bataillon (AAA/AW/Bn) reconnut un avion ennemi détruit et un autre probablement durant le mois de novembre.

Attaque vers l’est : Le premier jour de décembre 1944, la division tenait le secteur nord flanqué par le XIIème Corps après l’avance (rivière de la Seille). Des éléments de la division occupaient temporairement des positions défensives entre Farébersviller et Sait-Avold, pendant que des forces en regroupement et du personnel de repos se préparaient à lancer une incursion à travers la vallée de la Sarre vers la ligne Siegfried.

A la tombée du jour et la nuit, des patrouilles furent envoyées vers l’est pour tester les lignes de l’ennemi et rechercher un itinéraire possible pour les tanks afin de traverser les rails et les vallées qui constituaient des barrières naturelles devant les lignes ennemies. Le 117ème Engineer Combat Group, dépendant de la 80ème division, restaurait les routes et les ponts du secteur imparti. Le 2 décembre, la division (renforcée), en privilégiant son attaque vers l’est, continuait d’occuper les positions, de regrouper les forces, de faire reposer le personnel et les équipements de service. Le 318ème régiment d’infanterie continuait d’occuper de façon temporaire et de manière défensive les positions nord-ouest, ouest et sud-ouest de Farébersviller. Des patrouilles s’activaient la nuit pour déterminer et rechercher les positions ennemies.

Ordre du jour n°19 : continuer l’attaque au plus tôt le 4 décembre.

Le régiment renforcé attaqua le 4 décembre 1944 tôt le matin et saisit la colline nord-est de Farébersviller. Le 318ème régiment d’infanterie constituait le coin d’attaque. Le front fut raccourci, avec des éléments relevés du 319ème régiment d’infanterie et ramenés sur la route Farébersviller-Saint-Avold et aussi avec la 6th Armored division relevant le 2ème bataillon du 318ème régiment au sud-est de Henriville. En plus, le 319ème régiment d’infanterie soutint l’attaque grâce à son artillerie propre. Le 3 décembre, des éléments du 1er bataillon du 319ème régiment d’infanterie complètent l’effectif du 318ème régiment d’infanterie au nord de la route Saint-Avold. Le 3 décembre, des éléments du 1er bataillon du 319ème régiment d’infanterie complètent l’effectif du 318ème régiment d’infanterie au nord de la route St-Avold- Farébersviller à 6 heures 22. La 6th Armored division releva le 2ème bataillon du 318ème régiment d’infanterie au sud-est de Henriville à 14 heures 40. Le second bataillon était alors rassemblé près de Henriville. Les changements apportés au 318ème régiment d’infanterie le préparaient pour l’attaque planifiée le jour suivant.

Le 318ème régiment d’infanterie tenait maintenant une zone proche près de la route Saint-Avold Farébersviller au sud de Henriville.

Le 4 décembre à 7 heures 30, le 318ème régiment d’infanterie attaqua vers le nord-est. L’attaque fut précédée par les préparations des 2 corps d’artillerie de la division ; des concentrations de mortiers venant des bataillons de réserve du 319ème régiment d’infanterie, des tirs de mortier étaient effectués par les 3 compagnies d’armes lourdes.

Sous le feu direct de la compagnie B du 808ème tank destroyer batalion et des tirs de 50 grandes mitrailleuses du 319ème régiment d’infanterie, des tirs puissants furent lancés sur tous les objectifs immédiats.

Les 1er et 2ème bataillons des 318ème et 319ème régiments d’infanteries furent utilisés durant l’attaque. Attaquant à travers Farébersviller, le 1er bataillon rencontra une résistance ennemie modérée et, à 9 heures, les éléments de tête atteignirent le sommet ouest de Théding. A 11 heures, le bataillon occupa le terrain ouest, est, sud-est de Cocheren. Là, une faible résistance ennemie fut seulement rencontrée.

La compagnie B se mit en route pour prendre le sommet nord-est de Cocheren à 11 heures 55. A 13 heures 20, le 1er bataillon occupait tout le sommet nord-est du village. Les objectifs étaient atteints. Le second bataillon, attaquant à droite du 1er se dirigea vers Théding et atteingnit un point à 500 mètres sud-ouest du village.

A 9 heures 30, les avant-gardes du bataillon rencontrant une faible résistance ennemie, combattaient aux alentours de Théding. Des tirs automatiques puissants provenant du village retardèrent temporairement l’avance, mais à 11 heures, des éléments du 2ème bataillon, en rencontrant une résistance ennemie modérée, entrèrent dans les bois du Mont de Théding. La côte 373 fut prise à 11 heures 45 et le bataillon s’arrêta pour la journée. Ensemble, les 1er et 2ème bataillons consolidèrent et organisèrent la défense du terrain pris durant l’attaque. Le 3ème bataillon du 318ème régiment d’infanterie (régiment de réserve) se dirigea de Hellering vers Farébersviller dans la matinée du 4.12.

Dans l’après-midi, le 3ème se dirigea nord-est vers Théding comme élément de réserve. Le 4 décembre, le 319ème régiment d’infanterie avait la mission d’épauler l’attaque du 318ème régiment d’infanterie par des tirs. Du haut des positions nord-ouest de Farébersviller, il apporta son soutien dans l’attaque grâce à l’appui des mitrailleuses et des mortiers de 81 mm. A 11 heures 05, le régiment fut relevé de sa mission d’aide.

Un point de rencontre fut établi à l’ouest de Cocheren à 14 heures 05 entre les 318ème et 319ème régiments d’infanterie.


Photo aérienne de Farébersviller

 

Le 318ème Régiment U.S.

……………..Pendant l’attaque sur les forts de la Ligne Maginot, le régiment fit 200 prisonniers. La Compagnie d’Artillerie s’arrêta à 18h 15 à Bambiderstroff.

Durant la journée du 26 Novembre 1944, le temps continua à être nuageux et froid. Le CT 318 continua à tâter vers le nord et le nord-est et à améliorer ses positions au voisinage de la Ligne Maginot.

Le 1er Bataillon, toujours en réserve de Régiment, se déplaça de Bambiderstroff et traversa la route Np-3 vers la ferme Saint-Dominique. La Compagnie A fut envoyée pour colmater la brèche entre les Bataillons 2 et 3 dans le Bois de Kerfent et aussi dans le village de Kleindahl. Le 2ème Bataillon resta dans les forêts et assura aussi la sécurité des points culminants au nord et au voisinage de la colline 351.

A 8 heures, le 3ème Bataillon déplaça les Compagnies I, K et L vers le nord pour nettoyer le voisinage de Kleindahl et pour assurer la sécurité de la colline 340 (au nord de Longeville) à 8h 45. Dans cette position, la Compagnie L installée sur la pente nord de la colline 340, subit quatre contre-attaques ennemies entre 8h 45 heures et 17 h. La compagnie L put contrecarrer durant toute la journée les essais de l’ennemi pour reprendre le secteur. A 17 heures, une autre contre-attaque ennemie se forma mais fut rompue par une concentration de tirs appelés (Tot-Time-on-target) réalisé par les 9 batteries du Corps d’Artillerie. La concentration de tirs tomba carrément sur l’ennemi qui progressait. Aucun autre mouvement ne fut entrepris par le Régiment qui s’était enterré pour la nuit. La compagnie B et le 305ème Bataillon Médical entrèrent dans Bambiderstroff plus tard dans la soirée.

Il y avait du beau temps durant le 27 novembre 1944, alors que le 1er Bataillon se déplaçait pour assurer le flanc gauche du CT 319. Renforcé par des éléments des 610ème et 808ème Bataillons Antichars et le 702ème Bataillon de chars, le Bataillon attaqua vers le nord à partir de la ferme Saint-Dominique à 10 heures dans le but de nettoyer la forêt de Longeville entre son bord ouest et le point haut sur sa rive Est. Une faible résistance ennemie eut lieu, et vers 14 heures, les Compagnies A et C atteignirent le point haut de la colline 189, objectif du Bataillon.

A 17h 15, le Bataillon entra dans les bâtiments utilisés comme résidences pour officiers allemands, près de l’école d’Artillerie allemande sur les lisières nord de Saint-Avold qui avait été nettoyée par le CT 319 au cours du matin. Le 2ème Bataillon resta, en position sur les terres hautes au nord du Bois de Kerfent jusqu’à 16 heures pour se déplacer ensuite vers le sud dans Longeville-lès-Saint-Avold. Le 3ème Bataillon continua d’occuper le point haut au Nord de Longeville jusqu’au bord ouest de la forêt de Longeville. A la tombée de la nuit, le poste de Commandement du Régiment, la Compagnie de Canons, la Compagnie B et le 305ème Bataillon Médical entrèrent dans Longeville. Le C 318 entra alors dans la Division de Réserve. Aux environs du 27 novembre 1944, le CT 318 tenait position face au nord et s’étendait à partir du voisinage de Longeville-Kleindhal vers l’est au-dessus et sous la Route NP -3, y compris Saint-Avold.

Le 28 novembre 1944 à 11 heures, le 1er Bataillon se déplaça de 4 miles vers Saint-Avold, passant le long de la route qui est sous la forêt de Steinberg. Pour entrer à Guenviller à 14h 45, tard dans cette nuit à Seingbouse à 22h 30. Les positions furent désignées pour la nuit à l’Est de la ville. A 11 heures, les bataillons 2 et 3 avaient quitté Longeville et se déplaçaient vers l’est le long de la route 3 menant vers Saint-Avold aux environs de 13 heures. Alors que le 3ème Bataillon restait pour assurer la sécurité du voisinage de Saint-Avold, le 2ème Bataillon se mit en position derrière le 1er. Les positions du Régiment exigeaient une défense en profondeur à partir de l’ouest de Seingbouse dans le cas où l’ennemi qui subissait les assauts du CT 317 attaquerait des hauteurs de Farébersviller (1 mile à l’est de Seingbouse).

Le poste de Commandement de CT 318 entra à Saint-Avold. La Compagnie de Canons se déplaça à travers Saint-Avold au sud-est et distant de 2,5 miles jusqu’à Macheren (à 1 mile au sud de Guenviller) à 15 heures.

Le CT 318, le 29 novembre 1944, changea ses positions en vue de relever le CT 317. Le temps resta inchangé alors que le 1er Bataillon quittait Seingbouse à 16h 45 pour prendre position à 500 yards au nord-ouest de Farébersviller à 18h 15. Dans ces positions, le Bataillon couvrait les mouvements du CT 317 vers une position de réserve et un contact fut aussi établi avec le CT 319 sur le flanc gauche. Le 2ème Bataillon se déplaça vers le sud-est de Guenviller au voisinage de Henriville (à 1,3 mile au sud-est de Guenviller), où il prit position au sud de Farébersviller.

La Compagnie installa des avant-postes à l’est de la ville et la Compagnie H prit des positions défensives sur la route de Diebling à Farschviller (2 miles à l’est de Henriville ). Le 3ème Bataillon se déplaça par Macheren jusqu’à Seingbouse à 18h 35. Le poste de Commandement du Régiment fut établi à Macheren. La Compagnie B et le 3ème Bataillon Médical allèrent à Guenviller à 16 heures.

Pendant la période du 29 au 30 Novembre 1944, peu de changements eurent lieu dans le temps et dans les positions. Le 1er Bataillon renforça ses positions au nord-ouest et à l’ouest de Farébersviller. Le 2ème Bataillon occupait Henriville et le 3ème Bataillon placé à Seingbouse, fut mis en Réserve de Division. La Compagnie de Canons se déplaça vers Guenviller à 9h 10. Le lieutenant Willis de la Compagnie B et une patrouille de quatre hommes quittèrent Seingbouse à 11h 30 et se déplacèrent vers l’est pour chercher des gués dans un ruisseau au nord-est de Farébersviller. La patrouille fut mitraillée dans la bordure sud de la ville et le lieutenant Willis fut tué. Le reste de la patrouille retourna rendre des comptes sur le ruisseau : profondeur de 6 inches (= 20 cm) et largeur 15 pieds (environ 5 m) avec un fond de ruisseau en terre dure.

Alors que le mois de novembre 1944 finissait, le CT 318 comptait 980 victimes parmi lesquelles il y avait 121 morts, 774 blessés et 85 disparus.

Les pertes connues de l’ennemi furent au total de 1 585 hommes, dont 120 tués.

Chapitre : 5 Décembre 1944

Le CT 318 avait repris le secteur au voisinage de la forêt de Farébersviller à partir du 29 novembre 1944, partie qui était auparavant dévolue au CT 317. Le régiment prit des positions défensives. Le Poste de Commandement du Régiment était à Guenviller. Il était prévu que l’ennemi ferait des contre-attaques. Comme cela n’eut pas lieu, l’ordre de Campagne du Régiment N° 15 sortit le 3 décembre pour attaquer le 4 décembre.

En face du CT 318, la 17ème Panzer Grenadier Division et des unités jointes étaient situés dans la lisière-est de Farébersviller aussi bien à l’est qu’au nord de cet endroit. Cette division, ayant récemment subi des pertes importantes, avait énormément besoin de réorganisation malgré la réception de nombreux échanges. Incapable de se retirer de la ligne de front, elle était en instance de réorganisation, laquelle n’avait pas encore été terminée. Il a été estimé que la division avait reçu 1 500 remplaçants, pour la plupart des étrangers. En général, le moral de la division était vraiment bas, malgré un chœur de cadres et d’officiers anciens et nazis fanatiques. Il a été estimé que les ennemis placés en face du secteur du Régiment ne dépassaient pas le nombre de 600 hommes. L’ennemi était enterré dans des positions défensives, utilisant intelligemment des obstacles naturels tels que des ruisseaux en crue et une ligne de chemin de fer dont le parcours s’élevait au-dessus du niveau normal de la vallée ; des armes antichars étaient placées dans des endroits bien choisis et l’ennemi occupait les terrains dominants. Pendant les 1er et  2 décembre 1944, le CT 318 continua à occuper provisoirement des positions au nord-ouest, à l’ouest et au sud-ouest de Farébersviller. Des patrouilles de jour et de nuit furent envoyées dans le secteur da,s la perspective d’assurer  une traversée de chars et pour déterminer la ligne d’avant-postes ennemis. Le terrain présentait des difficultés considérables (barrières naturelles), spécialement pour les chars compte tenu du terrain boueux, ces difficultés étant encore augmentées par l’utilisation intelligente de mines par l’ennemi.

L’ordre de Combat N°19, sorti le 2 Décembre 1944 à 13 heures, donnait des plans pour que le XIIème Corps continuât son attaque vers la colline au nord-est de Farébersviller avec un Régiment renforcé. La mission du Régiment, en ligne avec une attaque coordonnée du CT 319 et de la 6ème Division Blindée, était de nettoyer les villages ainsi que les collines autour de Farébersviller, Théding et Kochern. Suivant le plan, l’attaque devait démarrer le 4 décembre 1944 à 7h 30 avec le 1er bataillon sur la gauche, le 2ème bataillon à droite et le 3ème  bataillon en réserve, précédé par une préparation d’Artillerie du Corps d’Armée et de la Division, par des concentrations de tirs de mortiers de toutes les compagnies d’armes lourdes du CT 318 ainsi que des mortiers du bataillon de réserve du CT 319 et enfin par des tirs directs venant de la compagnie B du 808ème Bataillon Antichars. Ce tir d’artillerie fut maintenu sur les objectifs élevés jusqu’au moment où les troupes commencèrent leur attaque, protégeant efficacement leur avance à travers les points bas, y compris la traversée des ruisseaux en crue. Les Compagnies A et C du 610ème Bataillon Antichars furent rattachées au 2ème Bataillon. Les Compagnies A et B du 702ème Bataillon de Chars étaient en support de groupe habituel. Le 305ème Bataillon du Génie qui était attaché à ce régiment construisit pendant la 1ère heure de l’attaque un pont avec des bandes de roulement par-dessus le ruisseau, ce qui permit aux chars de continuer leur proche soutien à l’infanterie. (Durant cette période, le 305ème déploya de gros efforts pour déblayer les voies, combler les cratères et trous d’obus sur les chaussées, déminer, jeter des ponts Bailey de secours, etc…. Il faut savoir que les Allemands avaient fait sauter les ponts de chemin de fer pour faire ralentir la progression ennemie).

305th Engeneer

A 7h 30, le 04 décembre 1944, le 318ème d’infanterie attaqua au nord est la colline à proximité de Farébersviller comme c’était son objectif. L’attaque avait été précédée des préparations d’artillerie de deux corps de divisions, des concentrations de mortiers du 319ème bataillon d’infanterie de réserve, du tir direct de la compagnie B du 808ème bataillon anti-chars et du feu de quinze mitrailleuses lourdes du 319ème d’infanterie. Un feu nourri arrosa tous les objectifs pendant que l’infanterie s’approchait des objectifs les plus proches.

Les 1er et 2ème bataillons étaient engagés dans cette attaque, le 1er sur la gauche et le 2ème sur la droite. En attaquant au travers de Farébersviller, le 1er bataillon rencontra une résistance moyenne et vers 9h, les groupes de tête avaient atteint la colline à l’ouest de Théding. Vers 11h, le bataillon occupait les collines ouest, est, et sud est de Cocheren. Là, seule une résistance ennemie minime avait été rencontrée. La compagnie B se mit en mouvement pour prendre la colline nord-est de Cocheren à 11h 55. Vers 13h 20, le 1er bataillon l’occupait en totalité. Les objectifs étaient atteints. Le 2ème bataillon, qui attaquait à la droite du 1er, se dirigea vers Théding et atteignit un point situé à 500 yards au sud ouest du village vers 8h 40. Vers 9h 30, les troupes de tête du bataillon se battaient aux abords de Théding, en ne rencontrant qu’une résistance moyenne. Un tir violent d’arme automatique en provenance du village retarda temporairement l’avance ; mais vers 11h, des troupes avancées du 2ème bataillon, ne rencontrant qu’une faible résistance, entraient  dans les forêts du Mont de Théding. La colline 373 fut prise à 11h 45 et le bataillon s’arrêta là pour la journée. Les 1er et 2ème bataillons consolidèrent et organisèrent la défense de la colline prise lors de l’attaque. Des barrages routiers contre d’éventuelles arrivées de chars furent construits. Des tirs de soutiens de chars et d’armes anti-chars participaient à la conquête des objectifs de l’infanterie. La compagnie B du 702ème bataillon de tanks soutenait le 1er bataillon. La compagnie A du 702ème bataillon de tanks et la compagnie C du 610ème bataillon antichar soutenaient le 2ème bataillon.

Le 3ème bataillon du 318ème d’infanterie, le régiment de réserve, se déplaça de Hellering vers Farébersviller durant la matinée du 04 décembre 1944 opérant sa jonction vers 11h 40. Pendant la matinée, le 3ème bataillon se déplaça vers le nord-est Théding en tant que régiment de réserve et opéra sa jonction à 18h 15.

L’opération fut l’une de celles les mieux réussies par ce Régiment et elle fut exécutée entièrement en accord avec les plans. Les félicitations reçues du Général Commandant la 80ème Division d’Infanterie, le major-général H.L. Mac Bride attestent de la confection efficace des plans, de la bonne coordination et de la parfaite exécution. Seules 60 victimes furent à déplorer, le 3ème Bataillon ne fut jamais engagé, mais l’ennemi eut finalement 100 victimes et il fut fait 400 prisonniers de guerre. Tous les prisonniers, sauf trois d’entre eux, purent être identifiés comme appartenant à la 17èmePanzergrenadier Division. Les trois appartenaient au 36ème AT Bataillon de la 36ème Division d’Infanterie.

Les éléments provenant de la 17ème Division ont été identifiés : il s’agit des 1ère, 3ème et 4ème Compagnies du 17ème Bataillon SS de Génie, des 3ème et 4ème Compagnies du bataillon AA du régiment SS d’artillerie, du 17ème Bataillon SS-AA et du 17ème Bataillon motorisé SS. La puissance moyenne des unités d’infanterie était de 50 à 60 hommes. Chaque Compagnie antichars, y compris celles du 36ème Bataillon antichars, était équipée de 3 canons de 75. Onze de ces canons furent ou détruits ou capturés. Il n’y avait ni chars, ni canons d’assaut appuyant la défense de l’adversaire.

Pendant la nuit du 5 au 6 décembre, une patrouille du 1er Bataillon eut l’honneur d’être la première troupe de la 80ème Division d’Infanterie à pénétrer en territoire allemand.

La 80ème Division d’infanterie se déplaça vers une aire de repos le 7 décembre 1944. Le CT 318 s’installa à Freyming pour du repos, de l’entraînement et de la détente. L’entraînement reprit (comment appuyer les tactiques communes chars-infanterie, comment mener les combats en forêts, ou les attaques contre des positions fortifiées exécutées sur les forts de la Ligne Maginot avec usage de munitions pour démolitions). Le 702ème Bataillon de chars et le 305ème Bataillon du Génie assistèrent à l’entraînement et aux démolitions. Soins et nettoyage de l’équipement, douches, soins médicaux et hygiène personnelle complétèrent le programme d’entraînement. Les aumôniers ainsi que le Service Spécial des officiers furent les personnes les plus occupées du Régiment pendant ce repos avec des services journaliers. Des films, des spectacles et des danses furent organisés pour que tous en profitent. Dans son ensemble, cette période se présenta comme une aide inestimable pour remonter le moral aussi bien que la santé des troupes.

Pendant la période du 8 au 16 Décembre 1944, le CT 318 continua à restaurer et à entraîner le personnel et les services d’équipement. Sur ordre de la Division, le CT 318 se déplaça par convoi motorisé vers Bettviller le 18 Décembre 1944 afin de soulager la 12ème Division Blindée qui se préparait pour lancer un assaut vers la Ligne Siegfried. Le 16 Décembre 1944, la contre-offensive allemande dans le nord du Luxembourg et dans le sud de la Belgique avait commencé. A 21 heures le 18 décembre, quelques heures après que le CT 318 soit arrivé dans son nouvel emplacement, la Division lui envoya un ordre de déplacement immédiat, ainsi qu’un autre ordre précisant que le renfort pour la 12ème Division Blindée n’aurait pas lieu. Donc le 19 Décembre à 14 heures, après que 82 camions d’intendance lui furent attachés, le CT 318 se déplaça vers le Nord et arriva à Helmance, au Nord de la ville de Luxembourg le 20 Décembre 1944 à 10 heures. La première mission de la Division était de constituer le dernier verrou de défense de la ville. Le 2ème Bataillon était à gauche, le 1er Bataillon à droite, le 3ème Bataillon en réserve ; le CT 318 gardait l’approche de gauche et du Nord de la cité alors que le CT 317 était à droite gardant l’approche de l’est, avec le  CT 319 en réserve…..

 


319ème Régiment d’infanterie U.S.

(extraits du Journal de marche et opérations de la  80ème  division d’infanterie américaine)

Offensive vers l’Est


Allemands faits prisonniers par le 319ème Rgt.US


Le 1er jour du mois de décembre 1944, la Division occupe les hauteurs situées sur le flanc nord du XIIème Corps à l’issue de la marche en avant depuis la Seille.

Des éléments de la Division occupent la zone située entre Farébersviller et Saint-Avold.

Des positions défensives temporaires sont destinées à permettre à l’ensemble des forces de se regrouper et au personnel de prendre du repos en prévision de l’

offensive menant à la traversée de la rivière Sarre en direction de la Ligne Siegfried.

Le 319ème d’infanterie, en protection du flanc gauche (nord) de la Division, occupe des positions aux environs de Hombourg-Haut, Betting-lès-Saint-Avold, Béning-lès-Saint-Avold et les bois du Kneebusch. Le 2nd Battalion est en position au voisinage de Hombourg-Haut, sur la gauche du 1er Bn. Le 3ème Bn, en réserve régimentaire, occupe Hellering.

Des patrouilles de jour et de nuit sont envoyées vers l’est pour tester la ligne d’avant-postes de l’ennemi et identifier d’éventuels points de passage pour les unités de chars à travers les ruisseaux et la ligne de chemin de fer qui constituent des barrières naturelles devant les lignes ennemies.

Des éléments du 2nd Groupe de Cavalerie continuent à patrouiller sur le flanc nord gauche de la zone de Division. Une section de la troupe A du 2nd Escadron de Cavalerie maintient le contact avec la 95ème Division d'Infanterie. Le 1117ème Groupe d’Ingénieurs de Combat, opérant en appui de la 80ème Division, procède à l’entretien des routes et des ponts dans la Zone de Division. Le 2 décembre 1944, la Division renforcée, avant de poursuivre son offensive vers l’est, continue à occuper les positions acquises, tout en regroupant ses forces, en laissant son personnel au repos et en procédant à la maintenance du matériel.

Le 3ème Bn du 319ème d’infanterie, stationné en réserve régimentaire à Hellering, prend la relève du 2nd Bn aux abords de Hombourg-Haut à 15h 20. La relève s’achève à 15h 50 et le 2nd Bn se replie en réserve régimentaire au voisinage de Betting-lès-Saint-Avold. Le 1er Bn du 319ème d’infanterie conserve ses positions au nord de Betting-lès-Saint-Avold et des bois du Kneebusch. Le 3 décembre 1944 (...), la ligne tenue par le 319ème d’infanterie s’étend de Hombourg-Haut vers l’est jusqu’aux bois du Kneebusch et de là vers le sud jusqu’à la route de Saint-Avold-Farébersviller. Le 3 décembre 1944, le 3ème Bn du 319ème d’infanterie qui contrôle la partie gauche du secteur régimentaire au nord de Hombourg-Haut, dépêche une patrouille de combat au nord vers Freyming et Merlebach pour déterminer la disposition des troupes ennemies. Le 5 décembre 1944, la Division conserve les positions prises la veille. Le 319ème d’infanterie maintient un contrôle allégé sur sa ligne de front, tenue par des éléments de deux bataillons. Le 1er Bn continue à tenir le secteur de Betting-lès-Saint-Avold, Béning-lès-Saint-Avold et les bois du Kneebusch, en employant des éléments des Compagnies A et B, tandis que le reste du Bataillon est regroupé aux alentours de Béning-lès-Saint-Avold. Le 3ème  Bn conserve sa ligne au nord et au nord-est de Hombourg-Haut, utilisant pour ce faire des éléments des Compagnies I et L.

Le reste du Bataillon est regroupé au voisinage de Hombourg-Haut. Le 2nd Bn, en réserve régimentaire, demeure au voisinage de Betting-lès-Saint-Avold. Sur la gauche de la Division, des éléments du 2nd Groupe de Cavalerie poursuivent leur mouvement vers le nord-est, en protection du flanc gauche du XIIème Corps et de la Division. Le 2nd Escadron de Cavalerie traverse Freyming pour rallier Merlebach, Sankt-Nikolaus et Rosbruck. Des patrouilles sont envoyées aux abords de Morsbach et de Forbach.

Durant la nuit du 4 au 5 décembre, le 318èmed’infanterie envoie une patrouille du 1er Bn pour pénétrer en Allemagne. Ces hommes seront les premiers de la Division à opérer en territoire allemand.

Le 6 décembre 1944, la division maintient ses positions et établit le contact avec la 6ème Division Blindée sur sa droite. Le 6 décembre 1944, le 319ème d’infanterie étend ses positions vers le nord.

Le 2nd Bn, en réserve régimentaire aux abords de Betting-lès-Saint-Avold, se met en mouvement à 7h 30 en direction de Merlebach. A 8h 05, des éléments avancés du Bataillon entrent dans la ville sans rencontrer d’opposition ennemie. A 9h 30, les hauteurs avoisinant Merlebach sont occupées et des postes avancés sont établis autour de la ville. Le 1er Bn du 319ème d’infanterie continue à tenir son secteur sous contrôle allégé de Betting-lès-Saint-Avold, Béning-lès-Saint-Avold aux bois du Kneebusch, la majeure partie du Bataillon demeurant regroupée à Béning-lès-Saint-Avold. Le 3ème Bn conserve une ligne de front allégée au nord et au nord-est de Hombourg-Haut, la majeure partie du Bataillon étant regroupé à Hombourg-Haut.

Extraits  de: Operational History of 8Oth Blue Ridge Infantry Division (date and publisher unknown).

(Coll. Edwin NEIS, Hombourg-Haut)


Archives des combats de la 6ème division blindée de la IIIème U.S. Army

29 novembre 1944 

CCA (Hines) : Le CT 69 établit un poste d’observation dans un bunker da la Ligne Maginot à un 1,5 mile au sud-est de Hoste-Bas sur la route menant à Puttelange. Des patrouilles agressives maintenaient le contact avec la 80ème Division. Durant la nuit du 29-30 novembre, le Tr B 86th Cav Rcn Sq Mecanized (=Mecz) envoya une patrouille dans le coin nord de la forêt au nord de Hoste-Bas. La patrouille se déplaça et travailla au nord-est de Farschviller

CCB (Read) : Le 29 novembre, le CT 50 étendit son aire de commandement au nord en envoyant une compagnie à Diffenbach-lès-Puttelange après que des patrouilles eurent trouvé la nuit précédente le village libre de toute trace ennemie. Cette opération avait dû être décalée à cause d’un pont soufflé et de cratères dans la route menant vers la localité par le sud. L’activité des patrouilles continua à l’est jusqu’après le crépuscule pour tester les positions ennemies et déterminer leurs forces et positions.

1-2-3 décembre 1944

La division ouvrit la période dans une position défensive établie sur la rive ouest de la rivière Maderbach avec le CCA sur la gauche qui maintenait le contact avec la 80ème Division d’infanterie et le CCB à droite qui gardait le contact avec la 35ème Di US dans le voisinage de Bérig-Vintrange.

Des opérations actives de patrouilles continuaient. Au soir du 2 décembre, la zone affectée à la division fut déplacée au nord pour préparer la percée à travers la Maderbach vers la rivière Sarre pour le 4 décembre.

CCA (Hines) : Le 2 décembre à 17 h, des éléments du Command relevaient les unités de la 80ème dans le voisinage de Henriville. Le 44th et le 50th Armd Inf Bns furent transférés du CCB vers le CCA et la composition suivante des Combat Teams devint effective à 20 heures au soir du 2 décembre.

CT 44 (Brown)                                                       CT 50 (Wall)

44th Armd Inf Bn                                                    50th Armd Inf Bn

Cos C & D 68th Tk Bn                                            Co A 68th Tk Bn

Co A 603d Td Bn                                                    Co F 86 th Cav Rcn Sq Mecz

1st Plat Co B 25th Armd Engr Bn                            Co B 603 d TD Bn

                                                                                2 d Plat Co B 25th Armd Engr BN

CCA Reserves                                                        Tns

68th Tk Bn                                                               Btry A 777 th AAA Bn

9 th Armd Inf Bn                                                      Rcn Plat 603 d TD Bn

Co B 25 th Armd Engr Bn (-)

1 st Plat Tr B 86 th Cav Rcn Sq Mecz

Le CT 50 signale que le 3 décembre à 15 h tous ses éléments occupent leur zone de départ à l’est de Cappel et le CT 44 signale qu’à 16 h 30 toutes ses forces occupent le terrain au sud-est de Henriville.

CCB (Read) : Durant la nuit du 2-3 décembre, des éléments d es 134ème et 320ème régiments d’infanterie  relèvent le poste de commandement établi au sud de Diffenbach-lès-Puttelange. Le PC, comprenant le 15ème Tk Bn et la Btry B du 777ème AAA Bn (moins une section = Platoon), se déplace vers les casernes de Saint-Jean-Rohrbach.

La mission de la division consiste à attaquer à l’aube du 4 décembre pour se saisir du Mont de Cadenbronn et des hauteurs dans le secteur Diebling-Tenteling-Rouhling-Welferding. Le plan était d’attaquer à l’est avec le CCA aidé par l’artillerie divisionnaire elle-même renforcée par les 183ème FA Gp et 974ème FA Bn.

Le CCB devait se préparer à attaquer avec l’infanterie à pied et avec des tanks accompagnant les sections d’infanterie. Le village de Loupershouse était à neutraliser par le feu et à être occupé lorsque la localité serait enveloppée par les troupes venues du nord. Un pont était à construire pour passer la rivière. 

Le commandement de l’artillerie divisionnaire (Riley) : Renforcée par le 183ème FA Gp et le 974ème FA Bn, l’artillerie divisionnaire s’était organisée pour l’attaque comme suit :

Div Arty (Riley)

128th Armd FA Bn – support direct du CT 44

212th Armd FA Bn – support direct du CT 50

231st Armd FA Bn – support direct du CT 9

974th FA Bn – support général

183 th FA Gp (Bartlett)

276 th Armd FA Bn renforçant les feux du 128ème

696 th Armd FA Bn renforçant les feux du 212ème

191st FA Bn – support général.

4 décembre 1944    

Sommaire n° 6 : La CC A comprenant la plupart des éléments de combats de la division s’est infiltrée dans la défense ennemie en trois points et a pu pénétrer profondément à l’est vers les objectifs fixés à la division. A la fin de la journée, la division a capturé 6 villages et de grandes quantités de matériel ennemi. Les éléments les plus avancés se trouvaient au pied du Mont de Cadenbronn, prêts à prendre l’objectif pour le jour suivant. L’ennemi tenait ses positions le long de la voie ferrée entre Farébersviller et un point à mi-chemin de Farschviller où il s’était arrêté à quelques centaines de yards au Sud-Ouest de cette localité. Le CT 44, établi sur la gauche de la division, attaqua à 7 h 30 avec 2 compagnies d’infanterie de front le dispositif ennemi, supporté par des chars. Les éléments de la gauche de la compagnie firent une grande avancée dans ce secteur, mais la droite de la Cie fut stoppée par l’ennemi, replié le long de la forêt à 100 yards au sud-ouest de la voie de chemin de fer (secteur de la ferme du Bruskir, Ndr).

Le général et le commandant de la force cuirassée (Command Tank) ordonnent alors que les attaques se fassent plus rigoureuses pour avancer ; des chars sont employés pour traverser les rails.

Le colonel du 318 CT (Combat Team) ordonna à sa compagnie de réserve d’agir du côté droit (cf. récit de Ralph W. Roberts, Ndr). Des chars furent envoyés pour supporter la gauche de la compagnie. Avant midi, cette attaque  passa la ligne principale de résistance de l’ennemi et avança vers l’est et le Buchwald. A Midi, l’attaque dépassa ce point pour s’arrêter peu après Ebring. Le Combat Team continua vers les forêts et vers le village (Tenteling ? Ndr) mais il devint évident que le CT 44 n’avait pas assez de poids pour assurer la prise de l’objectif. En conséquence, le lieutenant-colonel Davall du CT 44 reçut l’ordre de prendre dans le CT 68 des éléments de chars. Avec cette force nouvelle, il eut pour mission d’attaquer Tenteling.

Des troupes du CT 44 qui avançaient vers Ebring perdirent leur chemin et bouleversèrent les opérations tactiques dévolues au CT 50 quelque part après Diebling vers Metzing. Ces troupes constituées par de l’infanterie et des chars moyens furent rassemblées et elles attaquèrent Tenteling en venant de Diebling. Une compagnie de chars légers fut envoyée directement d’Ebring vers Tenteling. Cette attaque combinée fut lancée tard dans la journée et avant la tombée de la nuit, le village de Tenteling fut pris. Les deux CT 44 et 68 se déplacèrent immédiatement vers Cadenbronn.

Une colonne de chars fut déplacée vers le Nord-Ouest pour encercler le village dans cette direction. Des pièces ennemies de 88 mm tirèrent des abords Nord de Metzing sur notre colonne blindée d’une distance de 2 000 yards, détruisant 3 chars et rendant 5 inutilisables avant que les armes ennemies ne s’arrêtassent. L’attaque des deux  CT continua jusqu’à ce que les hauteurs de Cadenbronn furent à portée de main. L’obscurité rendit les autres actions impossibles et on ordonna aux troupes de fantassins de tenir leurs positions.

Lancée à 7 h 30, l’attaque du CT 50 bougea rapidement dans Farschviller. Une compagnie d’infanterie encercla le village du Nord-Ouest et avança tout droit avec les troupes d’assaut. Deux heures furent nécessaires pour nettoyer le village. Après la prise du village, le CT essaya de prendre Metzing par un assaut frontal mais échoua. C’est à ce moment que les armes ennemies reprirent leurs tirs sur la partie Nord de Metzing et sur le CT 68 qui se déplaçait vers le Nord-Ouest pour envelopper Cadenbronn. La nuit empêcha le CT 50 d’encercler son objectif et de nouveaux furent échafaudés pour le lendemain.

Le CT 69 (plus une compagnie de la 9ème Infanterie Armed Batalion) attaqua en direction de Loupershouse. Après cela, sous une grêle (pluie) de tirs de l’artillerie lourde, de fusils d’assaut et sous une concentration de tirs de chars, l’infanterie donna l’assaut à 8 h 30 et se déploya sous le feu ennemi à travers la vallée inondée (la rivière Maderbach = Mutterbach se situant à environ 400 yards du village). Le village fut encerclé par le Sud et une tête-de-pont fut assurée sur la rivière Maderbach. L’équipe de combat procéda à la prise ainsi qu’au maintien du secteur au Sud du village. A 12 h 30, le village fut déclaré pris. Des unités du génie commencèrent à construire un nouveau à 16 h qui fut terminé vers 21 h.

La division Arty (Riley) participa à une mission de contre-attaque de 6 h 45 à 7 h 30.Une préparation pour l’attaque du CC A fut déclenchée de 7 h 16 à 7 h 30. Apportant un soutien de tirs aux équipes de combat, le feu tomba sur les installations connues de l’ennemi et de ses troupes. Des fusées d’impact et de retardement placées sur les obus furent utilisées. Les commandeurs des bataillons ordonnèrent la reconnaissance des nouvelles positions dans le secteur Farschviller-Théding et le déploiement des 212ème, 276ème et 974ème Field Artillery.

5 décembre 1944 (sommaire 6)

Riley

Les équipes de combat du CC A prirent les hauteurs du Mont de Cadenbronn et à la fin de la journée, elles étaient sur des positions surplombant la Sarre et la ligne Siegfried. Cet objectif put être pris grâce à l’attaque combinée des 4 CT et toutes leurs unités. Afin de consolider le terrain pris en fin de journée, il fallait arriver vers les rives de la Sarre et si possible prendre pied dans le Reich. Le P.C. de la division fut établi (ouvert) à 15 h 45 à Farschviller.

Pour le CC A du colonel Hines : le plan pour la journée stipule que les CT 44 et CT 68 doivent tenir une ligne le long du côté Nord-Ouest de la zone en maintenant le contact avec la 80ème DI U.S. Le CT 9 avait eu la mission de continuer l’attaque, direction Nord-Ouest, vers Rouhling et le CT 50 devait intervenir contre les villages de Metzing, Nousseviller, Hundling et Ippling.

Le CT 9 était composé comme suit :

       9ème Armd If  Bn (moins une compagnie),

       Compagnies C & D du 68ème Tank Batalion,

      Compagnie A du 603ème Tank Destroyers Batalion,

       1er platoon de la compagnie b du 25ème Armed Engineers Batalion.

A 10 h 30, le CT 9 effectua un passage à travers les lignes dévolues au CT 44 impliquant en cours de route des destroyers de chars. Ils commencèrent l’encerclement de Cadenbronn par le Nord. Vers 13 h, on signala que le village était entre nos mains et le CT avança encore vers Rouhling. Le village fut encerclé par le Nord et le Sud à la tombée de la nuit. L’encerclement était terminé, le village et les hauteurs investis. Les troupes se replièrent la nuit tombée sur la hauteur à l’Ouest de Rouhling, sur ordre du commandant.

Le CT 50 reprit l’attaque sur Metzing à 9 h 50 encerclant le village avec deux forces, l’une attaquant au Nord et l’autre à l’Ouest. L’encerclement par le Nord fut un succès et le village fut pris à 10 h 15. Une équipe de chars accompagnée de l’infanterie fut commandée vers le Nord en direction de Nousseviller (flanquée par le CT 9) qui fut rapidement pris. Une compagnie d’infanterie enveloppa la localité à partir du nord-ouest et avança conjointement avec les troupes d’assaut. Le CT 50 attaqua ensuite Hundling et à 14 h 25 un appel signala que les opérations en cours progressaient et que la localité était entre leurs mains. Conjointement avec cette attaque, les forces du CT 50 avancèrent vers Ippling à partir du nord, occupant et nettoyant la bourgade.

Lorsque cette opération fut terminée, le Combat team se retira sur les hauteurs nord d’Ippling pour la nuit.

CC B (Read) : Le P.C., avec la batterie B du 777ème AAA bataillon (moins une section) se déplaça de Saint-Jean-Rohrbach à travers Diffenbach-lès-Hellimer nord, passant par Leyviller, Valette et l’ouest de Barst-Marienthal terminant là ses opérations à 13 heures. Le 86ème Escadron de cavalerie de reconnaissance Mecz  (86 th Cav Rcn Sq) fut rattaché au commandement et commença à faire des préparatifs de reconnaissance pour soulager les éléments du 2 th Cav Gp au nord de la zone dévolue au XIIème corps d’armées.

6 décembre 1944     (sommaire n° 6)

Tout le territoire ennemi de Sarreguemines Nord le long de la rivière Sarre à proximité de Grosbliederstroff fut nettoyé à la fin de la journée et les objectifs de la division furent consolidés. Des éléments du CCA poussèrent au sud-est vers Sarreguemines et furent les premières troupes américaines dans cette ville. La zone fut rendue au commandement de réserve à 15 heures.

CCA (Hines) : Le CT 50 se déplaça tard dans la journée en deux colonnes, la première passant par Nousseviller vers Welferding et la seconde partant d’Ippling pour Welferding. La colonne Nousseviller prit une mauvaise route et rentra dans Rouhling, y recevant un important feu ennemi qui la força à se retirer. La colonne sud avança et, à la tombée de la nuit Welferding était occupé et nettoyé des forces ennemies.  De petits éléments furent laissés à Welferding pour maintenant un avant-poste et le reste du CT 50 se retira sur les hauteurs nord et ouest. Un contact avec la 35ème division d’infanterie sur le flanc droit fut effectué dans les environs de Sarreguemines par une patrouille de quelques tanks du P.C du CCA. Les membres de cette patrouille furent les premières troupes américaines à fouler le sol sarregueminois.

Le CCA fut relevé du commandement de ce secteur à 15 heures et se retira à Valette où le P.C fut établi à 15 h 35. Le commandement fut placé en réserve divisionnaire en attendant de nouveaux ordres………………….




Quelques photos prises dans le secteur.


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610th Tank Destroyer Batalion

Après la percée victorieuse de la ceinture fortifiée de la Ligne Maginot à Bambiderstrof, le 1er peloton de la compagnie A rentra par un des coins du village de Farébersviller pour faire feu sur l’ennemi en fuite, mais il fut stoppé dans sa poursuite par une résistance ennemie féroce à Farébersviller.

La compagnie A qui rentra dans Farebersweilier fut refoulée au dehors de la localité par un canon anti-chars allemand. Rentrés à nouveau dans la localité avec tanks et infanterie cette fois, 3 tanks MK V furent détruits et abandonnés. On déplora 2 tankistes tués.

Le poste de commandement du 610 TD se trouvait dans les baraques de Saint-Avold, abandonnées précipitamment par les troupes adverses.

L’ennemi s’incrustait avec acharnement dans le no man’s land situé entre les tranchées en amont et les positions de la Ligne Siegfried.

En effet, posté sur une colline, le 1er peloton fut attaqué par plusieurs groupes ennemis qui se faufilèrent malicieusement près de ses engins avec un canon anti-chars. Ils firent feu sur le tank de McClurg. Tom Ackley qui reçut de légères blessures provoquées par des éclats de plusieurs shrapnells put retourner à l’arrière.

Quand le feu cessa, Patee et McClurg revinrent avec leur tank pour le ramener dans les lignes. Mais lorsque McClurg sortit de côté, il fut touché par des balles de 20 mm et évacué. Pohle se saisit de l’arme de bord tandis que Ackley conduisait le véhicule.

Au camp de base, au soir après le retour du peloton de chars, Bob Hansbury s’endormit à bord de son tank Tiny Tim et mourut à cause du monoxyde de carbone à l’intérieur de son habitacle, moteur allumé.

D’après les ordres reçus le2 décembre, la Cie A devait supporter l’avance de la 80ème division vers l’est avec la compagnie C attachée au régiment 318.

Le peloton retourna à Farébersviller le 4 décembre pour épauler la 4ème division blindée.

Pendant que le 1er peloton (first platoon) de la compagnie C avançait dans la localité, il reçut des tirs de 3 canons anti-chars localisés dans les forêts à l’est de Théding. Le premier obus endommagea un tank destroyer. Aussitôt, le reste du groupe blindé répliqua et expédia des tirs qui détruisirent les 2 AT guns et une mitrailleuse.






The Saar River offensive du 702ème bataillon blindé, surnommé Red Devils

     ……La ceinture des fortifications de la Ligne Maginot fut percée sans difficulté sérieuse le 25 novembre. Ce jour-là la Cie B tira sur un char localisé à Saint-Avold, mais comme on ne retrouva pas sa carcasse, il ne put être considéré comme une victoire. Un feu venu de l’arrière du moteur causa la perte d’un de nos tanks-destroyers du bataillon.

La Cie A du 702 entra dans le village de Farébersviller le 28 novembre mais elle fut forcée d’en sortir suite à une contre-attaque ennemie. Plus tard, nos forces revinrent avec de l’infanterie et des tanks en détruisant 3 MkV dans l’action. Notre poste de commandement était stationné à ce moment-là dans de vieilles baraques françaises d’une caserne à Saint-Avold, lesquelles avaient été occupées auparavant par le quartier-général de l’armée allemande….

Dans la matinée du 27 novembre, toutes les hauteurs au sud de Saint-Avold étaient entre nos mains et la défense ennemie de la ville s’était effondrée. Avec la fin de la défense de Saint-Avold, toute résistance organisée avait cessé jusqu’aux rives de la rivière Mauderback (= Mutterbach, Puttelange) que nos éléments avancés avaient atteintes. Là, le bataillon de reconnaissance de la 17. SS, utilisant la ville de Pfarpebersweiler comme fort point de résistance, réussit à arrêter notre avance…...

La contre-attaque ennemie du 28 novembre décima presque entièrement le 3ème bataillon du 317. Dans les combats à et autour de Farébersviller, 4 blindés qui accompagnaient le 3rd Bn furent détruits par les obus ultra-rapides, les obusiers et fusils d’assaut adverses. Un des tanks, un M4E2, reçut 9 tirs directs expédiés par un canon gonflé (souped-up) 75 installé à 200 yards, sans occasionner de perforations ni de dégâts…..

La Cie A du 702 fut à nouveau refoulée de Farébersviller le 29 novembre, déplorant 2 tués. Passées les tranchées du Westwall, la résistance ennemie s’accroissait au fur et à mesure que nous approchions des positions de la Ligne Siegfried avec une bataille qui était maintenant engagée dans le no man’s land situé entre les deux lignes fortifiées. Des ordres furent reçus le 2 décembre stipulant d’aider l’avance de la 80ème vers l’est avec la Cie C attachée au 318ème Régiment d’infanterie et au reste du bataillon tenu en réserve.

La Cie A couvrit l’avance de la Cie C dans Farébersviller le 4 décembre. Le 1er peloton de la Compagnie C, pendant qu’il avançait dans les rues du village, fut pris sous les tirs de trois canons AT situés dans les bois à l’est de Théding. Leurs premiers tirs endommagèrent un tank-destroyer mais aussitôt le reste du peloton exécuta un formidable feu qui réussit à détruire deux canons AT (anti-tanks) et un canon SP ennemis.

Au même moment, le poste de commandement connut une grande agitation à Saint-Avold. On pensa apparemment qu’un canon localisé au nord de la ville avait effectué des tirs sur le secteur, dont l’un était tombé sur l’endroit occupé par le Poste de commandement. Il s’avéra par la suite que c’était une time-bomb installée dans le voisinage. Une recherche approfondie fut faite dans les immeubles et chacun fut rassuré de savoir les maisons voisines vides. Cependant les recherches continuèrent et une nouvelle bombe à minuterie fut retrouvée….. ».

Distinctions reçues à Farébersviller pour actes de bravoure :

 

Le 28 novembre 1944, la compagnie de tanks dans laquelle oeuvrait le sergent Vincent P. Jones eut pour mission de jouer les éclaireurs dans un village défendu par l’ennemi. Chef de char, le sous-officier fut blessé lorsque son char fut touché par le feu adverse. Faisant fi de ses blessures, il continua l’action après avoir fait le nécessaire pour réparer son engin endommagé. Tard dans la nuit, lorsqu’un autre tank de la compagnie fut mis hors d’action, le sergent Jones déplaça son véhicule pour protéger l’évacuation de l’équipage du blindé ami. Jones, par sa constante vigilance, empêcha toute avance ennemie et fut d’une aide inestimable dans l’accomplissement de la mission. Récompensé par la Bronze Star (étoile de bronze).

2) Le 28 novembre 1944, le 1st Sergent John A. Suglio faisait partie d’une équipe de chars chargée d’attaquer une colline. Pendant l’assaut, l’un des tanks fut touché par un tir ennemi. Sans égard pour la sécurité de sa propre personne et avançant héroïquement face à l’intense feu provoqué par des mortiers, armes légères et tirs anti-chars adverses, Suglio avança vers le char endommagé et secourut aussitôt deux membres de l’équipage. Il transporta  également deux fantassins blessés vers un emplacement plus sûr, ce qui rendit possible leur évacuation vers un poste de secours.

Récompensé par la Silver Star (étoile d’argent).

3) 28 novembre 1944, village de Macheren. Les tanks quittèrent la localité à 4h 30, rencontrèrent ensuite une très âpre opposition.

4 tanks furent touchés par le feu ennemi. Le premier d’entre eux fut celui du lieutenant Croxton, atteint à 9 reprises. En descendant de son engin, le T/4 Schuck se tordit le genou. Le blindé du sergent Deem fut la seconde victime et Preston, son conducteur, fut instantanément tué. En sautant à terre, le reste de l’équipage fut pris sous les feux. Le sergent Deem fut blessé à l’abdomen. Connel fut capable de retourner seul à l’antenne médicale malgré sa blessure. Mac Kinney fut tué alors qu’il se trouvait déjà à moitié hors de la tourelle, le tank du S/sgt Larkin fut touché deux fois par des tirs directs. L’avant fut atteint par des shrapnels. Le tank de Gerber, bien que touché, ne souffrit d’aucun dégât. Le tank du lt. Croxton fut ramené en arrière par le T/5 Winbrow lorsque le brouillard descendit. Le 1st Sergent Suglio remonta la colline et ramena le sergent Deem et le Pfc Kirtley au poste de secours. Le peloton de chars du lieutenant Gifford fut envoyé à 8 h pour stopper une contre-attaque.

4) Le 29 novembre 1944, village de Seingbouse (Sengbusch). (D’après l’auteur, le village de Seingbouse a été libéré l’avant-veille. Il ne peut s’agir que de Farébersviller où eurent lieu de sanglants affrontements entre blindés). La section du lieutenant Gifford attaqua Fairhaven ?? (= Farébersviller) et, rencontrant un blindé allemand, elle tira sur lui à trois reprises à bout portant. Les obus rebondirent sur la carcasse et le char adverse disparut de la vue. Le lieutenant continua à tirer dans le village. Alors que l’officier commandant la section était parti pour plusieurs autres missions de reconnaissance, un blindé de couverture vint tirer le tank du sergent Deem de sa fâcheuse posture, mais il fut atteint par un tir d’artillerie qui le mit k.o. Se tenant tout près, le lieutenant Brittan et le T/5 Winbrow furent touchés par le feu ennemi. Tous les tanks se retirèrent à Macheren à 18 heures, lieu de la réserve divisionnaire ; les deux blessés étaient bons pour l’hôpital.

5) Le 28 novembre, la Cie de blindés dans laquelle servait le Cpl Calvin W. Krum eut mission de reconnaître les positions dans une localité fortement investie par l’ennemi. Durant la nuit, il y eut d’âpres combats ; le tank de Krum qui était tireur à bord, fut envoyé pour repousser la contre-attaque. Subissant un important feu de réplique ennemi tiré à courte distance, Krum tira en continu avec ses armes de bord et rageusement .Son engin ayant été touché à cinq reprises et mis hors de combat, le Cpl refusa de quitter son poste. L’effet dissuasif de son tank permit de prévenir l’avance ennemie et constitua une aide inestimable dans l’accomplissement de la mission.

Récompensé par une Bronze Star.

Voici la liste des blessés et des tués relevés pendant les combats, titulaires de la Purple Heart :

Brittan, lieutenant, W.I.A. (wounded in action = blessé dans l’action) Farébersviller,

Connell, caporal, W.I.A., Farébersviller,

Deem, sergent, W.I.A .to K.I.A. (killed in action = mort en action) Farébersviller,

Kirtley, Pfc, W.I.A. Farébersviller,

Larkin M, S/sergent, W.I.A/K.I.A Farébersviller, O.L Cluster (groupe ?), Kehmen, tank lost (tank perdu),

Mac Dermott, capitaine, W.I.A. Argentan-Bezaumont-Theding, (mont de Théding?)

Mac Guffin, Pvt, W.I.A. Farébersviller,

Mac Kinney, Pfc, M.I.A. (missed in action= disparu) to K.I.A, Farébersviller,

Pertschi J, T/4, W.I.A., Farébersviller,

Preston T/5, W.I.A. to K.I.A. Farébersviller,

Schoch, T/4, W.I.A., Farébersviller,

Szep, Pfc, W.I.A, Farébersviller,

Winbrow, T/5, W.I.A, Farébersviller.

Vers la fin du mois de novembre, la compagnie était positionnée à Guenviller. Devant  l’insuccès de la marche en avant, la Cie A fut employée dans des attaques lourdes effectuées tard dans le mois. Elle fit route vers l’est avec le 317ème régiment le 28 novembre et accompagna l’assaut du 3ème bataillon sur et dans Farébersviller.

Dans la nuit du 28, les Allemands contre-attaquèrent la position américaine établie dans le village et décimèrent pratiquement le 3ème bataillon. La «A » contre-attaqua en retour et rétablit les lignes. Dans les combats dans et autour de Farébersviller, 4 de nos tanks furent touchés par nos très rapides armes, fusils d’assaut et armes anti-chars. L’un de ses tanks, un M4E2s, reçut 9 coups directs tirés par un canon de 75 établi à 200 yards sans aucune pénétration ou dégât quelconque. Le 29, la compagnie retourna à Macheren où elle resta jusqu’à la fin du mois.

4 décembre 1944 à Machern (Macheren), France (Q30-56). Les tanks quittent le lieu à 7 heures pour l’attaque. Un lieutenant prend la place du sergent Brown comme chef de peloton et commandant en chef. Les tanks traversent un pont avant l’aube. Le 1er sergent Suglio et le T/5 Rider aperçurent le corps du Pfc Mac Kinney…..

L’infanterie du 2ème Btl du 318 démarra à 7 h mais les tanks eurent besoin d’un pont pour traverser le ruisseau avant de pouvoir être efficaces sur le terrain. C’est le lieutenant Nelson du 3th Platoon de la Cie B qui participa avec ses hommes à la capture de Farébersviller et prit le village à 9 h.

Les deux compagnies de chars traversèrent le ruisseau à 10h 20 et furent immédiatement embarquées pour développer l’attaque vers l’est. A 11h, la Cie A atteignit Théding, la Cie B prit Cocheren à 14h 30. Durant la reconnaissance effectuée par la A sur la colline dominant Théding, le capitaine Mac Dermott (Silver Star le 30 nov.) fut sérieusement blessé par un tir de mortier et c’est le lieutenant Gifford qui prit le commandement de la compagnie. Durant cette action, 135 Allemands furent faits prisonniers et 3 canons anti-chars détruits. La Cie B se dirigea le lendemain sur Théding, la A retourna à Macheren.

5 décembre 1944 à Machern, France (Q30-56). Les tanks revinrent à Macheren après avoir rempli leur mission. Le capitaine Mac Dermott, blessé dans l’engagement, a été hospitalisé.

Glantz, Barr, Mahlon et Murphy sont de retour de l’hôpital et se retrouvent en service. Le lieutenant Gifford prend aujourd’hui, en supplément, le commandement de la Cie A. La compagnie des tanks D retourna à sa propre aire de stationnement. Des gars, ayant passé par Paris, nous sont revenus. Le 2nd Calvary group, rattaché à la 80ème division U.S. nettoya le reste de la 36ème Grenadier division à Freyming, Merlebach et Rosbruck…..

6 décembre 1944 à Machern, France (Q30-56). Placés en 1er échelon, les hommes d’équipage font la maintenance de leurs tanks. Le lieutenant McNel revient à la compagnie après s’être reposé dans le Service Company. Le lieutenant Gifford et le 1st sergent Suglio ont vu le capitaine Mac Dermott partir pour les States : il n’est pas trop méchamment atteint.

7 décembre 1944 à Machern, France (Q30-56). Le T/5 William F. Hughes a été transféré de la Cie C à la A par ordre verbal émanant de l’officier commandant à partir d’aujourd’hui. Le T/4 Orlando N. Barr est parti à l’hôpital pour des ennuis d’estomac. Tous les tanks ont été recouverts de nouvelles housses aujourd’hui. Des mitrailleuses de calibre 50 ont également été testées, elles fonctionnent bien. La compagnie s’apprête cette nuit à partir pour Lachambre, France.

Robertson est relevé de service à la compagnie A et il a été envoyé à l’arrière, à la compagnie de service…..

 

Ndr : En compulsant la suite du rapport journalier, nous apprenons que les chars passent un check-up de santé (entretien intérieur et extérieur), que les armes sont nettoyées. Les hommes prennent leur douche, certains passent chez le coiffeur. Le 9 décembre, toujours à Lachambre, ils perçoivent trois repas chauds, les officiers reçoivent une ration de whiskey, les paquetages sont complétés. Le 10 décembre, les hommes assistent à la messe célébrée par la padre à l’église paroissiale, reçoivent du linge propre et passent à la douche. Arrivée du dentiste le lendemain. Une voiture de la Red Cross (Croix-Rouge) distribue du café et des beignets. 50 gars vont assister à un spectacle (USO show) sur la base de repos du 317ème Régiment. 5 boys partent tous les jours à Nancy. La party du 12 décembre, en présence d’ambulancières de la Croix-Rouge, connut un grand succès (bière et poulet). Après son speech, le colonel Talbot s’essaya au chant…

Le 13 décembre, toujours à Lachambre, les tanks firent une démonstration aux fantassins du 317 qui grimpèrent et s’accrochèrent sur les engins, exercice qui leur plut beaucoup……

 

Une semaine plus tard, les tankistes étaient en route vers les Ardennes…..

                                                                                                                                                              




U.S. Air Force

XIXème  Commandement Tactique Aérien

Rapport après interventions / Rapport par la IIIème Armée U.S.

OCTOBRE:

Le 358ème Groupe a anéanti un pont de chemin de fer près de Bettingen et note avoir démoli ou endommagé 10 locomotives et 157 wagons.

Résultats aériens et au sol mois d’octobre 1944


Après trois semaines de combats de rue difficiles, la ville de Maizières fut nettoyée de l’ennemi, alors que dans la zone du XIIème Corps aucun changement ne fut signalé.

Le 31 octobre, 80 sorties aériennes eurent lieu. Les seules missions couronnées de succès furent celles exécutées par le 405ème Groupe qui a attaqué un dépôt de ravitaillement près de Saarburg, détruisant tous les bâtiments dans le centre et de nombreux autres à chaque extrémité.

NOVEMBRE:

généralités

Pendant tout le mois de novembre, les chasseurs-bombardiers du XIXème Commandement Tactique Aérien subirent des immobilisations à cause du mauvais temps, un ennemi plus important que les Allemands.

Il n’y eut que 11 jours corrects pour le vol ; le reste consista en 5 jours partiellement opérationnels et 14 jours entièrement non-opérationnels.

Activité aérienne ennemie

L’aviation allemande apparut moins fréquemment durant ce mois. Ceci peut être attribué à deux facteurs essentiels :

1- l’avance de la 3ème Armée, qui commença le 8 novembre à forcer l'ennemi à se replier de ses aérodromes avancés et à un retour à grande échelle vers le Reich.

2- les Allemands étaient en train de construire leur force de frappe en vue de leur contre-offensive prévue pour décembre.

FLAK  

Nos pertes en avions furent anormalement élevées et la plupart d'entre elles sont dues à la FLAK. La défense contre-avions ennemie, comme les mois précédents, était intense. De plus, avec l’avance de la 3ème Armée U.S., un plus grand nombre de missions a été faite au-dessus d’un front en activité 1 où la FLAK était plus concentrée.

Les chef d’escadrons ne pouvaient pas être informés entièrement sur ces zones, mais devaient voler en étant soumis aux exigences de la situation au sol. Les pertes furent de 62 avions contre seulement 31 en octobre.

Prélude à l’attaque

Deux escadrons du 358ème groupe firent tomber 16 bombes de 500 livres sur un dépôt de ravitaillement au sud-est de Sarreguemines, détruisant 12 bâtiments et allumant un énorme incendie. Des rapports complémentaires parlaient de la destruction de 2 locomotives, 50 véhicules de transports, 2 transports motorisés et d’une position de mitrailleuse de 20mm ; 1 locomotive et 40 véhicules de transport furent endommagés. Pendant ce temps, un autre escadron a bombardé un lieu de rassemblement et de nombreuses batteries de canons situés plus à l’est.

Le 406ème Groupe, bombardant en piqué sur un dépôt de ravitaillement et de munitions au nord-ouest de Haguenau provoqua des explosions de munitions, coupa des voies ferrées et détruisit une rampe de chargement de locomotives.

L’interrogatoire de prisonniers avait révélé que le poste de commandement de la 17ème Division Blindée SS était situé à Peltre. Le 405ème Groupe a bombardé cet endroit à partir d’une faible hauteur et a signalé d’excellents résultats.

Ceci fut vérifié plus tard au cours du mois, quand des prisonniers capturés par la 5ème division d’Infanterie confirmèrent la destruction complète que nos chasseurs-bombardiers avaient réalisée. Des bâtiments logeant G2 et G3 furent complètement détruits. La conduite principale d’eau fut cassée et des papiers indemnes après l’explosion ainsi que des débris qui s’éboulaient furent emportés par les flots. Peu de papiers purent être sauvés. Des prisonniers étaient présents quand 5 cadavres furent trouvés sous les décombres, et l’un des prisonniers était certain que le G2, Le Cocq, était resté sous les débris et inscrit comme étant manquant. Le contrôle ultérieur par les observateurs au sol confirmèrent les affirmations de destruction, et cette attaque fut sûrement en partie responsable de la confusion ennemie pendant l'avance de la 3ème Armée U.S..

Depuis qu’une forte concentration de bombes doit être lâchée sur un objectif très petit, chaque membre de la force d'attaque s’en imprègne complètement. Chaque pilote doit examiner toutes les photos disponibles ainsi que les dessins de l’objectif dans le but d'assurer un maximum de coordination. Les bombes devaient être larguées à 15 degrés au-dessus de l’objectif. La rédaction des documents a été complétée ; les ingénieurs ont obtenu le matériel de rédaction nécessaire et l’aviation était assemblée pour l'action.

Le 20 octobre, le Commandant de l’Armée donna le signal "ALLEZ-Y" en vue de rompre le barrage. Le travail était réalisé par le XIXème Commandement Aérien Tactique, comprenant le 362ème Groupe. C’est la première fois que les Thunderbolt furent affectés à une telle mission afin de déterminer les capacités de chasseurs-bombardiers pour ce type d’objectif. Par conséquent, ils furent accompagnés d’avions de reconnaissance qui prirent des photos avant, pendant et après le bombardement.

L’attaque fut entièrement couronnée de succès. Les P47 plongèrent de 7 000 à 100 pieds dans une FLAK intense, en lâchant leurs bombes sur le barrage et ensuite mitraillèrent les positions de la FLAK. Le barrage fut rompu par au moins 6 coups au but de bombes de 1000 livres. La rupture s’étendit sur près de 90 pieds et des inondations furent bientôt observées sur les basses terres et celles entourant la ville de Dieuze.

L’inondation était si complète et réalisée à un moment si décisif, que de nombreuses unités étrangères furent piégées et capturées par la suite. Des blindés allemands s’enlisèrent et la mobilité générale de beaucoup d’unités fut réduite. Des prisonniers, attrapés plus tard, racontèrent que certaines unités, se déplaçant latéralement, ont été forcées de se retirer vers l’arrière dans le but d’atteindre des points éloignés seulement de quelques miles. Le plan de manoeuvre allemand tout entier dans cette zone a été perturbé. Le résultat de cette opération de laquelle tous nos avions revinrent sains et saufs, fut que la IIIème Armée a été en mesure de réaliser son attaque à objectif limité, complétée avec succès 3 jours plus tard.

Pendant ce temps, les autres groupes de chasseurs-bombardiers continuaient de marteler des objectifs de chemins de fer et coopéraient avec des troupes à terre. Un total de 245 sorties fut atteint le 20 octobre ; 12 locomotives et 104 wagons furent détruits ou endommagés.

Neuf missions d’escadrons ont été effectuées par le 405ème groupe, trois d’entre elles en coopération avec les XIIème, XVème et XXème Corps. Ils ont bombardé et mitraillé des convois, des bâtiments, des ponts et des concentrations de troupes et mirent le feu à un petit pont. Un avion fut touché par la FLAK et atterrit sur le ventre à l’est de Pont-à-Mousson. Un observateur du XIIème Corps d’Artillerie vit le pilote s’échapper de l’avion et il vit au même instant des troupes ennemies qui s’approchaient, venant des forêts voisines. Le Corps d’Artillerie détruisit l’avion avant que l’ennemi ne puisse s’en approcher. Une autre démonstration de la bonne collaboration air-sol.

Les pertes de la journée furent de 3 chasseurs-bombardiers et de 2 pilotes.

Des chasseurs-bombardiers assistent une attaque

L’assèchement de l’étang de Lindre était en cours conformément au plan, et, le 21 octobre, le XIIème Corps d’Artillerie de la 26ème Division d’Infanterie lança une attaque à objectif limité dans les environs de Moncourt, à 22 miles à l’est de Nancy. Le 405ème Groupe du 11ème Escadron, coopérant, lança 10 bombes de 500 livres sur la moitié ouest de la ville et 19 bombes à fragmentation sur une forêt qui fut aussi mitraillée. Le commandant de division était enchanté par le « soutien aérien superbe » réalisé et le contrôleur au sol déclara que ce fut une « excellente mission ».

Des nuages bas, de la pluie et une faible visibilité continuèrent à limiter les opérations et, le 22 octobre, seulement 11 missions comprenant 152 sorties ont pu être faites.

Des "armes secrètes" ennemies apparaissaient par moment, bien que leur puissance mortelle variait. Une espèce a été signalée par un civil français qui raconta avec tout le sérieux au G2 de la 3ème Armée US qu’il avait vu des formations de pigeons à l’allure suspecte. Il affirmait avoir vu pendant 3 jours successifs des formations de 4 pigeons volant sur la même direction, dans la direction moyenne de Conflans vers Metz, aux environs de 8h 30 chaque jour.

Des conséquences n’ont pas été observées.

Le 405ème groupe fut envoyé pour attaquer des ponts de chemins de fer près de Haguenau. Le mauvais temps a empêché l’opération, mais un escadron réussit à couper les rails aux deux extrémités de l’objectif. Au cours d’une attaque suivante dans le même secteur, ils détruisirent 10 locomotives et un nombre égal de véhicules.

Au sol, des éléments du XXème Corps se battaient violemment à Maizières où la possession d’une école était amèrement contestée.

Un bon progrès avait été fait par le XXème Corps au voisinage de Dieuze. Mais l’activité aérienne faisait défaut. Des nuages bas et une mauvaise visibilité forcèrent tous les chasseurs-bombardiers au sol le 27 octobre, pourtant les avions de nuit avaient été capables de faire 14 sorties sur les objectifs prévus, avec de bons résultats.

Le 28 et 29 octobre, les nuages se levèrent et nos avions ont été en mesure de passer les deux meilleures journées du mois. Des objectifs de voies ferrées furent à nouveau attaqués le 28 octobre, les chasseurs-bombardiers firent 241 sorties et annoncèrent la destruction ou des dommages sur 33 locomotives, 249 wagons, 6 ponts et 10 positions de canons.

Le même jour (29 octobre), la force aérienne ennemie se montra une fois, interrompant le 262ème Groupe du 378ème Escadron alors qu’il bombardait un dépôt de ravitaillement à Baumholder. Les P47 annoncèrent avoir abattu 8 avions sans aucune perte. Les autres escadrons attaquèrent avec succès des postes de commandement ennemis à Boulay et à Saint-Avold et détruisirent ou firent des dommages à 3 locomotives, 30 wagons, 4 véhicules motorisés et 3 batteries de FLAK.

Le 11 novembre, le temps a permis de faire 162 sorties de chasseurs-bombardiers, la plupart en coopération avec les troupes de la IIIème Armée qui avançaient. Le 406ème Groupe du 512ème Escadron, travaillant avec le XXème Corps, récupéra un convoi de 25 à 30 chars près de Thionville, les arrosa de bombes, de bombes à fragmentation et de napalm suivi d’un traitement à la mitrailleuse et déclara que 10 étaient détruits et 15 endommagés. Le 513ème Escadron attaqua un point fort souterrain dans le même secteur que les unités au sol avaient marqués avec des repères de fumée. Et le contrôleur du Corps déclara plus tard : « Bon travail ».

Appuyant le XIIème Corps, le 405ème Groupe accomplit 3 vols en mission d’escadron couronnés de succès bombardant et mitraillant des blindés, des concentrations de troupes, des positions de canons et des transports. Ils mirent aussi en flammes une partie de Morhange. Trois avions et pilotes furent perdus à cause de la FLAK.

Le 318ème Groupe eut un jour exceptionnel de mitraillages et de bombardements dans la zone du XIIème Corps, détruisant 38 batteries d’artillerie tirées par des chevaux, 53 transports militaires et 7 bâtiments d’usine.

La IIIème Armée US continuait d'avancer, encerclant fermement Metz et agrandissant des têtes-de-pont sur la Moselle. Le XIIème Corps poussait à travers la Forêt de Château-Salins, la nettoyant des troupes ennemies, des éléments de tête ayant atteint la zone de Dieuze. Une pluie intense et du brouillard enveloppèrent les aérodromes les 12, 13 et 14 novembre, obligeant l’annulation de toutes les opérations des chasseurs-bombardiers.

La  IIIème Armée US enlève les premiers forts de Metz.

L'encerclement de Metz fut fait rapidement et le 13 novembre, le fort Koenigsmacker, l’un des grands ouvrages de ce puissant bastion, tomba aux mains de la 90ème Division d’Infanterie dépendant du XXème Corps. Deux autres forts près de Verny, dans la zone de la 5ème Division d’Infanterie, tombèrent sans effort et dans les jours suivants environ 10 forts de Metz furent entre nos mains.

Pendant que les éléments blindés et d’infanterie avançaient au sud-ouest de Metz, elles coupèrent les lignes de communication de la ville. L’attaque faite par la 3ème Armée est devenue une offensive générale sur le front de l’Ouest, le long de la Hollande vers la Suisse, et les 9ème et 1ère Armées US attaquaient avec l’aide de la plus forte et proche collaboration d’attaques de bombardement de toute la guerre. Les forces de Général Patton avaient atteint les banlieues de Metz et avaient resserré le trou de repli pour l’ennemi qui se retirait déjà à 5 miles.

Accélérant le rythme des opérations le 19 novembre, les chasseurs-bombardiers firent 403 sorties en annonçant la destruction ou l’endommagement de 56 locomotives et de 429 wagons.

Coopérant avec les XIIème et XXème Corps au cours de 8 missions d’escadron, le 405ème Groupe toucha les villes et les concentrations de troupes. Un convoi sur rails chargé de troupes ainsi que des troupes en marche furent mitraillées près de Sarreguemines et des villes tenues par l’ennemi furent mitraillées. Un escadron attaqua de nombreux chars dans une forêt au nord-est de Dieuze. Le contrôleur au sol signala : « Résultats excellents ».

Des objectifs ayant un air innocent étaient trompeurs : deux meules de foin furent mitraillées et l’une explosa.

Metz tombe.

L’intensification des opérations aériennes a aidé à accélérer l’offensive de la IIIème Armée. Les troupes du XXème Corps s’approchaient de Metz par le nord et le sud et étaient déjà en train de se battre dans les rues de cette "imprenable" ville.

L’ennemi essaya de résister, accroché au système complexe des forts. Il fut bouleversé entre le 15 et le 20 novembre quand une tenaille formée par la 5ème Division d’Infanterie venant du sud et la 95ème Division d’Infanterie venant du Nord encerclèrent l’est de la cité, piégeant environ 4 à 5 000 hommes.

Le 19 novembre, l’encerclement était complet. Au nord-est de Metz, d’autres éléments étaient entrés dans les faubourgs de Dieuze.

Une pluie continue et des nuages bas bloquèrent toutes les missions pendant les 3 jours suivants et il n’y eut pas d’opérations effectuées par les chasseurs-bombardiers les 22, 23 et 24 novembre.

La  IIIème Armée US continua de progresser vers l’avant au nord de Merzig, alors que dans le secteur du XIIème Corps, des avancées menaçaient Saint-Avold et la jonction fut faite avec la VIIème Armée US qui était en progression. Une nouvelle attaque le jour du 26 novembre amena de nouveaux avantages : la jonction de route importante vers Boulay fut prise.

Bien que gêné par un terrain accidenté, la IIIème Armée avança tout le long de son front. La capture de Saint-Avold, un point clef des défenses allemande couvrant le bassin de la Sarre, fut signalée par le XIIème Corps le 27 novembre et dans la zone du XXème Corps, les forts de Verdun et Privat furent pris, ne laissant que 4 forts de Metz qui résistaient encore. Vers la fin du mois, la rivière Sarre fut traversée et la ligne Siegfried a été attaquée. Les éléments de tête étaient à 3 miles de Saarlautern ; Homburg fut capturée et l’Armée tenait un front continu de 25 miles dans le territoire allemand.

Résultats d’attaques du XXème Commandement Tactique

1er au 30 novembre 1944


Autres statistiques

    Surfaces militaires attaquées : 50

               Concentrations de troupes attaquées : 45

Terrains d’aviation attaqués : 6

                                                   Sorties : 3 509

                                                   Tonnage de bombes : 942




Reporters de guerre et journalistes

Le 26 novembre 1944, le New York Times titrait : « Après avoir ouvert une brèche géante dans la Ligne Maginot par la prise de dix de ses forts, les éléments de la de la 80ème ont continué tout droit au travers des passages aujourd’hui, et cette nuit, ils se situaient sur trois flancs de Saint-Avold, un centre de communications. Les troupes se trouvent à 3 miles (4,82 km) au-delà  de la Ligne Maginot, et à 4 miles (6,43 km) de la frontière allemande ».

« La 80ème est à présent en position de force avec son artillerie lourde tirant à l’intérieur du Reich depuis les crêtes entourant Saint-Avold, tandis que l’infanterie menace la ville elle-même.

Une heure un quart après l’attaque de la Ligne Maginot, le premier fort fut pris. C’était le Fort de Bambiderstroff. Lorsqu’il tomba, la fissure dans le mur commença à s’élargir. Il y avait une résistance considérable et les tirs de mortier étaient particulièrement lourds.

L’un des points les plus forts au début de l’attaque était le Fort Quatre-vents, au sud-ouest de Saint-Avold. Les canons de ce fort avaient établi un barrage avec balayage de tirs de mortiers, mais qui ne semblait pas pouvoir tenir la cadence, parce que la pression était maintenue des trois côtés à la fois. Il fut pris d’assaut avec succès peu après la chute de Bambiderstroff, et ce fut le début de la fin pour toutes les fortifications principales de ce secteur particulier de la célèbre Ligne Maginot. La plupart des forts comme les 3 du groupe Einseling étaient rassemblés avec des casemates en béton avancées pour mitrailleuses. Chacun d’eux était capable de couvrir l’autre par des tirs entrecroisés.

Bien que l’attaque fût rapide et spectaculaire, et portée avec l’effet de surprise, la bataille fut âprement disputée sur un terrain difficile, parsemé de pièges. Il y avait des champs de mines un peu partout et des pièges à chars, des fossés et des barrages routiers complexes.

Le 26 novembre 1944, l’attaque se poursuivit et les collines 345, 322 (Q1959) et 405 (Q1759) furent prises ainsi que Longeville-lès-Saint-Avold (Q2058).

Lundi 27 novembre

A 14h30 nous nous dirigeâmes vers Longeville, 19, rue Vieille. C’est là que le commandant Leblanc vint pour un bain chaud et un récital de piano. C’était la première maison que nous trouvions avec une baignoire et des toilettes qui fonctionnaient. Nous n’y passâmes qu’une nuit. Notre territoire englobait le fort de Bambiderstroff.

Là, nous avons entendu dire par quelques individus que généralement les catholiques étaient pour la France, les protestants pour Hitler. Les résidents avec lesquels nous parlâmes étaient satisfais d’avoir De Gaulle pour chef, mais se montraient timides, après une longue période de domination, pour prendre position.

Monsieur Mouth, chez qui je vivais, avait été prisonnier des Allemands de juin à août 1944. Il me dit qu’il avait eu les mains liées ensemble, les yeux  bandés, et qu’ensuite il avait été obligé de faire des exercices contre un mur 5 heures durant. Il avait été arrêté parce qu’en tant que membre du Conseil il était contre les Allemands, et secrètement membre des F.F.I..

Monsieur Fougerousse de Longeville fut emprisonné de novembre 1943 jusqu’à septembre 1944. Il rapporte que les prisonniers devaient attraper des puces toute la nuit durant. Leurs quotas étaient d’un minimum de 10 000 pour la prison, 3 000 pour une chambre. Si les hommes n’attrapaient pas le nombre requis et ne les collaient pas sur un papier, ils étaient attaqués par des chiens. Monsieur Mouth fut mordu par un chien.

Dans son agenda du 26 septembre 1941, le Comte Ciano dit : « Parvenant encore d’autres secteurs, des échos concernant des chiens attaquant nos ouvriers en Allemagne parvinrent jusqu’au Duce. Il en fut ébranlé et troublé. Toutes ces choses ne peuvent que provoquer une haine tenace. Je peux attendre de longues années, mais finalement je dois trouver une solution à ce compte-rendu. Je ne peux permettre que ces fils issus de la race qui a donné des César, Dante et Michel Age à l’humanité puissent être dévorés par des chiens appartenant à des Huns ! ».

Monsieur Savera Moutier, 24 ans de Meurthe et Moselle, fut attaché à son lit par les mains et les pieds dans une prison allemande, et après avoir souffert deux mois durant, fut abattu pour avoir essayé de desserrer les cordes. Monsieur Fougerousse en fut témoin.

Progression de la guerre :

Débordant avec force les positions tenues, la 80ème traça un large sillon à l’avant de la 27ème, capturant la ville-clé de Saint-Avold (319ème), anciennement quartier-général allemand, centre des communications et noyau charbonnier de la machine de guerre nazie.

Joseph Driscoll du New York Herald Tribune écrivit : « Saint-Avold avait été plus importante que sa population ne le laissait entendre. En raison de sa position-clé, les Allemands y avaient établi leur état-major sous le commandement du Général Blaskowitz, qui eut pour successeur le général Balck ». (Balck et son armée rendirent finalement les armes au Général Mc Bride alors que la guerre s’achevait).

A Indiantown Gap, en Pennsylvanie, se trouve un monument offert par la population de Saint-Avold dédié à la 3ème armée pour la libération de cette ville en novembre 1944.

Mardi 28 novembre : A 14h 30, nous nous dirigeâmes vers Saint-Avold pour une installation temporaire au 3ème étage d’une grande caserne pour la nuit. Cette caserne était celle où explosa plus tard une bombe à retardement. Nous reçûmes des côtelettes de porc chaudes à 20h 30. Un courrier local considérable fut ramassé. Le courrier militaire fut transmis au G2 (2ème bureau chargé de renseignement), le reste au C.A.O.

Quelques 80 à 100 jeunes Français qui avaient prêté serment dans l’armée allemande veulent rentrer dans l’armée française. Il y a quelques Russes. Nous avons reçu l’ordre de partir dans la matinée.

Deux aviateurs américains descendus près de Marange-Zondrange (à l’ouest de Longeville) furent tués par un Allemand du nom de Hirschspiegel, un gendarme de la caserne de Longeville-lès-Saint-Avold. Il fut rapporté que les deux Américains furent enterrés près de Fouligny (au nord-ouest de Faulquemont). Monsieur Wourms dit que les Allemands transportaient des troupes et de la nourriture à bord des véhicules de la Croix-Rouge.

On a dit qu’ils avaient déplacé dix membres de la Gestapo à Neustadt près de  Ludwigshafen, et des S.A. de Longeville à Wallerfangen (domicile de Herr von Papen).

Le quartier-général de la Gestapo à Saint-Avold se trouvait dans la rue Hermann Goering, près du palais de Justice. Il fut également rapporté qu’il y avait 1 800 gendarmes motorisés à Longeville. Ils montaient la garde sur un périmètre restreint, réquisitionnaient des maisons et recherchaient des Français libres.

Progression de la guerre

La 80ème tira ses premiers tirs d’artillerie vers l’Allemagne. Le poste de commandement de la 80ème se trouvait à Saint-Avold en Moselle.

Les villes Guenviller (Q3156) à l’est de Saint-Avold, Hombourg-Haut (Q2959) au nord est de Saint-Avold, Hellering (Q3058) et Hombourg-Bas (Q3059). Le 317ème rencontra une forte résistance aux abords de Farébersviller, un endroit sensible à l’est de Saint-Avold.

 

Mercredi 29 novembre : Le CIC (Counter Intelligence Corps – service de contre espionnage) se trouve à Seingbouse, à l’est de Saint-Avold. Un homme, portant une vareuse anglaise, rapporta que beaucoup de civils dans la région portaient des uniformes anglais ou un élément de ces uniformes. Cet après-midi, nous nous sommes dirigés vers Guenviller, comme le fit le CIC. Nous tenons Théding au nord-est de Farébersviller ; (Eaton), Tenteling plus loin à l’est (manifestement une erreur de chronologie, Ndr) ….. Je vis maintenant chez le S4 et le S1 (Intelligence Officers – Officiers du renseignement). Degner est revenu de son voyage à Paris.

Progression de la guerre :

La 80ème a traversé la Ligne Maginot. Il fut rapporté que les Allemands avaient commencé à recruter pour le Volksturm à Farébersviller depuis environ deux semaines. Le 318ème relava le 317ème à Farébersviller. Permington dit  que le 317ème était tombé dans une  embuscade.

 

Mardi 30 novembre : Monsieur Derbach, maire de Hombourg-Haut et Bas, Guenviller et Marienthal, avec Monsieur Karp, chef de groupe, s’opposèrent aux Allemands et tentèrent de préserver les gens hors du Volksturm. Alfred Torteling, le forgeron de Guenviller, fut mis en prison pour 5 mois pour avoir dit en français : « Les Américains arrivent et les Allemands devront faire 100 km par jour pour se tenir hors de leur portée ». L’homme qui l’avait dénoncé fut tué par un obus à Saint-Avold. Les gens d’ici disent qu’ils sont heureux que les Américains soient là. Nous avons fait une fête pour l’anniversaire du Major Leblanc. Nous étions à Seingbouse
et à Henriville au sud-ouest de Farébersviller, où il y avait encore quelques combats. Le recrutement pour le Volksturm continuait aussi à Théding et Cocheren, au Nord-est.

De plus en plus de gens que nous rencontrons parlent allemand. Monsieur Ernesson me demande d’obtenir des nouvelles de ses parents au Luxembourg, les Renson. A ce moment-là, je ne pensais jamais me retrouver un jour au Luxembourg. Mon cousin, Robert Pearson, est à présent en Hollande.

En novembre, James S. Plant, directeur de l’Institute of Modern Art de Boston, a été nommé Directeur de l’Art Looting Investigation Unit de l’O.S.S. Plus tard, il écrivit une série d’articles sur «le pillage de la race des maîtres » pour The Atlantic.

Progression de la guerre :

La 80ème avança de 8 miles (12,87kms) en 6 jours et captura 3 943 prisonniers de guerre pour un total de 9 237 à ce jour. Le Reich fut pilonné pour la 1ère fois dans le théâtre européen des Opérations (ETO) par le 313ème bataillon FA (Field Artillery-Artillerie de campagne). En octobre et novembre nous eûmes du mauvais temps. Durant novembre, il tomba 6,95 inches (17,65 cm ) de pluie. Il en était tombé 7,2 inches (18,28 cm) en octobre.

En territoire nazi

Hitler demanda les prévisions météorologiques. Il désirait savoir quand la R.A.F. serait clouée au sol pour mieux connaître la ligne de conduite établie entre les Américains et les Britanniques (Bataille des Ardennes).

Le ministre Speer rapporte: « Si le trafic ferroviaire continue de décliner, il résultera un désastre dans la production dont la conséquence sera décisive ».

 

Vendredi 1er décembre : Nous étions à Quenvillers (=Guenviller). Nous avons récupéré un moteur afin de réparer une machine à fabriquer de la farine qui n’avait pas été utilisée depuis deux ans. Il a été remarqué que les Américains entrent dans les maisons sans frapper ; quand les civils ouvrent les portes, ils trouvent un soldat dans la pièce. Les Américains ne font pas toujours bonne impression à en croire le chapelain qui loge habituellement chez le prêtre qui a reçu des plaintes de ses compatriotes. (Le commandant dit : « Certains individus peuvent faire mauvaise impression, mais pas tous les Américains dans leur ensemble. En comparaison de l’attitude des Allemands, les Américains sont des gentlemen ».

Les gens ici sont amicaux, beaucoup sont reconnaissants pour le changement apporté par l’arrestation de la famille M….

 

En territoire nazi

Hitler et Szalasi, le chef du nouveau gouvernement fantoche hongrois, eurent une longue conversation en décembre 1944. (En janvier, Szalasi s’enfuit en Autriche, emportant des objets de valeurs avec lui). On demanda au Général Studen de fournir 1 200 hommes pour constituer une unité spéciale.

 

Samedi 02 décembre : Avons passé la majeure partie de la journée à Saint-Avold. Le capitaine Crane de la Section G5 du 12ème corps nous rendit visite. Les gens ici parlent très bien allemand, mais dans la plupart des cas ils parlent encore un bon français, particulièrement les plus vieux, selon Dujardin. Nous avons capturé un prisonnier de guerre allemand en vêtements civils. Quelques personnes de la localité sont entrées dans la maison où nous nous trouvions aujourd’hui afin de prendre, dans les caves où ils s’étaient cachés, des pommes de terre, des disques de chants d’église, des bibles et des livres de prières. L’un des hommes était très pâle et livide et nous apprîmes qu’il était resté caché 14 mois dans un réduit aménagé sous le plancher et dissimulé par une grande armoire, afin qu’il ne soit pas trouvé par les nazis. Même le maire ignorait qu’il était encore dans les parages.
Dans la nuit du 02 décembre, le lieutenant G.D. Goerke partit en patrouille et par son habileté et son esprit d’entreprise, réussit à obtenir des informations précises sur la façon de passer à gué ou de jeter des ponts sur une rivière qui formait jusqu’alors un obstacle à notre avancée. Les données qu’il rapporta furent à la base d’une attaque qui permit au 318ème de traverser la rivière avec succès et d’atteindre l’objectif désigné.

Progression de la guerre

La 5ème division d’Infanterie se trouvait sur notre gauche, la 6ème blindée sur la droite. Le 12ème corps trouva une lettre écrite le 30 octobre 1944 concernant les unités spéciales allemandes parlant anglais.

Sur territoire nazi :

James R.Scott dit que les prisonniers de guerre recevaient un repas chaud par jour, comprenant de la soupe avec des pommes de terre, des pois et de l’orge ou de la farine d’avoine. « Et puis, nous recevions le 6ème d’une miche de pain par jour, et un carré de beurre, ce qui n’est pas assez.

Les cigarettes sont si rares que nous nous contentons de celles données par la Croix-Rouge, paquet par paquet ».

Dimanche 03 décembre

Nous nous trouvions à Quenvillers. Il y a eu une messe aujourd’hui, des offices différents pour les militaires et les civils. Il y a de nombreuses photos dans la maison où nous séjournons illustrées par des membres de l’armée allemande. Beaucoup dans cette communauté sont des membres obligés de l’armée allemande.

Le Colonel Mc Vikar inspecta la position de la compagnie Cannon.

Progression de la guerre 

La 6ème Division blindée releva le 2ème bataillon au sud-est de Henriville (Q3656).

Des bombes à retardement laissées par les Allemands explosèrent à Saint-Avold entre 17h 30 et 18h 30. Le 633ème Bataillon d’Artillerie antiaérienne (Aircraft Warning- Alerte aérienne) qui avait fourni des batteries anti-aériennes à la 80ème, se trouvait dans le bâtiment où nous étions situés auparavant. Plusieurs hommes furent tués là. Cet endroit est à présent un lieu de repos pour la 80ème. Une bombe fut découverte dans un appareil à gaz. Des sacs de paquetage de la 80ème furent soufflés par une autre de ces bombes.

 

Lundi 04 décembre. Nous arrivâmes à Farébersviller à 10h 45 et nous nous installâmes dans la maison n° 195. Un homme âgé de 60 ans, qui avait été renvoyé par les Allemands, a été nommé maire. Il fait froid et il pleut.

Je loge toujours avec le S1 (officier de renseignements), le service de contre-espionnage est avec moi. H.A. Bloch de notre section a été promu Capitaine. Les gens ici sont pétrifiés de peur, ils sont tous dans les caves. Les Allemands vivaient dans cette maison neuve. Ils avaient mis de la paille sur les planchers. Nous sommes arrivés ici ce matin après nous être arrêtés dans une ville pour voir le Lieutenant Deguer. Nous avons reçu le premier colis de Noël. Il a plu beaucoup toute la nuit.

Les 7 jeeps de la section de reconnaissance, après avoir vérifié auprès du Lieutenant-Colonel Golden qu’il ne tenait pas encore cette ville, s’y engouffrèrent tout droit et effrayèrent tellement l’ennemi, que Golden la prit.

Progression de la guerre

La 318ème attaqua à 7h 30 pour prendre Farébersviller (Q3657), Tenteling (Q4156) et Cocheren (Q3661).

La 80ème continua d’attaquer, le 318ème traversant Farébersviller, Tenteling et Cocheren tel un rouleau compresseur.  Le 318ème fit 327 prisonniers de guerre à Farébersviller. D’après le 12ème groupe d’Armée, la 3ème Armée se trouve sur la ligne Siegfried à Saarlautern.

Trois semaines après le 11 novembre, le 318ème fut à nouveau cité.

Dans un message au colonel Mc Vikar, le général Mc Bride dit :

« L’attaque du 318ème le 04 décembre démontra encore une fois le magnifique esprit et l’impétuosité qui ont caractérisé toutes les actions du régiment dans les dernières offensives. L’attaque fut bien conçue et coordonnée, et admirablement exécutée. Tous les membres du régiment partagent de manière égale le magnifique exploit. Le régiment continue d’accomplir des tâches difficiles avec une apparente facilité. Les performances du régiment ont suscité des appréciations élogieuses des commandants des Corps et ceux de l’Armée.

Je tiens pour ses performances éclatantes ».

H.L. Mc Bride, Général de Divison –USA

En complimentant les hommes du 318ème d’Infanterie le Colonel MC Vikar dit : « Cet éloge vous est dédié. C’est votre régiment, le Régiment que vous avez construit. Soyez fiers de lui. Honneur à lui ».
L.Mc Vikar, colonel du 318ème d’Infanterie.
(A ce moment-là, le régiment devait se trouver dans les 9 miles de Saarbrücken, ayant atteint la Ligne Maginot le 26 novembre par la capture du fort Bambesch.
85% des maisons ont été endommagées ou détruites par un raid aérien sur Heilbronn. 8 000 personnes furent tuées.
Mardi 05 décembre : Nous étions toujours à Farébersviller. J’ai visité Théding et Cocheren, très proches du front. Les Allemands ont fait sauter le clocher d’une église dans l’un de ces deux villages. Bamboo se trouvait à Ernestviller, au sud de Saarbrücken et au sud-ouest de Sarreguemines. Nous avons entamé une période de repos après 102 jours de contact. Nous avons interrogé un officier russe, l’un des 4 000 prisonniers de guerre qui s’acheminèrent vers nos lignes dès le 1er septembre et repartirent chez eux le 04 décembre. Ils coupaient du bois pour un usage strictement militaire. Les Russes avaient été capturés en Pologne. Les Allemands avaient déguisé leurs Officiers pour un travail d’importance en leur donnant à porter des uniformes anglais et français.
L’homme chez qui je vis avait été évacué vers la France et avait travaillé pour Monsieur de Pommery pendant 8 mois. Assurément il se conduisit avec nous d’une manière formidable. Les gens d’ici veulent savoir quand le gouvernement français reprendra ses fonctions. Bon repas ce soir. Une explosion a été signalée dans les casernes de Saint-Avold.



Progression de la guerre

D’après le 12ème groupe d’armée, la 3ème Armée se trouvait sur la ligne Siegfried à Dillingen. Une marche de plus de 40 miles (64,36kms) au-delà de la Seille  fut imposée en dépit des rivières en crue, des champs inondés et du temps constamment hostile.

Mercredi 06 décembre : Nous avons passé la matinée à Hercules avec le S2 pour une réunion concernant une note sur le traitement des civils. Nous avons appris que les Serbes du camp de travail de Forbach à 32 miles de Metz avaient reçu des vêtements qui furent pris dans les colis de la Croix-Rouge destinés aux Américains.
Les Allemands les sortirent des paquets. Plusieurs jours auparavant, le général commandant d’Hercules autorisa les gardes du poste de commandement à agir en tant que policiers militaires au cours de patrouilles dans la ville, avec l’autorisation de la police militaire.
Le commandement s’entend bien avec le poste de commandement cantonné à Farébersviller. En 1939-40, tous les habitants de cette région furent évacués très loin en arrière, à l’intérieur de la France, par les Français.
Les soldats allemands s’étaient cachés ici dans les caves jusqu’à notre arrivée, et puis avaient renoncé. Ils disent qu’ils étaient dégoûtés de la guerre.
Progression de la guerre.


L’importante ville de Merlebach, au nord-ouest de Farébersviller est libérée. Un éloge écrit sur le 318ème fut reçu du Général commandant la 80ème. (cité au 4 décembre).


Zone de Texte: Traduction : Un village repose tranquille dans la mort après avoir été violemment traversé par la guerre. (par Jimmy Cannon, Staff writer du Stars and Stripes)3 décembre 1944 : Avec la 80ème division d’infanterie. Les morts tiennent maintenant Farbersvillers. Une fois l’ennemi le prit et alors nous arrivâmes. Mais il repartit et nous en fîmes autant. Aujourd’hui, seuls les morts sont là. Dans le ruisseau peu profond, les poissons sont les seules choses vivantes dans ce village qui s’étend fatigué dans le bassin entre les collines défigurées.« Nous arrivâmes dans la localité à 10 h 30 du matin et, sans le savoir, nous les avons rejetés à l’extérieur » déclara le lieutenant-colonel J. Borston de Fort Worth, commandant le 3ème bataillon du 317ème Régiment d’infanterie.« J’étais dans mon P.C. quand cela arriva » dit Borston. « Les chars arrivèrent au travers du brouillard qui s’était levé subitement comme un allié allemand recruté tout à coup. L’infanterie suivait, tirant en arrosant comme des jardiniers fous avec des tuyaux d’arrosage meurtriers ».Retour avec les chars. « Je n’avais pas du tout d’estafette, aussi je partis pour le régiment et revins avec les chars », dit Borston.Dans les rues, les voix des ennemis criaient : « Le colonel Smith dit que vous pouvez vous rendre, Yankees ».« Le colonel Borston revint sur un char et tira avec sa mitraillette sur les trois premiers Allemands qu’il vit »dit le commandant E.S. Barszaz de Pittsfield, Massachussets, officier-adjoint.Pillinger* apporte les précisions suivantes : Un tankiste allemand juché sur un panzer criait qu’il était le Captain Smith, chef de la compagnie K du 317).Dans une grange, non loin du P.C., le sergent-chef Graydon Rief, de Cincinatti, s’assit tout en travaillant à sa radio au moment où les Allemands frappèrent à sa porte à coups répétés et lui demandèrent de se rendre. « Ils réussirent à la cintrer mais ils ne purent l’enfoncer. Le plus drôle était que la porte n’était même pas verrouillée », dit Rief* Pillinger ajoutera en 1995 in extenso : Le sergent-chef Rief était mon opérateur-radio. Il se trouvait dans la jeep, bloquée dans un garage (grange) ou une étable. Les Allemands n’ont pas frappé à la porte comme le déclare Rief. La porte n’étant pas verrouillée, tout ce que les Allemands avaient à faire était de la pousser. J’étais dans l’étable lorsque c’est arrivé ».

Lorsque la ville de Saint-Avold fut libérée le 27 novembre 1944, le New York’s Daily News commentait ainsi le galop de la 3ème armée de Patton vers la Sarre : « Von Rundstedt a subi ici peut-être sa plus grande défaite de la présente campagne. La division continua son attaque le 4 décembre, traversant Farébersviller, Tenteling et Cocheren. L’importante ville de Merlebach fut libérée le 6 décembre.

La ruée de plus de 40 miles depuis la rivière Seille fut effectuée malgré les rivières en crue, les champs inondés et les conditions météo contraires. Plus de 4 000 prisonniers furent capturés durant le mois.

Dans la boue et la pluie, la 314ème Field Artillery sur la Ligne Maginot y fit sa plus grande fournée de prisonniers de guerre (PoW = Prisoners of War), lorsque le sergent H. Whiteside de Seattle, Washington, descendit dans le fort du Bambesch et en sortit 63 prisonniers.

Avant d’être relevée par la 6ème armée blindée, des éléments de la 80ème avaient pénétré sur le sol allemand à moins de 5 miles de Sarrebruck.

La division bénéficia d’une période de repos à partir du 7 décembre après être restée 102 jours en présence continue de l’ennemi.




Lorraine Campaign (Références d’histoire)

 

               Extraits de: L’armée des Etats-Unis dans la seconde guerre mondiale (Le théâtre européen des opérations.

                         La campagne de Lorraine par H. M. Cole Division de l’histoire, département de l’armée Washington DC 1950).

Pages 483-85: Après la prise de Saint-Avold, le général Mac Bride dirigea le 317ème régiment du colonel W.M. Lewis vers le nord-est, le 27 novembre, dans le but de rattraper les Allemands en repli. « Seule l’infanterie pouvait à coup sûr passer » déclara le commandant du régiment, et, laissant les camions et les half-tracks à l’arrière, le 317ème s’ébranla à pied dans la boue. A l’approche du crépuscule, alors que les bataillons progressaient en colonnes, le régiment reprit contact avec l’ennemi près de Seingbouse à environ 6 miles (9654 mètres) de Saint-Avold. Le colonel Lewis ordonna au 317ème de se déployer et envoya son bataillon de tête, le 3ème, attaquer en direction de Farébersviller tandis que les 1er et 2ème bataillons avançaient afin d’atteindre respectivement le nord et le sud de la ville. Vers 9 heures le matin suivant, le 3ème bataillon prit position avec succès à Farébersviller et commença le combat de rues, maison par maison, qui dura toute la journée. Dans la ville se trouvaient quelque 200 Allemands, des troupes de la 17ème division SS de Panzergrenadiers postées par groupes afin de tenir une portion de voie ferrée, là où s’était formé le nouveau front du XIIIème corps SS. A l’extrême limite de Farébersviller, une talus de chemin de fer courait du nord au sud, procurant un abri derrière lequel se tenaient, en réserve tactique, des grenadiers du 38ème régiment de Panzergrenadiers et quelques chars légers appartenant au 17ème bataillon de reconnaissance SS qui pouvaient se rassembler soit pour des incursions dans la ville, soit pour des engagements contre les bataillons américains passant par Farébersviller. Au cours de l’après-midi, les compagnies A et C du 1er bataillon traversèrent la voie ferrée au sud de Farébersviller et gagnèrent le sommet boisé qui s’étendait au delà. Vers 16 heures, sept chars allemands et une compagnie d’infanterie bloquèrent leur avance en pénétrant les rangs des compagnies et du reste du bataillon. Au cours de la nuit, quelques-uns des survivants qui avaient voulu se réapprovisionner en munitions et en médicaments regagnèrent leur poste en traversant la voie ferrée. Des patrouilles de la compagnie B furent envoyées vers l’avant dans les bois où elles surprirent un groupe de gardes ennemis qui escortaient 30 blessés valides vers l’arrière. Les patrouilles tuèrent les gardes et libérèrent leurs prisonniers. Après cette invasion réussie contre le 1er bataillon, les Allemands rassemblèrent leurs unités de choc afin de repousser le 3ème bataillon en dehors de la moitié ouest de Farébersviller. Vers 20 heures, 3 ou 4 tanks et deux à trois cents grenadiers hurlants chargèrent les Américains. Ces derniers tinrent bon, et en dépit de pertes sérieuses, ne furent pas refoulés de la ville. Le matin du 29 novembre, des tanks et des blindés anti-chars amis surgirent et commencèrent à bombarder les bâtiments désignés par l’infanterie. Peu de temps, dans l’après midi, le 3ème bataillon pouvait signaler qu’il avait recommencé à progresser bien que la compagnie la plus forte ne comptait plus que 35 hommes, alors qu’une autre n’en dénombrait que 16. Les Allemands, cependant avaient renforcé leurs positions à l’intérieur du village. A la nuit tombante, l’ennemi tenait entièrement Farébersviller. Le reste du bataillon était retranché à environ 1 000 yards (914 mètres). Durant la journée du 29 novembre, les Allemands détachèrent des troupes et des tanks afin de porter un coup au 2ème bataillon au nord, lançant des contre-attaques au début et à la fin de la journée. Ils furent contrés, à chaque fois par un rideau de tirs d’artillerie. Cette nuit-là, le général Mc Bride ordonna au 318ème régiment d’infanterie de relever le 317ème, mettant fin ainsi aux opérations de novembre pour la 80ème division, ayant obtenu une avancée, depuis le 25 novembre, d’à peu près 18 miles (29 km). Durant le mois, les pertes de la division de combat ont été de 513 morts, 2 215 blessés, et 373 portés disparus, un total comparable aux pertes enregistrées lors de la difficile bataille de septembre pour le 80ème division. Toutefois, la division fit 3 943 prisonniers.  

Page 526 : Le 1er décembre 1944,  une nouvelle directive des opérations mit les 80ème et 35ème divisions d’infanteries ainsi que la 6ème division blindée en état d’alerte en prévision d’une attaque, le 4 décembre, qui devait permettre de porter vers l’avant les corps d’armée de gauche et du centre afin de réaligner le front. Le plan général de la IIIème armée U.S. prévoyait une avance limitée de la 80ème division, recourant à une unité de combat pour la maîtrise du terrain, le long de la Sarre, au nord-est de Farébersviller. Face au XIIème corps, les troupes allemandes étaient en trop piètre état pour contenir toute attaque déterminée d’autant plus qu’elles se trouvaient en état de grande infériorité que ce soit en hommes ou en matériel... La 17ème division SS de Panzer Grenadiers était déployée face à la 80ème division et à la 6ème blindée, le long d’un front qui s’étendait de la Rosselle jusqu’au sud de Puttelange. Cette division avait participé à presque toutes les opérations depuis le mois de juin 1944 et se trouvait pratiquement à bout de forces. De nombreux changements aux postes de commandement, à tous les échelons, ainsi qu’un enrôlement constant de troupes non-entraînées et de malgré-nous du peuple allemand  (Volksdeutsche) d’Europe de l’Est, avaient privé cette division de son caractère et de sa formation d’élite. La 17ème SS d’artillerie, cependant, gardait encore une haute réputation. Le 4 décembre, la division reçut un renfort de 4 000 hommes, dont 1 700 seulement étaient aptes à l’infanterie. La 6ème division blindée et la 80ème division commencèrent à attaquer bien après l’aube, le 4 décembre. L’assaut avait été précédé par d’intenses tirs du corps d’artillerie qui durèrent 1 heure et 8 minutes, et chassèrent les Allemands de leurs positions avancées. A l’extrême gauche du corps d’armée, la 80ème division rejoignit le 318ème d’infanterie (renforcé par une compagnie du 702ème bataillon de chars et une compagnie du 610ème bataillon de blindés anti-chars) pour l’attaque décisive et prit Farébersviller, qui s’était révélée être un obstacle insurmontable pour la division, quelques jours plus tôt. Le régiment repoussa ensuite les Allemands par delà les collines vers le nord-est, faisant 327 prisonniers pendant cette journée. 

L’historien militaire anglais Thompsen aborde ainsi la bataille pour la Lorraine. « L’attaque du XIIème  Corps U.S. portée sur la ligne de la Sarre démarra le 8 novembre au nord-est de Nancy. 24 heures plus tard, c’est le XXème Corps qui commença l’encerclement de Metz. L’infanterie du général Eddy était privée, à cause du mauvais temps, du soutien des forces aériennes, qui bien qu’elles étaient en état d’alerte furent clouées au sol. Les fantassins se battaient, courageux mais désespérés contre les pluies diluviennes et les crues des ruisseaux, incapables de trouver un passage approprié pour les tanks. L’ennemi qui s’échelonnait en profondeur avec des unités en soutien sur des lignes de défense face au Westwall provoquait des attaques et déterminait lui-même son allure en retraitant et en se donnant les moyens, lorsqu’il abandonnait les lieux, d’essayer de rétablir et de maintenir une ligne sans faille. Nulle part, on ne put exercer une poussée et à la fin de la première semaine, le XXème Corps n’était pas mieux loti qu’au départ. Il avait payé le prix fort pour gagner sur 24 km un terrain sans valeur stratégique.

Liste des morts tombés dans le secteur Saint-Avold-Farébersviller : Peters Victor 06 Dec. 1944, Porter Philip W. 30 Nov. 1944, Schaefer Wilbur L. 26 Nov. 1944, Sehlmeyer August W. 28 Nov. 1944, Smith Marion A. 26 Nov. 1944, Stephenson John 01 Dec. 1944, Weir Rudolph JR 05 Dec. 1944, Zakem George E. 28 Nov. 1944, Zrinsky John 28 Nov. 1944, Ackerman William H. 04 Dec. 1944, Benn Theodore S. 07 Dec. 1944, Berry Jesse E. 04 Dec. 1944, Brawner Connie B. 26 Nov. 1944, Clutts Jim 26 Nov. 1944, Connolly Francis C. 04 Dec. 1944, Donovan William 04 Dec. 1944, Gammon Luther 26 Nov. 1944, Gwizdz Stephen S. 04 Dec. 1944, Haas Levi G. 04 Dec. 1944, Harwood Dale L. 04 Dec. 1944, Hunter Gerard 04 Dec. 1944, Kelly William P. 26 Nov. 1944, Lackey Marvin 27 Nov. 1944, Nance James T. 04 Dec. 1944, Oison Marcel T. 04 Dec. 1944, Pullin Everett H. 26 Nov. 1944, Schick Don. N. 04 Dec. 1944, Smith Nathaniel W. 26 Nov. 1944, Stahler John F. 30 Nov. 1944, Wadley Kennth B. 04 Dec. 1944, Wignall* William H. 04 Dec. 1944,  Zimny Joseph F. 04 Dec. 1944, Bialecki Stanley P. 26 Nov. 1944, Bryceland George J. 26 Nov. 1944, Danias Anthony G. 26 Nov. 1944, Di Grande Orazio 29 Nov. 1944, Edge George W. 26 Nov. 1944, Ford Daniel L. 26 Nov. 1944, Gamm Paul F. 26 Nov. 1944, Jimison Virgil E. 26 Nov. 1944, Johnston Francis F. 26 Nov. 1944, Lemon Willis N. 26 Nov. 1944, Logan John W. 26 Nov. 1944, Mitchell Alfred V. 30 Nov. 1944, Potito Orlando J. 27 Nov. 1944, Powers Harrison 26 Nov. 1944, Rissley Delmar 26 Nov. 1944, West Paul H. 26 Nov. 1944, Farmer Ray 05 Dec. 1944.                *Le fils Wignall venu à Farébersviller m’a appris que son père était tombé sur le Schallberg (327). 

J’ai essayé également de retrouver la trace de parents ou de témoins ayant connu les fantassins US suivants : Levi H.Belflower, Berson Bowen (WIA= wounded = blessé in action Hill Far.), Val W. Hotz (wounded Hill 316 the 28th november), William T. Hunter tué en action le 28.11 (KIA = killed in action the 28th nov.), Stanley M. Kenestski, Jesse J. King (wounded 4th december), Edward F. Kott captured  the 28th nov.), Peter A. Kudenov, Robert W. Linhart, William (Bill) Robinson, Ralph C.Young wounded near Pfebersweiler. 




Edgar Bredbrenner, Historien de la 80ème Division, ancien du 318ème régiment d’infanterie

 

Nous étions terrés dans des trous que nous avions creusés dans la forêt de Baspich, près de Seingbouse. Comme il pleuvait,  nos habits étaient sales et humides. Nous dormions, il faisait froid, nous étions le 30 novembre. En pleine nuit, nous sommes partis nous réchauffer chez l’habitant dans une maison libérée située en haut du village de Farébersviller, car toutes les habitations étaient encore dans une zone occupée par les Allemands.. Nos adversaires qui tenaient aussi la voie ferrée étaient très nerveux et pressentaient que notre attaque était imminente. Ils lançaient des lucioles pour éclairer les paysages et alerter toutes leurs lignes. Pendant deux jours, notre artillerie s’est déchaînée sur les positions rapprochées et éloignées de l’occupant. Notre objectif était de nous rendre maîtres de la colline du Winterberg à Farébersviller. Les balles fusaient de toutes parts. Moi-même, je portais un bazooka et offrais une cible facile au tireur d’élite qui était planqué dans un arbre. J’ai été blessé par une balle en bois dans la jambe, de même qu’un de mes camarades. Un feu nourri a tué l’audacieux tireur.

Plutôt que d’aller à l’hôpital de Freyming, je me suis soigné moi-même en récupérant des bandages. Cela m’a valu par la suite la médaille des blessés, que nous appelons la Purple Heart  (une décoration en forme de cœur de couleur violette)…..

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grades U.S.

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Private = simple soldat, private first class ou PFC = soldat 1ère classe, corporal = caporal-chef,

Sergeant = sergent, Staff sergeant = sergent-chef, Technical sergeant = adjudant,

Master-sergeant = adjudant-chef, 2nd lieutenant = sous-lieutenant, 1st lieutenant = lieutenant,

Captain = capitaine, Major = commandant,  Colonel = colonel




Edwards Jack, sergent, Co.K, 3rd Batalion du 317th Infantry Regiment.

J’étais dans la compagnie K et nous avons attaqué Farébersviller. J’ai vu un couple de tanks démolis par la contre-attaque allemande. Pendant que nous étions au village, nous avions 4 ou 5 gars avec nous dans la maison, propriété d’une dame française. Pour éviter de voir la braise de nos clopes du dehors parce qu’il faisait nuit noire, par mesure de précaution nous avons donc posé nos imperméables sur les fenêtres, puis nous avons commencé à fumer. Nous avons alors entendu les blindés descendre la route. Nous avons pensé que c’était les sept zéro deux (702ème bataillon de tanks). Ce n’était pas les nôtres, mais deux panzers allemands qui s’avançaient sur la chaussée. Ils passèrent devant la maison où nous venions de faire halte. Nous avons pris en vitesse nos impers, les avons endossés comme on peut dans l’obscurité.
L’ennemi est passé juste à droite de la maison mais il n’entra pas. Le reste de notre groupe, à part moi et mon voisin de gauche, se tailla. Ils allèrent quelque part, je ne sais où, mais je pense qu’ils ont tous été capturés. Il n’y eut pas de coup de feu de tiré.
Nous restâmes dans le logis et y passâmes la nuit dedans. Le lendemain matin, nous regardâmes par la fenêtre ; les Allemands s’étaient retranchés à l’arrière de la maison et également dans les champs. En scrutant par une autre fenêtre, nous vîmes nos compagnons d’infortune, debout, les bras au-dessus de leur tête. Les Allemands avaient ramené un canon 88 mm au plus près et ils tirèrent. Cela donnait le frisson. Nous ne pouvions que mourir ou nous rendre.
Au mieux de mes souvenirs, je sais seulement qu’il y avait 2 tanks du Sept zéro deux et que la compagnie K avait laissé un groupe de ses hommes dans le village, ce qu’elle ignorait au moment de.

Nous grimpâmes les escaliers dans l’immeuble et nous y restâmes. Entendant du bruit, nous vîmes que les Allemands s’approchaient de notre damnée maison et qu’ils descendirent à la cave ! Nous y restâmes toute la nuit, tranquilles. Le lendemain matin, la propriétaire nous dit que les Allemands avaient été chassés. Nous attendîmes, et finalement ils revinrent. Nous courûmes à travers champs et fonçâmes dans une autre compagnie de fantassins. Nous leur racontâmes que nous étions à Farébersviller, ils nous dirent où nous pouvions trouver notre compagnie. Le capitaine Smith était notre capitaine, il ne savait pas où nous étions.







Hargraves E.H            P.O. Box 5 Creedle Co 81130 – 0005

Chers Ann and Lee Hatcher,

Lorsque vous avez évoqué Farébersviller, je m’en suis très bien souvenu. Nous nous disposions à rejoindre une compagnie d’infanterie. C’est alors que nous entrâmes dans la ville, à la nuit tombante. Les Allemands avaient canardé la route, mais leur réglage n’était pas parfait. Nous entendîmes un obus arriver et nous nous éjectâmes de la jeep tandis qu’elle continuait sa route. Les obus s’écrasèrent à environ une centaine de pieds (30 m) devant nous. Nous récupérâmes la jeep.

Nous n’avions parcouru qu’une faible distance lorsque nous vîmes le char allemand. Il avait dû nous repérer à peu près en même temps. Il fit feu sur nous (raté !) et nous quittâmes la route et courûmes à l’intérieur d’une maison. Nous eûmes de la chance, la compagnie CP s’y trouvait. La jeep qui nous suivait n’eut pas autant de chance : le groupe de combat du char la captura ainsi que sa remorque chargée des repas du soir.

Plusieurs fois durant la nuit, les Allemands nous invitèrent à sortir afin de prendre notre « repas chaud ». Il nous avait semblé que des armes portatives étaient restées pointées sur nous une bonne partie de la nuit. Un peu avant l’aube, les nôtres acheminèrent quelques tanks-destroyers qui devaient se charger des chars allemands.

Profitant d’une accalmie au cours du combat, nous nous glissâmes hors du village afin de rejoindre une autre compagnie. Nous devions traverser un vallon étroit où se trouvaient un ruisseau et des voies de chemin de fer. A plusieurs reprises, nous essuyâmes des tirs d’armes portatives et de mortier. Nous atteignîmes enfin une petite carrière de pierres, et quelques G.I.’s qui se trouvaient là nous indiquèrent comment rejoindre la compagnie que nous recherchions.

Howard (?) et moi-même creusâmes un trou suffisamment grand pour nous deux tandis que le lieutenant s’en creusait un pour lui. Alors que nous extrayions les dernières pelletées de boue, une petite source se mit à couler. L’eau commençait à glouglouter au fond de notre trou. Nous troquâmes les pelles pour nos quarts afin d’écoper l’eau. Nous subissions des tirs de mortier depuis environ une heure, mais il y avait tellement de brouillard que nous ne pouvions dire d’où il provenait. Soudain, une rafale s’écrasa à environ 4 pieds (1,20m) de notre trou. Au moment précis du tir, Howard était en train d’évacuer un quart d’eau et il reçut une balle dans la main. Je le pansais de mon mieux, et lorsque le calme revint, je le conduisis vers l’arrière, vers le poste de secours.

Sur le chemin du poste de secours ainsi qu’au retour, quelqu’un avait tiré au «petit bonheur » sur nous (j’étais seul au retour). Mais je ne pouvais dire d’où cela provenait. Le temps que je revienne, il faisait presque nuit, et je retrouvai le lieutenant qui m’avait rejoint dans notre trou. Nous étions là depuis peu de temps, lorsque nous entendîmes un char. Nous regardâmes aux alentours, n’aperçûmes aucun G.I., mais nous vîmes le char. C’était un des leurs. Nous rampâmes hors de notre trou et parcourûmes environ ¼ de mile (400m) lorsqu’il nous repéra. Au premier tir nous nous élançâmes et courûmes, mais le quatrième nous  atteignit tous les deux. Le lieutenant fut touché au front et moi au pied. Nous nous tapîmes dans un  petit fossé et branchâmes la radio.

Après plusieurs tentatives, le lieutenant réussit à obtenir des tirs d’artillerie tout près du char, ce qui nous permit de filer. Pendant ce temps, la nuit était tombée et nous essayâmes de retrouver la carrière de pierres. Nous entendîmes quelqu’un s’approcher traversant la campagne, aussi nous nous cachâmes. Nous découvrîmes que c’était une patrouille envoyée à notre recherche. Après avoir échangé le bon mot de passe, ils nous reconduisirent à la carrière et ils nous apprirent que les Allemands avaient laissé quelques hommes en arrière, en tireurs embusqués, afin de nous tirer dessus. Les nôtres en avaient capturé environ une dizaine. Nous apprîmes également que les mortiers avaient tué le capitaine ainsi que plusieurs autres officiers, mais personne ne  nous dit à quel moment ils s’étaient fait descendre. Je passais quelques jours au poste de secours du bataillon pour mon pied. J’appris que j’avais vraiment eu de la chance. L’éclat d’obus avait déchiré la semelle de ma botte presque à moitié. Seul un petit morceau était entré dans mon pied. Le médecin me dit que s’il n’y avait pas eu la semelle de ma botte, j’aurai perdu une partie de mon pied. Je ne me souviens pas avoir revu Howard, ni le lieutenant.

J’ai reçu une nouvelle paire de bottes gratuitement. Ce n’est que lorsque je suis retourné au combat que j’ai appris que plusieurs hommes avaient été tués et d’autres blessés par des tirs d’artillerie.

A présent je commence à avoir la crampe de l’écrivain. Je ne pensais pas en écrire autant lorsque j’ai débuté cette lettre. C’était bon de parler avec vous et de voir que vous alliez bien. Pourvu que ça continue comme ça.

J’espère que la visite du maire s’est bien passée. Mes souvenirs de Farébersviller ne sont pas si exceptionnels que ça. Tendresse à vous deux

Cher Lee, je vais essayer d’aider le Maire, mais je mets vraiment ma mémoire à rude épreuve.

Je pense que nous étions le 04 ou le 05 décembre lorsque nous entrâmes à Farébersviller. L’infanterie était déjà sur place lorsque nous arrivâmes. L’obscurité commençait également à tomber, ce qui fit que je n’ai pas pu voir grand-chose. Ajoutez à cela quelques tirs d’artillerie qui atterrirent sur la route juste devant nous, ainsi qu’un char nous tirant dessus. Les choses arrivèrent très vite. Je me rappelle être sorti de la route après que le char nous

ait tiré dessus, avoir contourné un gros tas de fumier et être allé dans un endroit ressemblant à une cave, dans la

maison où nous passâmes la nuit.

Il y avait au moins une jepp derrière nous que l’équipage du char captura quelques minutes après. J’ai appris qu’elle transportait la mangeaille de l’infanterie.

La bataille de chars venait à peine de commencer le matin suivant lorsque nous quittâmes la ville. Il y avait un char allemand en feu près de la maison où nous avions séjourné. Je ne me souviens pas quelle compagnie nous avait rejoint hors de la ville, sur la colline. Il pleuvait et il y avait du  brouillard, et les tirs de mortier semblaient devoir continuer la journée tout entière. Les officiers d’infanterie tenaient une réunion tous ensemble lorsqu’un tir de mortier atterrit tout près d’eux. J’ai appris qu’ils avaient tous été tués ou blessés. Lorsque je suis revenu en arrière avec Howard, je l’ai seulement amené en bas de la carrière. D’autres G.I’s l’ont emporté. Lorsque nous sommes partis, nous nous sommes tous rassemblés près d’un bâtiment non loin de la carrière. Il faisait sombre, mais j’ai pensé que le bâtiment était une gare. Il se trouvait près de la voie ferrée. Je ne suis jamais entré à l’intérieur, je suis seulement allé jusqu’à une porte à l’extrémité du bâtiment.

Appelé en renfort, le soldat Hargraves, d’après les schémas qu’il a dessinés, devait rejoindre les fantassins U.S sur les collines du Winterberg. (voir témoignages des dames Siebert, Ndr).




 










Harry F. NUTTING 4137 Silver Beach Road Ballston Spa NY 12020-4225

317ème régiment d’infanterie

 

… Il se souvient fort bien des combats de rues du 28 novembre, à Farébersviller. Il garde encore des éclats de grenade dans son corps. Avec ses camarades, il s’était retranché dans la maison de Marcel Wendel lors de l’affrontement avec les S.S. de la Panzer Grenadier Division qui les ont délogés à coups de grenades, Ndr).

« L’un de gars a culbuté, mort, sur les escaliers du perron de la maison (maison Wendel Marcel, Ndr). J’ai réussi à me cacher sous un évier. L’ennemi est entré dans la cuisine et ne s’est pas rendu compte de ma présence, pensant que j’avais pris la fuite par l’arrière de la maison. Je me suis terré pendant cinq jours dans les caves, passant de l’une à l’autre pour chercher quelque subsistance. J’étais affamé et blessé, mais j’ai pu ensuite rejoindre nos lignes.

Monsieur le maire, à propos de votre enquête concernant les caves où je me suis caché durant 5 jours, je vous signale que cette présence m’a valu le titre flatteur de Mayor of Farébersviller de la part de mes camarades !

J’ai effectivement passé quelques temps dans deux caves. Dans la première cave, il y avait plusieurs personnes âgées également en quête d’un refuge. Elles m’ont donné quelque nourriture (je ne me rappelle même pas ce qu’elles m’ont donné à manger.) Elles se sont adressé à moi, mais sans que je puisse parler en français avec elles,  ni elles s’exprimer en anglais avec moi. Je ne sais pas ce qu’elles ont voulu me dire. Peu de temps après avoir reçu la nourriture, j’ai quitté la cave parce que je ne savais pas qu’elle était la situation militaire et que je désirais retrouver mon chemin vers les lignes américaines. Comme je m’efforçais de quitter Farébersviller, j’ai été  repéré par des soldats allemands et je suis descendu la rue en courant jusqu’à une autre maison dans laquelle je me souviens avoir emprunté une échelle installée dans une écurie (et que j’ai prise) pour descendre dans la cave. Je me suis caché dans cette cave du 29 novembre jusqu’au premières heures du petit matin du 03 décembre (sans doute dans une des maisons de la rue du Calvaire, en face de l’actuel Crédit Mutuel, voir photo, Ndr).

Je me rappelle que cette maison était proche des faubourgs du village parce que, lorsque je l’ai quittée, je me suis retrouvé en pleins champs. Pendant tout le temps que j’ai passé dans l’écurie, je n’avais pour manger qu’un paquet de ration  k. Le second jour où je me trouvais là, je me risquais dans les étages supérieurs afin de savoir si je pouvais trouver quelque chose à manger dans la maison. Je parvins à trouver un vieux chou et quelques pommes.

La ration k était un petit paquet contenant un biscuit sec, une barre de chocolat, une petite boîte de conserve de viande et un paquet de café. Les rations k étaient emportées par les soldats lorsqu’il n’y avait pas de repas chauds disponibles. La plupart du temps, les repas chauds étaient disponibles le matin et le soir. La ration k servait de déjeuner.

Un sac de couchage nous était fourni afin d’y dormir après le repas chaud du soir. Ce sac de couchage n’était pas très lourd et avait été surnommé mummy sack parce qu’on se glissait à l’intérieur et ensuite on s’y enfermait avec la fermeture éclair. C’était aussi très dangereux parce que vous ne pouviez pas en sortir très rapidement en cas de nécessité.

Mes vêtements consistaient en un pantalon de laine, un tricot, une chemise, d’épais sous-vêtements de laine et un gros manteau de laine. Le plus gros problème, c’était les chaussures. Je n’avais pas reçu de chaussures d’hiver avant de rejoindre mon unité, si ce n’est en février 1945. Je portais des brodequins en cuir qui n’étaient pas étanches et qui n’offraient aucune protection contre les très grands froids. J’ai été soigné pour une blessure de grenade à main et pour une entaille au pied à l’hôpital des armées à Bar-le-Duc la quasi-totalité de décembre 1944 et de janvier 1945.

J’ai été décoré du Purple Heart (médaille en forme de cœur avec ruban violet pourpre, cf photos de mes décorations).

« J’ai rejoint la compagnie I du 317 durant la dernière semaine d’octobre 1944. A part quelques tirs et légers contacts, je n’ai vu aucun grand fait de guerre avant le 28 novembre lorsque nous avons reçu l’ordre d’attaquer le petit village de Farébersviller, en France.

Mes expériences vécues durant l’attaque garderont à jamais en mémoire les temps difficiles que j’y ai passés comme fantassin. Nous sommes entrés dans la bourgade vers 10 h 30 et avons réussi à repousser the Germans hors du village à la nuit tombante. J’étais posté dans une maison avec trois autres compagnons dont j’ignorais l’identité lorsque les Allemands nous contre-attaquèrent en soirée. La réplique ennemie était de taille et nous risquions d’être débordés. Lorsque les feldgrau attaquèrent notre position avec des grenades à manche et à coup d’armes légères, je répliquais avec mon fusil-mitrailleur, blessant à la fin deux d’entre eux. En regardant autour de moi, je constatais que deux des hommes postés à mes côtés avaient déjà quitté la maison, ce qui facilita la marche d’approche allemande. 

L’adversaire en profita pour submerger l’habitation, en jetant des grenades dans le couloir. 

L’une des grenades tua l’autre Américain ; je fus blessé au bras et à la jambe gauches et sur le côté par les éclats dus à la déflagration de l’engin. Je courus rapidement me cacher sous un évier, près de l’entrée. Me coincer là-dessous ne fut pas une mince affaire avec le peu de place laissé libre par les ustensiles de cuisine. Les Allemands investirent l’habitation mais ils ne me trouvèrent pas. Pourtant ils étaient si près de moi que j’aurais pu, avec ma main, les toucher. Ayant conclu, après leurs vaines recherches, que le GI tué restait le seul gars encore présent dans la maison, ils partirent.

Ayant passé une grande partie de la nuit dans ma cachette, je rejoignis la cave où je découvris plusieurs vieux civils français qui me donnèrent de la nourriture. Ne sachant pas exactement où je me trouvais, je décidais de quitter la demeure en espérant retrouver mon chemin vers les lignes amies. Cette décision me causera par la suite d’autres frayeurs. Après avoir traversé le jardin arrière, j’entendis des voix et je pensai que c’était celles de camarades tenant une réunion houleuse de troupe. Lorsque je constatai ma méprise, je courus dans une autre maison en découvrant que les voix provenaient d’une douzaine d’Allemands qui avaient, heureusement, laissé leurs armes posées contre un mur. Je suppose qu’ils furent tout aussi surpris que moi ; ils ne régirent pas tout de suite, pensant sans doute que j’étais accompagné d’un groupe de compatriotes. Je fis une sortie éclair et je courus vers le bas de la rue, avec les balles sifflant autour de moi. Dieu merci, leur cible fut plus vive que leurs tirs. Un peu plus tard, ils passèrent dans la rue. Je me faufilais dans une autre demeure. Arrivé dans l’étable, je pris une échelle pour descendre dans le cellier. Les Allemands fouillèrent la maison sans penser descendre dans la cave. A ma grande surprise, je trouvai un autre boy caché là-dedans. Je ne souviens plus de son nom, je sais seulement que c’était un cuistot originaire de Long Island, NY. Après avoir passé cinq jours dans notre cache, affamés, nous avons décidé de quitter le village au matin du 3 décembre. Nous avons pu regagner les lignes américaines en écoutant et en suivant au son le départ caractéristique des obus de notre artillerie. Après avoir rapporté mon récit au service central des renseignements établi à Saint-Avold, je fus dirigé sur un hôpital pour soigner mes blessures ; je souffrais également du syndrome des pieds mouillés.

Rétabli, je rejoignis mon régiment en février 1945. Plus tard, je fus sérieusement blessé par les éclats d’un obus tiré par un Tigre. Je fus hospitalisé au Luxembourg et en Angleterre et évacué ultérieurement aux States pour y suivre un traitement Je fus libéré de mes obligations militaires en novembre 1945, après avoir quitté l’hôpital militaire de Buzzard’s Bay, MA ». Récit rapporté par le fils de Harry, Ken Nutting.




Clay J. Patton Jr

37918 Knoxville, Tn, Usa.

Cher Monsieur,
Votre hospitalité envers les vétérans de la 80ème Division en septembre 1994 fut une agréable expérience. Notre visite fut trop courte pour plusieurs d’entre nous.
J’aimerais revenir à Farébersviller bientôt, et avoir le temps de voir l’endroit où j’ai été capturé, et méditer sur ce qui c’est passé le 28 novembre 1944.
Je vais vous dire ce dont je me rappelle de la bataille de Farébersviller. …..

J’étais serveur d’une mitrailleuse de calibre 30 dans la 317ème d’Infanterie, compagnie L.

Nous nous sommes avancés assez près pour voir les bâtiments du petit village de Farébersviller. Le matin du 28 novembre 1944, les Allemands n’utilisèrent leurs armes que lorsque nous fûmes tout proches d’eux. Nous eûmes un violent échange de tir avec l’ennemi (accouru avec des tanks et des canons) qui fit que de nombreux soldats américains furent tués ou blessés. Je fus blessé par un obus allemand de 20 mm. La bataille se poursuivit quelque temps encore avant que les tirs ne cessent. Je vis des soldats allemands avancer sur nous. Un felgrau ramassa ma mitrailleuse et me dépassa toujours en courant. J’avais peur de montrer que j’étais vivant, je suis donc resté couché, parfaitement immobile. Ensuite j’ai entendu des soldats américains parler aux Allemands. J’ai appelé au secours et deux soldats allemands sont venus m’aider à me relever. J’ignore combien il y avait de compatriotes blessés dans mon groupe. Peut-être 10 ou 15. Nous fûmes conduits dans un endroit près d’un cours d’eau, où nous fûmes fouillés. Ils prirent notre nourriture et nos cigarettes. J’avais très mal et j’étais effrayé d’être prisonnier. Je me rappelle avoir vu des panzers allemands postés derrière quelques-uns des bâtiments. Des arbres plantés le long de la route traversant Farébersviller avaient été entourés d’explosifs. Un camion nous transporta jusqu’à un quartier-général allemand pour y être interrogés. J’ai été questionné par un médecin allemand qui lut le courrier que j’avais reçu quelques jours plus tôt. C’était le premier courrier de chez moi depuis que j’étais en France. Le médecin allemand me fit de nombreuses réponses sarcastiques à propos de mon courrier. Après cette journée, quelques-uns d’entre nous qui avaient été blessés furent conduits à l’hôpital de Bad-Kreuznach, en Allemagne. J’y suis resté jusqu’à ce que mes blessures guérissent et ensuite envoyé au Stalag XII A en janvier 1945.

J’y suis resté une semaine puis envoyé au Stalag XI B. J’ai été libéré par l’Infanterie motorisée anglaise (the Argyle and Southern Hyghlanders) le 16 avril 1945.

Souffrant de malnutrition (poids de 43 kg), j’ai été envoyé par avion canadien C-47 à Londres pour me retaper

Quelques extraits de l’interview passé au domicile de Clay en 1996 à Knoxville, Tennessee :

Question : Étiez vous cernés ?

Réponse : Non, mais nous avons été débordés par une contre-attaque allemande très décidée

Q : Comment avez vous été traité ?

R : Conformément aux usages militaires.

Q : L’attitude des Allemands était-elle correcte ?

R : Oui.

Q : Quelle a été votre première impression face aux SS ?

R : Je souffrais trop pour en juger.

Q : Y a-t-il eu des blessés ?

R : Oui,  8 ou 10 peut-être plus.

Q : Qui commandait ?

R : Je ne sais pas.

Q : Quelle était votre mission ?

R : Libérer Farébersviller.

Q : Pourriez vous me donner les noms d’autres rescapés des prisons nazies ?

R : Non, j’ignore leurs noms.

Q : Comment y étiez vous traités ?

R : Piètre nourriture. Conditions de vie insalubre.




Charles Pillinger+ du 317ème Régiment d’infanterie US

5118 Coquina Key Dr; R.Se Apt. B. St Petersburg FL. 33705

Ancien chef des communications du 3ème bataillon du 317ème d’infanterie de la 80ème Division de la IIIème U.S. Army

 

Extraits d’un premier courrier : « Vers 6 h du matin le 29 novembre 1944, je reçus l’ordre d’installer un poste de commandement avancé à Farébersviller. Sur la grande route, les chars allemands tiraient des obus autour de notre jeep. L’un d’eux toucha directement une maison qui s’enflamma. Un Français, sa femme et leurs trois enfants sortirent en courant et en se tenant par la main ; c’était la dernière fois que je les vis. Nous sommes allés au centre du village que nous tenions, tandis que les Allemands occupaient les hauteurs. On pouvait voir des chars dispersés sur les collines. Un obus explosa au milieu du village et tua un cheval. Les villageois affamés sortirent précipitamment de leurs maisons. Ils étaient armés de couteaux et en à peu près en cinq minutes, le cheval était dépecé et emporté… » (Cet épisode n’est pas connu, Ndr).

« ….. A 17h 35 le 27 novembre 1944, nous les gars du 3ème Bataillon du 317ème Régiment d’Infanterie, prîmes Macheren et passâmes la nuit à cet endroit. A 10h 15, le 28 novembre, nous prîmes le village de Seingbouse et continuâmes à l’est de Farébersviller, repoussant les Allemands.

De 17h à 19h 50, ces derniers contre-attaquèrent et prirent la partie est du village. Le jour suivant, le 29 novembre, ils débordèrent notre position. 
Un de leurs tanks ainsi que l’infanterie se retrouvèrent aux portes de notre maison. Nos troupes repoussèrent à nouveau les Allemands hors du village. Nous tenions les hauteurs à l’ouest, les Allemands tenaient les hauteurs à l’est. Je reçus l’ordre de faire replier mes hommes du village vers 19 heures le 29 novembre 1944. Le reste du Bataillon suivit. Le 318ème couvrit notre repli. 
Nous nous repliâmes jusqu’aux abords de Marienthal. A ma connaissance, pendant la période du 30 novembre et des 1er, 2 et 3 décembre, aucune troupe américaine ne se trouvait dans Farébersviller. Il n’y avait peut-être que des patrouilles allemandes….. »

Extraits d’une deuxième lettre plus explicite : « …. Aux environs de 6 heures du matin le 29 novembre 1944, je reçus l’ordre du capitaine Martinez, officier d’état-major du 3ème bataillon du 317ème d’infanterie de la 80ème division de la IIIème armée, d’installer un poste de commandement avancé dans le village de Farébersviller.

Il me dit que des éléments des compagnies I, K et L s’y trouvaient déjà. En tant que chef de bataillon de communications, j’emmenai mon câblage, ma jeep-radio et six hommes dans le village.

Juste à l’intérieur de la localité, je trouvai une maison avec une grange à côté ; je conduisis la jeep à l’intérieur de la grange et j’y installai le tableau de communication.

Le sergent Frye, le sergent Rief et le cpl Baldwin équipèrent la radio et le tableau de commutation.

Tandis que le caporal Allard et le pvt Burden posaient les lignes de câbles de communication, le pvt Sheridan et moi retournâmes au P.C. arrière pour récupérer du ravitaillement.

Ayant obtenu le ravitaillement, nous  revînmes au poste de commandement avancé. Sur la grande route, les chars allemands tiraient des obus qui explosaient tout autour de notre jeep.

Sheridan hurlait : « Nous allons nous faire tuer ». Je lui dis d’appuyer sur l’accélérateur et de s’éloigner. Nous arrivâmes sains et saufs au P.C.. Les chars allemands arrosaient le village d’obus. A environ 200 yards de nous, un obus toucha directement une maison qui s’enflamma. Un Français, sa femme et environ trois enfants sortirent en courant et en se tenant par la main; c’est la dernière fois que je les vis (cf, lamaison Chenot qui brûle, Ndr). Sheridan et moi partîmes dans le centre du village pour retrouver le cpl Allard et le pvt Burden. Je compris bientôt que nous tenions le village mais les Allemands tenaient les hauteurs autour. On pouvait voir leurs chars dispersés sur les collines. 

Un obus explosa au milieu du village et tua un cheval. Les villageois affamés sortirent en courant de leurs maisons armés de couteaux, et peu après en 5 mn, le cheval fut dépecé et emporté.

Le bombardement était intense, et avec Sheridan, nous nous engouffrâmes dans la cave d’une des maisons. Trois G.I.’s et trois Français s’y trouvaient. Au bout de vingt minutes, le bombardement cessa. En compagnie de Sheridan, je sortis dehors, c’était l’enfer. Les G.I.’s couraient dans toutes les directions. Des chars allemands, suivis de l’infanterie, tiraient dans les maisons de but en blanc. Nous avons déguerpi en courant, vers notre P.C., un char tigre royal (il n’y avait pas de Koenigstiger au village, Ndr) juste derrière nous.

Nous sommes arrivés sains et saufs au P.C.. Nous avons ouvert la porte de la grange et sommes rentrés à l’intérieur. Là, le pvt. Burden était couché sur le sol, la poitrine déchiquetée et ouverte. Le sergent Frye avait un petit livre noir dans ses mains et priait au-dessus du corps de Burden.

Les yeux de Burden étaient clos et il se trouvait en état de choc. Il disait : « Mon Dieu, ne me laisse pas mourir ». Le sergent Rief était assis dans la jeep, devant la radio; le cpl Baldwin montait la garde le fusil à la main; à ce moment-là, le char-tigre remonta le long de notre grange. Le sergent Rief dit : « je vais envoyer un message au régiment ». Je lui répondis de le faire puisque le bruit du char couvrirait le bruit du moteur de la jeep. 

Rief envoya un message demandant l’envoi immédiat de chars et de TD (tank-destroyers) à Farébersviller ; l’opérateur du régiment lui demanda de répéter. Le char éteignit son moteur ce qui nous obligea à éteindre la radio. Quelqu’un appela du char : « Je suis le capitaine Smith, tout va bien, vous pouvez sortir ». Je dis que ce n’était pas le capitaine Smith car il commandait la compagnie K. A peu près 20 minutes plus tard, le tankiste ennemi ralluma son moteur et partit. J’entendis le bruit de chars plus nombreux. Je jetai un coup d’œil par la porte de la grange juste au moment où un char américain du 702ème bataillon de la division de chars remontait le long de notre grange. Je dis au sergent Rief d’aller chercher de l’aide pour Burden, et j’indiquai au pvt Sheridan de venir avec moi monter la garde pendant que je réparais les lignes de communication détruites par les chars. Sheridan traversa la rue et s’installa à côté d’un entassement de mines allemandes. Tandis que je m’agenouillai en face de la grange et commençai à réparer les lignes, quelqu’un cria : « Ohé Pillinger ! » depuis le char ; je levai les yeux et je vis Marty Doyle, un vieil ami du quartier allemand de Philadelphie en Pennsylvanie qui me dévisageait. Je ne savais pas qu’il faisait partie du 702ème tank batalion ; après une brève discussion, je retournai à mon travail. On pouvait encore voir les chars allemands sur la colline. Un capitaine américain et cinq hommes passèrent à côté de moi et montèrent dans un camion allemand, qui était garé dans un chemin à proximité de ma maison.

Je continuai à réparer mes lignes. Soudain, il y eut une explosion violente; je fus projeté contre le mur de la maison ; je pensai que les chars allemands avaient à nouveau ouvert le feu sur nous. Quand la fumée et la poussière se dissipèrent, je vis le capitaine et quelques-uns de ses hommes crier et courir autour du camion. Ils avaient fait marche arrière dans les mines ennemies. Le pvt Sheridan était à terre, le sommet de son crâne était soufflé, son corps était secoué de tremblements. Je portai Sheridan dans une jeep et l’envoyai dans un poste de secours à l’arrière. Je donnai l’ordre à mes hommes de se retirer du village. Le 318ème d’infanterie couvrit notre retraite. Le jour suivant, le sergent Willis m’informa de la mort de Sheridan et de Burden…….

L’article de Jimmy Cannon dans le Stars and Stripes du 03 décembre 1944 indiquait : « Un village repose tranquille dans la mort après avoir été traversé violemment par la guerre » en déclarant encore que seuls les morts restent à Farébersviller. Dans la crique peu profonde, les poissons sont les seules choses vivantes dans la ville ! ».

C’était d’après cet article que j’ai écrit mon histoire «Seuls les poissons sont vivants à Farébersviller ».

Le 04 décembre 1944, à 7h 30, le 318ème régiment attaqua et repoussa les Allemands hors du village pour de bon. Le tracé orange sur votre plan marque mon itinéraire dans Farébersviller. Je ne suis jamais passé par ce que j’ai appelé le centre du village où le cheval a été tué. Je me souviens d’un épisode : le capitaine Bob Smith avait été blessé et était revenu au combat le 29 novembre. Il rendit compte au sergent major James Pouletsos, du quartier général du 317ème Régiment.

Il dit à Pouletsos. « Donnez-moi votre automatique 45, je vais dans Farébersviller retrouver ma compagnie K ». Pouletsos lui répondit : « Quelle compagnie ? elles sont éparpillées d’un bout à l’autre de Farébersviller ». Smith va vous écrire au sujet de cette péripétie (ce qu’il n’a jamais fait, Ndr). Le sergent Pouletsos reçut beaucoup d’appels radio provenant de Farébersviller qui lui décrivaient comment les chars allemands tiraient dans les sous-sols des maisons.

Je lui ai écrit et demandé de vous envoyer son histoire.

Pourriez-vous m’envoyer une image de la stèle que vous avez sculptée. J’aimerais l’avoir pour ma collection. J’espère que cette information vous sera utile. Cordialement, Charles Pillinger.



James Pouletsos domicilié 64, Harrigton Avenue Westwood – NJ 07675

Ce qui suit  représente mes souvenirs pour la période du 26 novembre 1944 au 30 novembre 1944 au poste de commandement du 317ème Régiment d’Infanterie, 80ème Division.

26 novembre 1944 - Bois de Téting

L’avance se poursuit. Une brèche est ouverte dans la ligne Maginot. L’ennemi est en déroute. Il est très difficile de se déplacer sur les routes car l’ennemi a fait sauter les ponts, les canaux et a établi beaucoup d’autres obstacles. Nous essuyions des tirs d’artillerie lourde.

27 novembre 1944 – Aux abords de Tritteling ou Ebersviller ?

Le régiment a continué d’attaquer vers l’est. La résistance ennemie qui avait été faible, commence maintenant à devenir plus forte comme nous approchons de Farébersviller. Nous essuyions de très lourds tirs d’artillerie et de mortier dans tous les secteurs du Régiment.

28 novembre 1944 – Aux abords de Macheren

Le 3ème Bataillon du 317ème Régiment d’Infanterie qui attaque Farébersviller est éprouvé par une résistance très forte, presque fanatique. La progression est lente. Ce sont des combats de rues, maison par maison alors que la nuit tombez. Profitant de l’obscurité, l’ennemi lance une contre-attaque en force avec des blindés. Au poste de commandement du Régiment nous avons commencé à recevoir des bribes de messages alarmants d’une percée de l’ennemi. Nous reçûmes un message urgent du Quartier Général du 3ème Bataillon afin d’envoyer sur le champ des unités de chars et de blindés anti-chars. Peu de temps après celui-là, (nous reçûmes) un autre message afin de cesser toutes communications car un char se trouvait à l’extérieur de leur bâtiment et son canon était passé au travers de la porte. Au beau milieu de ce chaos et de toute cette confusion, le capitaine Robert W. Schmith, commandant de la compagnie K, entra. Il s’était rétabli de ses blessures à l’hôpital de la base et retournait maintenant faire son devoir.

Ne possédant pas d’arme, le capitaine Smith me demanda mon automatique calibre 45, ainsi que l’endroit où se trouvait la compagnie K, et m’annonça son intention de rejoindre la compagnie sur le champ. Je lui fis remarquer que l’obscurité était totale, que nous n’avions, à ce moment-là, aucun contact avec le troisième bataillon, et qu’il n’y avait probablement plus aucune compagnie à rejoindre.

L’intrépide Capitaine Smith se joignit à une colonne blindée qui  avait été envoyée en renfort au 3ème Bataillon.

Il retrouva et réorganisa sa compagnie.

29 novembre 1944 – Macheren

L’ennemi tenta encore deux contre-attaques qui furent repoussées dans les zones des 1er et 2ème Bataillons. L’adversaire se replia alors vers des positions défensives et continua de bombarder lourdement nos positions.

30 novembre 1944 – Macheren

Le 317ème Régiment fut placé en réserve de la Division pour sa réorganisation et son ravitaillement.

Cordialement

James Pouletsos, Sergent Major, Quartier Général du 317ème d’Infanterie, 80ème Division d’Infanterie.




Francis Rajnicek

Cher Monsieur le Maire Kleinhentz.,

J’ai mis plusieurs mois à vous écrire cette lettre. Lorsque vous avez fait paraître votre article, j’ai pris quelque temps afin de voir ce que je pouvais faire pour vous envoyer ces informations au plus vite. En relisant ce que j’avais rédigé, j’ai réalisé que j’avais essayé d’écrire un livre pour vous. Dès le départ, il est apparu évident de reprendre mes notes personnelles et d’en faire une copie ci-incluse.

Nous projetons de revenir dans votre ville si accueillante afin de visiter ce que nous n’avons pas pu voir lors de notre passage l’année dernière. Au retour de notre excursion en bus, après des journées bien remplies et alors que nous traversions le théâtre de mes opérations, il faisait nuit et je n’ai pas pu obtenir que l’on s’arrête afin de montrer à ma femme où les événements s’étaient produits.

Francis Blase Rajnicek né le 12 mai 1925 à Cleveland -Ohio- USA.

Etudes à Saint Stephen Catholic School de la 1ère à la 8ème,  à West Technical High School de la 9ème à la 12ème.

J’allais entrer à l’université pour étudier la chimie lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux. Mon père est décédé en 1932 d’une crise cardiaque alors que j’avais 7 ans et que j’étais le plus jeune. J’ai une sœur et deux frères qui ont tous deux accompli leur service dans la Navy durant la deuxième guerre mondiale.

Cordialement, Francis Rajnicek

« Après d’âpres combats dans l’ouest de la France, nous reçûmes le renfort de nombreux soldats puis l’ordre général nous fut donné de nous préparer à une offensive majeure dans le bassin de la Sarre.

En tant que section d’artillerie de mortier de 81 mm de la compagnie H du 2ème bataillon du 317ème régiment de la 80ème division d’infan-terie, nos forces consistaient en six escouades comprenant chacune huit hommes, (l’un équipé d’un fusil M1 semi-automatique de calibre 30, quatre de carabines semi-automatiques de calibre 30 et trois pistolets semi-automatiques de calibre 45).

Nous formions une équipe disposant d’armes, mais nous n’étions pas précisément une escouade de fusiliers, et de ce fait, nous n’avions pas une grande puissance de feu. Nous avions pour tâche d’apporter une protection très rapprochée aux fusiliers dans un rayon de 200 yards (182 m), de la ligne de front de manière à nous montrer les plus efficaces possible dès que les cibles ennemies se trouvaient à portée.

C’était évidemment la meilleure application pour ce genre d’armes. Cela prenait une tournure hasardeuse, aussi bien pour l’équipe armée lorsque les tireurs avaient à s’agenouiller pour armer leur mortier que pour les fusiliers qui étaient habituellement allongés par terre ou rampant vers les positions ennemies afin de les neutraliser. Agenouillés à 200 yards, nous représentions une cible parfaite pour les fusils, les mitrailleuses et les pièces d’artillerie ennemis. Nos pertes dépassaient parfois celles des fusiliers que nous devions couvrir par des tirs de mortier, du fait de notre proximité et de notre exposition face au danger.

En conséquence, il fut décidé que notre section serait renforcée en nombre, nos escouades passant de 6 à 10, par le rajout de quatre mortiers de 81 mm. Afin de nous fournir les munitions supplémentaires nécessaires, on nous attribua des ravitailleurs additionnels, ce qui porta le nombre d’hommes de notre section à 100, presque le double.

Il ne nous avait été attribué qu’un seul auxiliaire médical, qui était parfois si surchargé de travail, que nous devions nous-mêmes mettre la main à la pâte afin d’apporter des soins à ceux de nos compagnons qui étaient tombés. Lors d’un jour horrible suite à des bombardements particulièrement meurtriers, l’infirmier était tellement écrasé de travail à soigner nos hommes, qu’après 9 heures d’un pénible labeur ininterrompu et accaparant, il plia bagage et partit rejoindre le poste de secours du bataillon. Lorsque nous lui demandâmes pourquoi, il nous répondit qu’il n’aurait pas supporté de rafistoler un copain de plus. Nous n’avons jamais appris ce qui lui était arrivé. Quoi qu’il en fût, bon ou mauvais, nous aurions aimé le savoir. Mon opinion personnelle est que les supérieurs ont considéré cela comme une psychose traumatique. Alors, nous avons accueilli un autre auxiliaire médical.

Le 28 novembre 1944, à l’approche de Farébersviller, par un jour sombre, pluvieux et froid, nous avancions à pieds, traversant des champs labourés dans une boue particulièrement collante. Tous les deux ou trois pas, nous devions utiliser notre pelle-bêche afin de détacher et de faire tomber les blocs de boue semblables à du ciment de deux inches (pouces) ou plus (environ 5 cm) d’épaisseur de chaque chaussure.

Si on la gardait, c’était comme marcher sur une grosse boule, rendant plus difficile le maintien de notre équilibre et nous fatiguant énormément. Tout cela se passait sur un terrain accidenté, situé à l’ouest. De loin, la pire expérience de marche dans la boue de toute ma vie.

A notre arrivée, à l’extrême pointe ouest, il y avait une maison en construction, plus quelques autres seulement le long de la route (le haut du village, Ndr), et aussi une grande maison à environ 100 yards (91 m) de la route, (le Erbhof, actuelle maison du docteur Martiné, Ndr). A ce moment-là, nous ne savions pas que nous abordions les faubourgs de Farébersviller, qui était un village beaucoup plus important, comme j’ai pu le constater de loin en regardant vers le bas.

A son arrivée, ma section fut décimée par la résistance résolument haineuse et implacable d’environ 18 ennemis très bien entraînés et expérimentés. Cela nous rendit virtuellement incapables d’apporter notre soutien aux fusiliers qui avaient trinqué eux aussi. Comme il n’était pas dans notre fonction de patrouiller, nous occupâmes une maison, réduisant ainsi les avant-postes. Nous devions nous préserver, au vu de l’épuisement de nos effectifs. Nous fîmes donc une petite reconnaissance des lieux. Depuis notre arrivée à travers champs, nous n’avions contrôlé que quelques maisons dans toutes les directions, mais pas en contrebas de la route. Cela ne représentait qu’un doigt de pied posé dans le village et non pas une position forte, fermement établie qui aurait dû normalement constituer une ligne de tir et des avant-postes.

Nous installâmes judicieusement et sobrement nos postes de garde sur le devant de notre cantonnement ainsi qu’au travers de la route. Tout cela se passait dans la toute fin d’après-midi. Inutile de dire que nous occupions une position très précaire de par nos effectifs décimés et notre faible puissance de feu.

Je n’étais pas affecté au premier tour de garde, mais je me trouvais dans l’encadrement de la porte alors que le crépuscule tombait. Soudain, quelle ne fut pas ma surprise lorsque, regardant à l’est vers le cœur du village tout proche, j’aperçus des balles traçantes tirées vers les étages supérieurs de constructions que je pouvais distinguer dans l’obscurité. Instinctivement, je me mis à l’abri comme tout fantassin qui se respecte. Qu’il soit ennemi ou américain en possession de munitions traçantes, la simple et bonne raison démontrait qu’il eût été suicidaire d’indiquer sa position au loin, en répliquant. Si vous voulez tirer une salve de traceuses afin de localiser un ennemi pour vos compagnons, cela se faisait forcément avec des armes légères et des tirs d’artillerie. Mais quand vous tirez une telle salve, l’ennemi détermine dans l’obscurité le point précis de votre position. C’est pourquoi l’infanterie utilise rarement ce procédé risqué. Les seules fois où j’ai constaté l’utilisation de munitions traçantes, c’était par des chars ou des batteries anti-aériennes qui risquaient moins gros.

Une attaque ennemie était en train de prendre corps.

J’informais aussitôt le dernier officier qui nous restait (je préfère oublier son nom, il est mort depuis, lors de la traversée d’une rivière, et il se pourrait que son implication à Farébersviller soit une bien piètre image de bravoure pour son honneur…).

A cet instant, un lieutenant d’une compagnie de fusiliers approchait de notre cantonnement dans la lumière tombante. Je l’interpellai en criant : « halte ! ». Sa réponse aurait dû être le mot de passe. Au lieu de cela, il tenta de me bousculer pour passer. Sa conduite m’amena à le mettre en joue avec mon arme chargée en chien armé, à une portée chiffrée à quelques pas. Je l’interpellai à nouveau. Cette intimation le fit s’arrêter et se figer. Il demeura ainsi jusqu’à ce qu’il éveille l’attention de notre officier à qui il glissa dans l’oreille que le fait qu’il ne connaisse pas le mot de passe relevait de sa responsabilité, pas de la mienne (et que je n’avais qu’à m’occuper de mes oignons !).

Avec l’attaque imminente du char, j’étais le seul à avoir conscience de la réalité et de la gravité de la situation. Tout comme un vétéran combattant depuis un bon bout de temps, vous n’avez pas besoin qu’on vous dise ce qui va arriver. Depuis tout ce temps, j’avais appris (le proverbial 6ème sens !) à sentir les choses sans avoir à y réfléchir, c’est-à-dire, presque toujours s’attendre au pire, ce qui concourt grandement à votre survie lors des combats !

Je persévérais dans mes efforts à convaincre notre lieutenant de la gravité de notre situation. Mais en définitive, il fit preuve d’indécision, ce qui accrut davantage mon insistance à ce qu’il élabore immédiatement un plan d’action qui partagerait nos maigres forces pour moitié dans une maison de l’autre côté de la route, l’autre moitié restant en place. Un des traits de caractère que j’avais acquis était de bien savoir ce que je voulais. J’allais à l’université afin d’obtenir un diplôme en chimie industrielle lorsque j’ai été enrôlé dans l’armée. Normalement, avec des études universitaires, vous étiez affecté là où votre cursus pouvait être utilisé au mieux, comme par exemple, aspirant élève–officier. Cela me poussait à me montrer critique envers la capacité intellectuelle de mes officiers à réfléchir, ainsi qu’à leurs aptitudes à juger et à prendre des décisions.

Conformément aux procédés et aux lois militaires en vigueur dans l’armée, un officier avait toute autorité pour vous donner un ordre et si vous refusiez d’obéir, il pouvait vous faire fusiller afin d’éviter l’anarchie et de maintenir la discipline. Par conséquent, je n’ai jamais refusé d’obéir à un ordre et j’ai appris que m’adressant à un officier, si je terminais par le mot Sir, je ne risquais pas la cour martiale parce que je reconnaissais ainsi son autorité.

Je fus rapidement soutenu par les sergents restants. Notre gradé était toujours indécis. Lentement, il apparaissait évident que le lieutenant songeait à se rendre ! Je n’avais pas parcouru 4 000 miles (plus de 6 000 km) pour me rendre, j’étais venu pour combattre et gagner cette guerre. Notre lieutenant était de confession juive, ce qui nous poussa mes compagnons et moi-même, à écarter cette éventualité de trahison, mais comme sa pusillanimité devenait de plus en plus flagrante, un autre sergent et moi continuâmes à l’inciter à prendre une décision.

En ces instants, il faisait sombre, mais nous pouvions entendre les chenilles métalliques du char allemand sur la route empierrée et nous savions que le temps nous était compté. Les chars allemands avaient un moteur moins bruyant, de type automoteur. Nos chars étaient équipés d’un moteur d’avion refroidi par air, non insonorisé et très bruyant. Nous étions accroupis au fond d’un long couloir qui traversait la maison de part en part. Notre lieutenant était à ma gauche, le sergent qui me soutenait à ma droite. Une grande baie vitrée descendant jusqu’au sol se trouvait derrière moi. Il pleuvait. J’étais tellement appliqué à convaincre le lieutenant que je n’avais pas conscience de la notion de danger personnel devant cette grande fenêtre. Qu’un éclair vienne à l’illuminer en y découpant ma silhouette, c’en était fini de moi ! Une cible parfaite, comme je l’ai réalisé plus tard. Soudain le lieutenant dégaina son pistolet calibre 45, et je pensai que, finalement, il allait agir. Ensuite il l’arma et le pointa sur ma tête en disant : « la ferme, Rajnicek ! ». J’obtempérai. Il devenait de plus en plus clair qu’il envisageait la reddition. Avec cette grande fenêtre derrière moi, pour peu qu’un éclair s’illumine et ma silhouette s’y découperait. 

Pendant ce temps, le char ennemi s’était arrêté devant notre maison et un soldat allemand, (one Jerry, surnom de dérision donné aux Allemands, tout comme Kraut=chou, Ndr) armé d’une mitraillette arriva devant la porte qui était restée ouverte. Il commença par brailler : « Kom on zee out Amereekon ! Zee zoldat ick hobbon hotchow ?? fer dou. Sors de là, l’Américain ! toi soldat, j’ai un grand repas chaud pour toi », le tout avec un fort accent tudesque. Répondre dans l’obscurité totale équivalait à mourir. Mes pensées allaient toutes vers ma mort apparemment toute proche. Le lieutenant pointait son pistolet calibre 45 sur ma tête. L’Allemand se tenait à 20 pieds (6 m environ) devant moi avec une mitraillette braquée sur moi. Cette satanée grande fenêtre était derrière moi avec la possibilité qu’elle soit illuminée par un éclair. Je pensais à ce que ma mère évoquait à propos du sacrifice de mourir pour la France en libérant ce pays d’une occupation brutale en paiement de l’aide qu’elle nous avait apportée dans notre combat pour l’Indépendance face à l’Angleterre pendant la révolution de 1776.

Dans la pièce voisine se trouvait l’un de nos hommes d’origine mexicaine, qui buvait un coup. On pouvait entendre le choc d’un bidon en métal heurtant un autre bidon en métal, ce qui, dans cette situation, résonnait comme une cloche d’église. Pourquoi le soldat allemand ne réagit-il pas à ce bruit ? Cela demeure l’un des mystères de la vie. Le jour suivant, nous avons demandé au soldat qui avait bu un coup s’il savait qu’un soldat allemand se trouvait devant la porte, la nuit précédente, en train de brailler. Il nous dit que oui. Nous lui demandâmes donc pourquoi il avait fait tant de bruit avec son bidon alors qu’il se désaltérait en ce moment de tension extrême. Il répondit avec son accent mexicain qu’il était assoiffé. Je lui dis qu’il avait manqué de nous tuer. Il n’avait pas pensé avoir pu nous faire du tort. Certains de nos hommes n’étaient pas très intelligents. Quand le char s’éloigna, nous découvrîmes que c’était un gros char Tigre ( !!! Ndr) et nous fûmes encore plus soulagés après son départ et celui de son groupe de combat. Mon lieutenant rabattit le chien de son pistolet calibre 45 et le rangea dans son étui. Il décida ensuite d’envoyer une patrouille afin de contacter l’arrière pour leur signaler le char et son groupe de combat. Depuis que nous n’entendions plus de riposte face aux interventions ennemies, nous savions être les seules troupes dans cette partie haute de la localité.

Une escouade de fusiliers allemands avait une puissance de feu supérieure à la nôtre. Lorsque les patrouilles furent désignées, je demandai quel était leur plan. Elles n’en avaient aucun. Craignant un barrage ennemi, j’entrepris quelque chose. N’ayant participé au combat qu’en deux occasions, je me portai volontaire. Je réclamai toutes les grenades à main que mes copains avaient pu épargner. Je partis avec onze d’entre eux. Pour le plan que j’avais élaboré, ils me procuraient une couverture de feu rapprochée et me suivaient aux abords de la bourgade. Si je pensais qu’il y avait des Allemands dans une maison, je lançais une grenade à l’intérieur et j’utilisais ensuite ma carabine que j’avais choisie parce qu’elle disposait d’un chargeur de 15 coups et d’un canon court. A mon avis, c’était la meilleure arme pour le combat de rue, maison par maison. Cela se passa bien sur quelques centaines de yards. Au moment où ma couverture de feu devint sporadique et fantasque, je retournai vers mes copains restés trop loin derrière moi. Je constatai que par excès de prudence mes gus m’avaient tout bonnement laissé tomber. Livré à moi-même, je revenais difficilement à la maison d’où nous étions partis. (Cette mésaventure m’enseigna que votre mère est votre seul soutien et ami, tout au moins à ce moment-là ma vie). Mes compagnons avaient participé à bon nombre de combats durant lesquels nous nous étions entraidés mutuellement en nous exposant ou en risquant nos propres vies dans le but de faire notre job. A présent qu’ils m’avaient laissé en plan, alors que j’étais en avant et que j’avais pris tous les risques, je me retrouvais presque en état de choc. J’ai surmonté cette péripétie, mais ne l’ai jamais oubliée.

Alors que j’atteignais la maison suivante, j’y lançai une grenade. Je reçus une rafale de mitraillette qui fit voler mon casque et entailla l’arrière de ma tête. (Mes cheveux, lorsqu’ils repoussèrent, étaient blancs à cet endroit-là, et jusqu’à ce que je grisonne, marquaient le signe que j’avais besoin d’une coupe chez le coiffeur).

Je réagis en lançant deux autres grenades et en tirant avec ma carabine. Puis je m’élançai vers le bout de pâté de maisons et, courant à découvert, j’atteignis une unité américaine. Je m’identifiai et leur décrivis la situation à l’intérieur de la cité. Nous retournâmes à l’arrière et lorsque nous rejoignîmes ma section, les conséquences de mon volontariat étaient inscrites sur mon visage. Le tir de barrage commença. Je n’avais pas été blessé lors de ma sortie, mais au retour. Le reste de la nuit se passa sans incident.

Tôt le lendemain matin du 29 novembre, je fus surpris de découvrir mon premier blindé anti-char U.S. de 90 mm, sa tourelle étant ouverte. L’engin stationnait seul, aucun autre véhicule n’avait été assigné à l’accompagner. Son équipage était très conciliant. Un de nos hommes avait déchiré sa chaussure sur un barbelé anti-personnel. L’un des tankistes possédait une paire de rangers de G.I. (Government Issue = fournitures du gouvernement) supplémentaire, de la bonne taille, qu’il lui donna. Grâce à cela, nous ne perdîmes pas un homme au motif qu’il lui manquait une chaussure. Nous étions tous très excités d’avoir enfin à nos côtés du matériel de guerre supérieur, après l’attaque du char Tigre de la nuit précédente. Notre blindé avec son canon supérieur était tout indiqué pour devenir un tueur de Tigerpanzer. Nous posâmes nombre de questions auxquelles l’équipage nous répondit de manière compétente. Nous leur relatâmes les événements de la nuit passée. Bien entendu, ces informations avaient déjà été transmises au quartier-général, ce qui expliquait la présence du char blindé anti-tanks.

Je pénétrai dans la maison afin d’y prendre ma ration de déjeuner lorsqu’une très violente explosion ébranla la maison. Inutile de préciser l’extrême frayeur dans laquelle je me trouvai. Je sautai sur mes pieds et entrepris de descende les escaliers quatre à quatre. Je jaillis par la porte de devant en cherchant un trou où me fourrer, pensant que c’était un obus d’artillerie allemande qui avait explosé. Je sautai de joie en voyant à une distance de 200 yards un char allemand en flammes (neutralisé à 100 m de la maison Bruno Etienne, dans un chemin creux débouchant de la rue des Romains dans les champs, Ndr). Notre blindé venait de prouver qu’il était l’arme qu’il fallait, au moment où il fallait.

Avec un seul obus, il avait accompli la besogne pour laquelle il avait été spécialement construit.

De l’autre côté de la rue, un de nos hommes tentait de faire le point zéro sur sa carabine, calibre 30. C’est un procédé qui permet de régler le viseur afin de savoir où l’arme tire. Il fallait une certaine aptitude que les néophytes ne maîtrisaient pas toujours. Je proposai de le faire à sa place. Je choisis l’encoignure d’une fenêtre d’une maison située sur la route à environ 100 yards (91,40 m). C’est alors très simple de voir si les balles frappent à gauche ou à droite, en haut ou en bas. Je tirais et j’apportais des corrections au viseur à l’aide d’une pierre, seul moyen pour déplacer le curseur arrière qui n’avait pas été réglé d’origine. Apparemment, l’Armée de l’Oncle Sam ne pensait pas que c’était une nécessité, ce qui, en fait, était souvent le cas, dans d’autres domaines. Après avoir tiré quelques rafales et pendant que je réglais le viseur, j’aperçus trois soldats allemands sortir en courant d’une porte sur le côté gauche et fuir vers une colline. Je ne pus saisir à temps ma carabine pour tirer.

Malgré des effectifs insuffisants pour procéder à une reconnaissance adaptée du village, nous passâmes la nuit sans entendre de tirs ennemis, mais ainsi sont les hasards de la guerre. Des fusiliers furent envoyés pour nettoyer la maison, mais ils ne trouvèrent plus aucun ennemi. Lorsque nous quittâmes Farébersviller cet après-midi-là, je retournai vers le poste de secours du bataillon où l’on soigna mes blessures. Après mon rétablissement, je rejoignis ma section début décembre à Saint-Avold…. ». 




Ralph W. Roberts

 

Farébersviller, le 4 décembre 1944

 

A cette époque, en tant que fantassin de l’armée américaine, je n’avais qu’une vision très réductrice de la guerre, à savoir que je n’avais aucune idée de la situation générale et des évènements en cours ce jour-là. Je savais quand même que la bataille de Farébersviller était l’attaque d’un bataillon visant à « redresser les lignes ». Autant qu’il m’en souvienne, tel était le mot d’ordre ce matin-là.

L’attaque était prévue à 7 h 30 minutes. Par erreur, le premier commando de la compagnie C, 318ème régiment, 80ème division, attaqua quelques minutes plus tôt, avant les autres. Nous devançâmes donc le reste de la division dans un champ qui était recouvert à la fois par la brume et le brouillard. De ce fait, dans cette lumière matinale diffuse, nous avions une silhouette similaire à celle des soldats allemands. Les autres soldats de la 80ème se mirent à nous tirer dessus. Nous ne pûmes répliquer. Tout ce que nous pûmes faire fut de nous coucher dans la boue et hurler : « Nous sommes des G.I.’s, des Américains, ne tirez pas ! ».

Dans le même temps, leurs balles s’enfonçaient dans la boue tout autour de nous, ce qui provoquait un horrible bruit sourd. Nous restâmes plaqués au sol pendant un moment qui nous sembla être une éternité. Quand l’erreur fut réalisée et que les tirs s’arrêtèrent, le sergent William Donovan Junior, de Bayonne, New Jersey, était mort, tué par nos propres troupes.

Après cette bavure, nous avançâmes vers la voie ferrée qui se trouvait entre la ferme Bruskir et nous. La ferme était remplie de soldat S.S. et cela bloquait notre avancée.

Un G. I. se porta volontaire pour tenter de « nettoyer » la ferme. Il se leva et se mit à zigzaguer aussi vite qu’il le put avec son fusil, en direction de la ferme. A la fenêtre de la cave, il aperçut un soldat allemand qui le mit en joue avec son fusil. Instinctivement, le G.I. brandit le sien pour riposter, sans pour autant stopper sa course infernale. Le soldat allemand se ravisa et se remit à l’abri dans sa cave. Quand le G.I. atteignit le mur de la ferme, au niveau de la fenêtre de la cave, il y jeta une grenade. L’explosion et le bruit qui en résultèrent furent terrifiants et firent trembler le bâtiment. Puis le G.I. courut vers l’entrée de la maison et entra. Il y avait là un groupe de SS qui, nerveusement, se tenait debout, les mains en l’air. Ils se rendirent Ils étaient 15 à 18 dans la maison à ce moment-là. Ils auraient pu contrecarrer notre avancée s’ils l’avaient voulu, mais le bruit de la grenade explosant dans la cave les avait, je pense, réellement terrifiés. Ensuite un autre G.I. entra dans la maison et aida à sortir les prisonniers. Ce fut la  fin de la résistance allemande dans le secteur de Farébersviller.

Quelques instants plus tard, alors que nous progressions vers l’Est de Farébersviller, le G. I. qui avait à lui seul pris la ferme reçut d’un tireur isolé une balle dans le bras.

Ce fut grâce à cette attaque du bataillon dans les environs de Farébersviller, dont l’objectif était de redresser les lignes américaines, que le reste de la ville fut libéré.  Ce G.I., c’était Monsieur Ralph W. Roberts.




FAREBERSVILLER by JEFF WIGNALL

Farébersviller.  That’s the French spelling with a little thing over the first "e" that we don’t have on our typewriters. 

The German spelling is Pfarreberswei­ler, and it was a German town until the end of WWI when the provinces of Alsace and Lorraine became French again, sounds the same, but can make it confusing to look up in an atlas or encyclopedia. The bigger problem is that it’s not likely to be found in either.

Farbersville -as we Americanize it- is not a large town, even today at easily twice the size it was at the end of 1944 when the 80th Division arrived there : too small to appear on any but very large scale local maps. The town lies in a shallow val­ley about five miles east of St-Avold, straddling a key railway line and road running southeast to northwest, roughly paralleling the constantly shifting French-German border in that region. The old section of the town remains much as it was then, with most of the growth since to the northwest of the road, toward Theding.

Many of the men of the 80th’s 317th and 318th regiments who were at Fare­bersviller probably never knew the name of the town, or quickly forgot it in the blur of names of similar crossroad towns they passed through, sometimes three or four in a single day. Some may have picked it up from scuttlebutt; a few might have caught sight of a signpost along the way. To most it was probably just another town over another hill.

Charlie Pillinger, 3rd Bn HQ, never forgot Farebersviller (or Mount St-Jean, but he has left us that story elsewhere). Harry Nutting, I Company, was wounded there, and remembers it still, as I’m sure do a good many others who certainly remember the place if not the name. Both of them were with the 3rd Bn 317th, when it advanced into the town on the cold, rainy 28th of November 1944, and were cut off when the German coun­terattack forced the regiment to pull back.

Elements of the 17th SS Panzer Grenadier Div and 38th SS Regt. entrenched in Farebersviller were driven out by the 3rd Bn, by late afternoon. However, the Germans struck back, and had re-taken the eastern side of the town by 2000. The 3rd Bn had been fighting from house-to-house since nightfall. The 2nd had moved on to the high ground north of the town.

Counterattacks against the 317th positions continued through the night.

By the next morning the 3rd Bn was still engaged, and under tank and artil­lery tire. The 2nd Bn fought off two counter-attacks to the north, on hill 316, while the 1st Bn continued to hold the high ground south of the town against small arms tire.

Due to the intensity of the German resistance the 317th was pulled back to a reserve position later in the day (2330), and the 318th ordered to resume the attack on the following day, but early the next morning Division HQ called for a delay until the situation could be better understood. Artillery fire continued in both directions throughout the day, and the cold and wet weather continued.

The weather finally cleared and on 2 December 1944 Field Order N° 19 was issued at 1300 to "attack the high ground NE of Farebersviller on 4 Dec with 1 regiment (318) reinforced”. This was to be a limited objective attack in conjunction with an overall XII Corps move eastward to position itself for an advance through the legendary Siegfried Line and on into Germany itself The 80th was in the Fare­bersviller area not for any strategic purpose other than that was its position in the allied front line stretching from the North Sea to Switzerland poised to sweep into Germany and end the war "by Christmas”.

The German forces in the immediate 318th front were estimated to be about 600 men. The XII Corps offensive was to include the 26th, 35th and 80th Infantry Divisions and the 4th and 6th Armored Divisions. Intelligence estimated the enemy strength in the Corps front consisted of elements of seven divisions with a combined effective strength of 35000 men -slightly more than two full strength divisions. Allowing for the additional nu­merical strength of the two armored divisions, XII Corps strength was-on paper -equal to about six infantry divisions, which provided the three to one advantage considered necessary for an attacking force. On paper. Third Army (XII and XX Corps at this time) had been continually shorthanded following the three months of attrition warfare since crossing the Moselle in early September.

By 2 December the 318th had established a line from the wooded heights of the Knebusch, NW of Farebersviller, south across the St-Avold-Farebersviller trough Henriville and eastward toward Farschviller. The 319th relieved the elements of the 318th north of the road, and the 6th Armored Division those east of Henriville on the following day, allowing the 318th to concentrate in the area between the St-Avold road and Henriville. Eighty rounds of enemy artillery were fired on the Henriville assembly area around mid-day on the 3rd.

Units of the 17th SS Panzer Grenadier Div. established their line from the north to the south of Farebersviller, with a battery of four 88’s anchoring the right of their line north of Cocheren.

The attack plan was for 1st Bn Companies B and C to advance through Fare­bersviller and to occupy the high ground north of the town, with Company A in reserve. The 2nd Bn was to swing south the town, taking out a German strong­point at Bruskir Farm, then swing north through the town of Theding and on to the high ground north of it and ending on the 1st Bn right.  The term high ground in this context is very relative as the highest points were only about 100 feet above the elevations of the towns, but because of the open nature of the territory, they provided visibility for tremendous distances to anyone holding them.

On Monday, 4 December, it began raining again. The 1st Bn 318th, with B Co of the 702ndTank Bn in support, jumped off on schedule at 0730 preceded by a heavy artillery preparation lasting over an hour. The high ground northeast of the town was the initial objective. Companies B and C attacked through the town against medium résistance, struggling against the obstacles of muddy ground, the raised railroad bed running along its northeastern edge, and the flooded creek at its base.  Company B of the 305th Engineering Bn quickly constructed a treadway bridge to permit passage of the motorized elements that reported being across at 1038. By 0900 the two rifle companies had gained the elevations north of the town known as the Schallberg (Hill 317) and Winterberg (Hill 316), while A Co, in re­serve, occupied a position on the Cocheren Road at the base of the Winterberg. On the right of the 1st Bn, the 2nd Bn., with A Co., 702nd Tank Bn., and A and C Cos of the 610th Tank Destroyer Bn, moved south of Farebersviller to the Bruskir Farm, then north toward Theding, cast of the Schallberg, which was secured by 0930. They entered the woods north of it by 1100, and occupied their objective, Hill 373 (Mt. de Theding), by 1145. By 1 100, B and C Co’s were crossing the road running east from Cocheren to Theding through the valley southeast of Cocheren and about two miles north of Farebersviller. By 1325 they had occupied their final objective, Hill 342, a steep bluff northeast of Cocheren called the "Herapel," overlooking the village below, and were digging in.

The 3rd Bn moved up to Theding from its reserve position near Seingbouse at 1815.

80th Infantry Division commanding general, Major General H.L. McBride, commended the 318th Regiment, stating that, "The operation was one of the most successful this regiment had undertaken, and was executed completely according to plan". Sixty casualties were initially reported [later revised to 100]….The enemy suffered at least 100 casualties, and 197 taken prisoner.

Toward mid-afternoon A Company was ordered to clear the village of Co­cheren, just north of their reserve position on the road from Farebersviller, in or­der to straighten the line from Bening-les-St-Avold to the high ground above Thed­ing, with Company B, 702nd tank Bn reassigned to support them.

A Company was in the vicinity of a mill (the Moulin Haut, or the Moulin Breidt for the family that owned it) alongside the railroad just west of Farebers­viller track that was being used as the company CP and aid station. Just beyond the mill several village families huddled in the cold, damp safety of a tunnel that passed under the elevated railroad bed, its western end blocked off to guard against grenades being thrown in by advancing troops.

The company advanced about a half mile north on the road, to within sight of the town of Cocheren and halted, from what can be determined, near a stone quarry on the northern side of the Winterberg, that appears to have contained a worker’s shelter constructed of stone slabs cut from the quarry.

The 4th platoon was to establish a roadblock at that location, dispositioning their weapons to cover a retreat of the rifle platoons should it become necessary.

It should be remembered that this was the absolute front line; beyond it was the sacred soil of the Fatherland, defended by enemy soldiers instructed to hold at all costs. It had been learned shortly before that a standing "no retreat across the Rhine" order in the German Army had been upgraded to include officers, "--- any officer authorizing the retreat of his unit would be summarily court martialled, his commission cancelled, and he would be placed on the line as a rifleman." It had been common practice for anyone retreating without authorization to simply be summarily shot. Given the experience of the 317th a few days before, no one had reason to think those orders would not be followed to the letter.

Whether the rifle platoons had already begun their advance, and one held in reserve, or none of the men had yet begun to move forward is unclear, but two ex­plosions, seconds apart, suddenly occurred in the immediate vicinity of the stone shelter.  The lire was described by men with whom I have been in contact as "heavy caliber, direct fire, probably from a tank," but for various reasons none were aware of its source, and some felt that it may have been "friendly."

Recently, information from two sources has shed more light on what look place. The records of the 702nd Tank Bn state that... “The companies look up de­fensive positions... B at Kochern (alt. Cocheren). During the action, 135 prison­ers were taken and three AT guns were destroyed. One Mark V tank was driven off.  None of our tanks were damaged or knocked out”. (These, from 80th Division reports, are known to have been destroyed at Cocheren). Additionally, the son of Stanley Kenetski, an A Company man (2nd platoon) who had passed away in 1994, and, sadly, before I was able to locate him, contacted me not long ago. Stan, as he had told his son, was among the group near the shelter when he heard the sound of small arms lire followed by the appearance of a German Mark V tank moving towards them on the road from Cocheren, and almost immediately fired two -he thought possibly three- 88 rounds in quick succession that struck their position. The tank immediately came under what he thought was artillery fire (ac­tually 702nd tank fire), and quickly reversed into Cocheren -and apparently be­yond, as it was not seen again.

Sgt. Jim Jameison, 4th platoon, dove into the shelter when the first round ex­ploded, and remembered the second hitting just outside and filling the whole place with smoke and debris. Moments later he realized he had been badly injured in the leg. Stan was injured in both legs and Roscoe Combs also wounded, possibly in the face as Jameison remembered another man being brought into the aid station with such wounds. Sgt Siegel Mercer was killed, as was Pfc William Wignall, the .30 caliber machine gunner. (There was only one mg. team operational in the platoon at the time where normally there would have been two. General Patton later noted that the replacement situation at that time had become "extremely bad”. The 3rdArmy was short eleven thousand men, which translated to rifle companies operat­ing at about 55% of their normal strength. For the second time in as many days he had ordered a 5% levy on non-essential Corps and Army personnel).

Sgt Jameison would be several months recovering from his wound, and re­turned to the unit only a few days before the war in Europe ended. Stan Kenetski also underwent a lengthy recovery, was eventually reassigned to limited duty else­where, and did not rejoin the unit. Russ Mitchell, Burt Kellerstedt and Royden Post, 4th platoon, were all in the vicinity occupied at varying distances from the shelter. All remembered hearing the two rounds explode, and Burt recalled the opening small arms tire, but remain uncertain about the source.

The company commander, Capt. Otto Schultz, was awarded the BSM for mer­itorious service at Cocheren.

Bill Kuhl recalled that "...We went through a wooded area to move up to some high ground overlooking a valley, and on the other side of that valley was Germany”. The high ground was the Herapel ; the view was of Germany’s industrial Saar valley.

On Thursday, 7 December, the 80th Division was ordered to a rest area by XII Corps. CCB of the 6th Armored Division relieved the 1st and 2nd Bns, which were withdrawn to a rest area at Freyming, NE of St-Avold, where preparations were begun for the next major effort : the assault on the Siegfried Line, which, as things developed would be several weeks in the future. The 80th Division had been in action for 122 days to that point ; ten of them at Farebersviller.




Jeff Wignall cherche désespérément dans quelles conditions et à quel endroit précis son père est décédé le 4 décembre 1944.

……A la demande de son fils Jeff, des historiens locaux cherchent à retrouver l’emplacement où est mort Bill Wignall, un 4 décembre 1944, lors des combats à Cocheren-Farébersviller.

Chaque année des dizaines de familles, via les associations américaines d’anciens combattants tentent de retracer le chemin parcouru par les soldats morts au combat.

Disparus ou morts, bon nombre de soldats n’ont pas retrouvé leur foyer après la seconde guerre mondiale. Autant d’hommes, autant d’histoires.

Quelque part en Amérique, le fils d’un soldat a voulu savoir pourquoi son père n’est pas rentré dans le Massachusetts. Comment, où et pourquoi est mort le soldat de 1ère classe Bill Wignall, de la 4ème section, compagnie I, du 318ème régiment d’infanterie U.S. ?

Alors, il a fait appel à une association luxembourgeoise chargée de l’entretien des cimetières américains, spécialisée également dans la recherche des disparus.

Les récits de soldats survivants laissent quelques indices à la famille.

Bill Wignall est mort en Lorraine, et plus précisément à Cocheren, début décembre 1944. Logiquement, l’association s’est adressée à Edwin Neis, conservateur du musée de Freyming-Merlebach qui, avec Laurent Kleinhentz, est un des spécialistes de la IIIème Armée.

.. Nous sommes le 28 novembre 1944. La Heeresgruppe G allemande, sous le commandement du général Balck, arrive à stopper l’élan de la 80ème Division US aux sorties de Hombourg-Haut, Guenviller et Macheren, et qui arrive aux abords de Betting.

Ce verrou est tenu par les Allemands jusqu’au 4 décembre 1944, jour où la 80ème division U.S., commandée par le major général Mc Bride, arrive à faire reculer l’ennemi.

Lundi 04 décembre 1944 : une petite couche de neige recouvre la terre et il commence à pleuvoir. La mission du 318ème Régiment d’Infanterie est de nettoyer les villages et les plateaux environnants de Farébersviller, Théding, Cocheren, appuyé par l’attaque simultanée de la C.T. 319 (Combat Team = régiment) et de la 6ème Division blindée.

L’opération en question fut l’une des plus réussies : Le 318ème Régiment d’Infanterie US traversa comme un rouleau compresseur Farébersviller, Tenteling et Cocheren.

A Farébersviller, 327 allemands furent faits prisonniers.

Dans le 318ème Régiment d’Infanterie, il y eut le jour même 68 morts, mais des rapports ultérieurs parlent de plus de 100 morts. L’ennemi eut à déplorer au moins 98 morts.

 

Voici le résultat des investigations de Jeff Wignall :

Le 15 septembre 2000

Cher Constant,

Ce fut une agréable surprise de vous revoir lors des retrouvailles de la 80ème Division à Louisville. J’espère que cette visite a été agréable pour vous. Comme vous avez dû vous en rendre compte, il s’agit là d’un évènement très animé car chacun cherche toujours à rencontrer un maximum de monde en un minimum de temps. Je ne m’attends plus guère à y trouver beaucoup de renseignements concernant mon père car j’ai épuisé depuis longtemps la plupart des sources d’information que peuvent offrir les membres de l’association. Mais mon épouse et moi-même assistons régulièrement à cette rencontre afin de garder le contact avec les amis que nous y avons faits ces dernières années. D’une année à l’autre et de manière régulière, je sens que j’affine ma compréhension de « ce qu’a été la vie de mon père » durant cette guerre grâce aux conversations que je peux avoir avec les rescapés.

Afin de vous faire connaître les informations que je détiens concernant la mort de mon père, je vous envoie ci-joint un extrait de mon manuscrit détaillé qui contient, je pense, toutes les informations dont je dispose pour le moment concernant l’attaque de Farébersviller par le 318ème Régiment le 04 décembre 1944 ainsi qu’une carte du secteur concerné.

De ce que j’ai pu apprendre jusqu’à maintenant, je déduis que l’accident a eu lieu à l’endroit de la carte où figure le mot Cocheren….

Des survivants de la 4ème section armée de la Compagnie A du 318ème Régiment avec lesquels je me suis entretenu, indiquèrent qu’ils s’étaient arrêtés un peu avant la ville de Farébersviller, puis avaient dépassé la dernière maison située au bord de la route.... Je suppose qu’il s’agit là du Moulin-Bas et par conséquent de l’endroit où le Poste de Commandement de la Compagnie était installé pour cette nuit-là. Il semble que l’on s’inquiétait d’une probable contre-attaque allemande pouvant venir de la direction de Cocheren et la Compagnie A fut désignée pour aller ériger un barrage routier au sud de la ville. Il fut convenu que la 4ème section resterait toujours à l’arrière de la section des fusils (rifle platoons) lors de ses déplacements et s’arrêterait à l’endroit désigné du barrage routier tandis que la section des fusils avancerait jusqu’en ville pour la nettoyer.

Le seul repère que j’ai à examiner est source de confusion car il a été décrit tantôt comme une grotte (donc un orifice naturel non créé par l’homme) tantôt comme une mine ou même l’entrée d’une carrière (donc creusée par l’homme) perçant le flanc de la colline sur une longueur de quelques pieds, d’une galerie longue d’environ 8 pieds, perpendiculaire à l’entrée. (Dans cette carrière de Farébersviller dont les pierres extraites ont servi à édifier les casemates de la Ligne Maginot, se trouvait un abri en tôle rond utilisé par les carriers, Ndr).

Un témoin a précisé que les gars de la 4 avaient déposé leur paquetage à l’intérieur car il pleuvait alors que j’ai longtemps eu l’impression que cette structure se trouvait sur le côté est du défilé, laissant ainsi supposer qu’il s’agissait d’un accident provoqué par le tir du camp des alliés comme deux témoins semblaient le croire, puisqu’on peut supposer qu’il a pu être observé par des unités alliées à l’ouest, mais comme à cet endroit la route se trouve du côté ouest de la rivière, il est fort possible que l’endroit cherché se situe de ce côté car personne ne se souvient d’un cours d’eau situé entre la route et la «grotte ».

Aucun de mes informateurs ne fut très clair quant à leur position relative. Ils indiquèrent que l’ouverture se trouvait au niveau de l’encaissement de la route [au même niveau que le ballast de la route] avec une légère dépression entre les deux (?), cette ouverture étant assez grande pour permettre que l’on y pénètre en s’accroupissant légèrement.

Les témoignages s’accordent pour dire que deux salves de tir direct, de gros calibre, furent tirées sur cet endroit. Un témoin croit se souvenir qu’elles avaient été précédées par plusieurs salves d’armes à feu de plus petit calibre. Le point essentiel à retenir étant que la cible devait être visible depuis le point de départ du tir.

Il semble qu’à cet endroit la route en direction de Cocheren pénètre dans un défilé et l’examen de la carte me fait supposer que la visibilité est réduite à seulement quelques endroits spécifiques où le canon en question aurait pu être situé – soit un tank de 75 mm, soit un anti-char de 57 mm.

Il semble que quelques vestiges de la ligne Maginot (postes de mitrailleuses établis à la gare et sur le coteau dominant la ferme du Moulin-Bas, Ndr) soient encore visibles dans cette zone. Le maire de Farébersviller, Monsieur Kleinhentz, m’a envoyé des photos pouvant d’après lui représenter l’endroit recherché. Mais les témoins qui ont vu ces photos ne le pensent pas, même en tenant compte des changements dus à 50 ans de repousse de végétation. Celles-ci montraient un site ressemblant davantage à l’emplacement d’un canon, étant formé de grands blocs de pierre et d’après moi, beaucoup plus petit que l’endroit recherché. Ce dernier, s’il appartenait à la Ligne Maginot, a dû être plus grand et sans doute plus «étendu ».

La première salve fut celle qui causa les dommages. L’un de mes informateurs, qui est décédé maintenant, fut frappé par celle-ci et plongea dans l’entrée de la grotte, tandis qu’une deuxième frappait l’extérieur de l’entrée. Un autre homme se trouvait au bord de la route, mais en train d’installer la mitrailleuse à une distance d’environ 100 pieds et un troisième était sur la voie ferrée en train d’enlever des charges explosives, laissées par les Allemands battant en retraite. (D’après les vieilles cartes, le réseau ferroviaire était bien plus étendu que de nos jours). L’accident survint en fin de journée, comme le laisse à penser l’expression utilisée par l’un des témoins qui parle de jour qui baissait. Tous les objectifs semblaient avoir été atteints à ce moment-là et plus aucune unité n’était engagée dans des combats avec l’ennemi.

Les pages de l’extrait ci-joint reproduisent en détail ce que j’ai pu apprendre de la position relative des différentes unités y compris celle des ennemis – à ce moment là. Situer la grotte est devenu un des facteurs essentiels devant me permettre d’identifier l’origine du tir.

-  Une section de carte actuelle.

- Un fragment d’une carte actuelle, m’ayant également été transmise par M. Kleinhentz, montre un chantier de construction à l’est du défilé, au sud de la ville, dans la zone que j’ai été amené à considérer comme l’endroit recherché. Ce chantier a pu faire disparaître toute trace d’une ancienne grotte. Mais peut-être qu’une personne de la région peut s’en souvenir. Et bien sûr, il subsiste la possibilité (l’éventualité) tout aussi vraisemblable que l’endroit recherché se trouve sur le côté opposé……                   Amicalement votre Jeff W.

Le 04 décembre 44. Lundi : il pleut. Le 1er Bn du 318ème accompagné par le BCO du 702ème  (un peloton du 702nd Tank Batalion) se mit en route à l’heure prévue, soit 7h30, ayant pour objectif initial le plateau situé au nord-est de la ville, précédé par une attaque à l’artillerie lourde durant plus d’une heure et un feu continu de mortiers de la 319ème Compagnie de réserve et du 318 R.I. (régiment d’infanterie) arrêté par des armes lourdes en tir direct par la 808th Tank Destroyer Batalion et le 319 RI dirigé sur les objectifs jusqu’à ce qu’ils fussent pris afin de couvrir au maximum les GI’s qui avançaient.

L’attaque de la ville par les compagnies B et C rencontra une résistance moyenne.

Leur progression fut d’abord gênée par des obstacles naturels tels qu’un sol boueux, une piste de chemin de fer surélevée passant par le côté ouest de la ville et un ruisseau inondé (en crue) à sa base. La compagnie B du 305ème bataillon du génie construisit rapidement un pont permettant le passage d’unités motorisées qui furent signalées de l’autre côté à 10h38.

A 9h précises, les 2 compagnies de fusiliers avaient gagné les collines au nord de la ville appelées Schallberg tandis que le Co A, étant la compagnie de réserve, se déplaçait le long des pentes abritées de la colline 316 (sur les flancs ouest abrités de la colline 316, le Winterberg surplombant la route), la voie ferrée et le ruisseau qui va vers le nord, empruntant la vallée, en direction de Cocheren.

Aucun tank ou fusil d’assaut ne fut utilisé pour soutenir la défense allemande, bien qu’il y eut des tirs d’artillerie sur différents endroits dans la zone des régiments, à partir d’une batterie située au sud de Bousbach, à environ 4 miles au Nord-Est de Farébersviller et d’une batterie de 3 Howitzers de 150 mm près de Diebling à environ 3 miles vers l’est. Les armes anti-chars de 75 mm des 3ème et 4ème Cies du 17ème SS AT Bn furent toutes détruites près de Farébersviller et 2 Howitzers de 150 mm et 4 fusils AT manœuvrés par la 13ème Cie du 38ème SS Panzer Grenadier Rgt manquèrent de munitions et furent capturés par le 2ème Bn près de Théding.

A 11h précises, les Cies B et C traversaient la route allant de Cocheren à Théding, passant par la vallée au sud-est de Cocheren, à environ 2 miles au nord de Farébersviller et à 13h 25, ils prenaient possession de leur objectif final : la colline 342, un promontoire escarpé au nord-est de Cocheren baptisé Hérapel par les habitants de la région, colline surplombant le village en contrebas (le Mont de Théding de même altitude est encore entre les mains allemandes, Ndr). Ils étaient en train de s’y retrancher.

La Aprogressait sur le flanc de la colline parallèle à la route allant de Farébersviller à Cocheren pour couvrir la route sur leur gauche et amener des renforts aux Cies B et C si nécessaire. La section blindée fut déployée derrière la section des fusils, comme il est d’usage.

Russ Michel se souvient avoir installé le fusil-mitrailleur sur la pente pour tirer sur un bâtiment au pied de la colline afin de descendre les troupes allemandes qui se retiraient de Farébersviller et qui y avaient trouvé refuge. Le poste de commandement de la compagnie fut alors installé dans le bâtiment supposé être le Moulin-Bas car Russ ne se souvient pas d’avoir vu une autre maison située au bord de la route de Cocheren. Les pelotons des fusils montèrent au village et n’ayant pas rencontré de résistance le débarrassèrent des restes dispersés des troupes ennemies, s’emparant de 34 Pow’s (Prisoners of war) et ils s’établirent là.

La section armée demeurera au sud, non loin de Cocheren où ils établirent un avant-poste à proximité d’un trou ressemblant à l’entrée d’une grotte, ou peut-être celle d’une mine à l’extrémité est de la route.

Russ se souvient d’être retourné au P.C. pour la nuit et a la certitude de n’être passé devant aucune maison ; ce qui confirme le « Moulin-Bas » comme la localisation du P.C. puisque c’est la dernière maison au bord de la route au sud du village de Cocheren. Il s’est souvenu de l’entrée de la grotte comme d’une ouverture naturelle c’est-à-dire non construite par l’homme où l’on pouvait pénétrer en se baissant un peu.

La batterie de quatre 88 au nord de la ville dirigée par les hommes de la 2ème Batterie du 17èmeBataillon de la SS AA qui ne disposait que de munitions AA fut conquise mais un seul Pow fut pris. Le commandant de Compagnie, le Capitaine Otto Schultz, fut décoré du B.S.M. pour services méritoires rendus à Cocheren.

Depuis peu de temps, la première force d’opposition à Farébersviller, c’est-à-dire la 17ème Division SS avait été soumise à une réorganisation partielle pour compenser les pertes subies à Metz. Un grand nombre de troupes n’avaient bénéficié que de très peu d’entraînement au combat. Il arrive qu’une compagnie entière d’étudiants en médecine soit dépouillée de leurs brassards et envoyée au front comme soldats d’infanterie.

A droite du 1er bataillon, se trouvaient le 2ème Bn ainsi que le 702ème bataillon de tank ACO, le A et le bataillon de destroyers COS 610 qui se déplacèrent au sud de Farébersviller, jusqu’à la ferme Bruskir puis au nord vers le village de Théding, à l’est du Schallberg sous une pluie d’armes automatiques lourdes. Ayant dégagé la ville à 9h30, ils entrèrent dans la forêt au nord de la ville à 11h et prirent possession de leur objectif : la colline 373 ou Mont de Théding à 11h 45, surplombant Folkling se trouvant en contrebas vers le nord.

Les 2 bataillons commencèrent à organiser la défense des terrains conquis. Des barrages routiers furent érigés sur la D29 qui va au nord vers Forbach pour empêcher une éventuelle contre-attaque des troupes allemandes se retirant de cette zone. A 15h10,  le 2ème Bn reçut l’ordre d’organiser la défense sur le Mont de Théding qui contrôlait toutes approches venant du nord, du nord-est et des routes allant au village du nord, de l’ouest et du sud.

Le 3ème bataillon se déplaça vers Théding à 18h15 depuis sa position de réserve près de Seingbouse.

Voici un extrait de « L’Histoire du 318ème Infanterie » de Bob Murrell :

La mission du Régiment était de nettoyer les villes et les plateaux environnants de Farébersviller, Théding et Kochern (Cocheren) avec l’appui d’une attaque simultanée de la CT (Combat Team) et des tanks de la 6ème Division blindée. D’après les plans, l’attaque devait commencer le 04 décembre 1944 à 7h 30 avec, à gauche, le 1er bataillon, à droite le 2ème et le 3ème en réserve, précédés par les préparatifs des corps et divisions d’artillerie et par la concentration des mortiers de  toutes les compagnies d’armes lourdes organiques de CT 318 de même que par des mortiers du bataillon de réserve de CT 319 et par le feu direct du bataillon de Tank Destroyer BCO 808. Ce feu d’artillerie fut maintenu sur les objectifs des collines jusqu’au début de l’attaque par les troupes ; il a protégé efficacement leur progression à travers les dépressions du terrain y compris le ruisseau en crue.

Les bataillons A et C du 610ème Tank Bataillon Destroyer furent rattachés au 2ème Bataillon. Le 702ème bataillon de tanks A et B furent de réserve, ce qui était leur fonction habituelle.

Le 305ème Bataillon du génie fut rattaché à ce régiment et construisit durant les premières heures de l’attaque un pont de fortune au milieu du village, au-dessus du ruisseau (le Kochernbach) permettant aux chars de continuer à soutenir l’infanterie de très près. L’opération en question fut l’une des plus réussies que le régiment ait entreprise et fut exécutée strictement selon les plans.

Les éloges reçus de la part du général  en poste de la 80ème Division d’infanterie, le Général- Major H.L. Bride témoigne de l’efficacité des prévisions, de la coordination et de l’exécution irréprochables.

Il y eut 68 victimes (Des rapports ultérieurs font grimper le chiffre à plus de 100). L’ennemi eut à déplorer au moins 100 victimes et 197 soldats furent faits prisonniers.

Un ordre émanant du quartier général à 18h 45 fut ainsi rédigé :

« Hercule 6 donne ordre à tous les tanks se trouvant dans le défilé nord-sud près de Kochern de se déplacer vers un moulin (Kosren Mühle), remplacer les T.D. aux barrages routiers si nécessaire ». Les tanks ainsi localisés devraient garder la radio allumée toute la nuit dans les véhicules. Ceci est approuvé pour empêcher les tanks d’être faits prisonniers dans le défilé.

Cette zone a été identifiée comme la route de Théding à Cocheren sur laquelle avançait la 6ème division blindée dans la vallée au nord du Schallberg.

En fin d’après-midi, le Pfc Wignall avait été nommé chef de peloton manœuvrant l’unique mitrailleuse de sa section. Le sergent Jim Jameison, en tête de l’escouade, jouait le rôle de chef de section en remplacement de Paul Barton, blessé depuis peu et 2 ou 3 autres soldats debout près de l’entrée de la grotte à côté de la route allant vers Cocheren en train de monter le matériel pour couvrir la route, quand une explosion soudaine fit que la plupart des hommes recherchèrent le couvert très rapidement. Le sergent Jameison se mit très vite à l’abri du bunker Kronenmühle sans réaliser qu’il avait été touché et fut incapable de se souvenir plus tard s’il était entré de lui même dans le bunker à quatre pattes, lorsqu’une deuxième explosion suivi à bref intervalle juste devant l’entrée de la grotte, masque cette dernière par un rideau de fumée et une pluie de terre. La force de la première explosion avait jeté Bill Wignall à terre étant apparemment évanoui, blessé à la hanche et à la cuisse gauche par des fragments d’obus, et dont il n’allait jamais avoir connaissance.

Le sergent Jameison avait été gravement blessé à la jambe en dessous du genou par un tir qu’il décrivit comme deux explosions dues à un tir direct venant probablement d’un tank, car il avait la certitude qu’il s’agissait d’un calibre plus grand que le 57 mm de fusils anti-char. Jim fut capable de se déplacer tout seul jusqu’à la station de secours du bataillon. Par la suite il passa un mois à l’hôpital en France puis trois autres en Angleterre avant d’être à nouveau reconnu bon pour le service, deux semaines seulement avant la fin de la guerre. Il se souvient de l’un des soldats revenu à la station de secours un peu plus tard avec une blessure d’obus au visage mais ne sait pas ce qui a pu arriver aux autres. Russ Mitchell était en train d’installer la mitrailleuse calibre 30 sur la route et il rampa jusqu’à Bill pour lui porter secours, à 30 mètres de distance de la mitrailleuse en direction du nord. Il le traîna jusqu’à un endroit plus abrité dans un creux se trouvant plus bas que l’ouverture de la grotte, hors d’atteinte de nouveaux tirs, et envoya un messager au poste de commandement pour chercher de l’aide.

Il enleva le paquetage de Bill pourqu’il soit plus à l’aise mais il ne se souvient plus s’il a pu obtenir de lui la moindre réaction, voir à quel endroit se trouvaient ses blessures ou estimer leur degré de gravité à cause de l’obscurité croissante. La nuit était tombée avant l’arrivée de l’ambulance.

Burt Kellerstedt avait rejoint le peloton armé à la mi-novembre et n’avait fait le Pfc que la veille. Il était en train d’enlever des charges explosives collées aux rails du chemin de fer à peu de distance de l’entrée de la grotte. (La gare de Farébersviller se situe à 400 m à vol d’oiseau d’un petit tunnel en pierre de grès qui réceptionnait les eaux de ruissellement venant de la forêt de Béning. De l’entrée, on avait vu sur le moulin-haut (Breidt), en face de la chapelle Saint-Antoine. Les familles Houllé et Muller y avaient trouvé refuge. Ndr) et il se souvient au moins d’une salve de tir direct de gros calibre (sinon de deux salves) qui semblait avoir pénétré directement dans la grotte par l’ouverture vu la fumée qui en est sortie aussitôt et la pluie de débris. Il pensa qu’il pouvait s’agir d’un canon antichar mais ne put avoir aucune certitude à cause de la confusion  qui s’en suivit. Il se rappelle que la grotte était à peu près au niveau du ballast de la voie ferrée, qu’elle entrait dans le flanc de la colline sur une longueur de huit à dix pieds et rejoignait une galerie qui s’enfonçait de plusieurs pieds vers la droite. Il se souvient d’au moins une demi-douzaine de coups de canon tirés sur cet endroit depuis une source indéterminée quelques instants avant le tir de l’artillerie lourde.

Jim Jameison et Burt Kellerstedt pensent tous les deux qu’il s’agissait d’un tir américain. Russ Mitchell était moins affirmatif mais pensait que c’était possible. L’attaque par Farébersviller avait amené le 1er bataillon en tête du plus grand nombre de troupes américaines venues de ce secteur et sa situation sur le bas des pentes du Winterberg était exposée au feu de plusieurs sources de tir américaines mais à l’abri de la plupart des bases ennemies. (Placé sur le haut du Winterberg, l’observateur ennemi avait vue sur la grotte, Ndr). Il semble bien que le feu était direct. Les rapports dont on dispose ne font aucune mention d’armes ennemies de gros calibre dans la ville elle-même autres que la batterie AA prise au nord de la ville et le reste des troupes allemandes qui s’étaient retirées dans la direction de Forbach et de Sarrebrück  avec leur équipement. A 15h15, le 314ème Field Artillery Bn, l’un des quatre régiments comprenant la 80ème Division d’Artillerie remonta de Guenviller d’où il avait contribué à l’attaque par ses tirs et arriva à Farébersviller une demi-heure plus tard. Le lendemain, la présence d’un direct fire Weapon (arme à feu direct) fut signalée à Nassweiler, à environ un mile et demi au nord de Cocheren surplombant la ville et une bonne partie de la vallée au sud. Des batteries d’artillerie ennemies avaient été repérés prés d’Oeting et au nord-est de Folkling sur la route de la retraite vers Sarrebrück et un feu sporadique continuait de tomber sur Saint-Avold, Farébersviller, Cocheren et d’autres endroits de cette zone. Un PoW signala la présence d’un canon AT de 88 mm alors à Oeting. Mais un feu direct de cet endroit aurait été arrêté par les collines situées sur sa trajectoire.

Bill Kuhl, de Sebewaing dans le Michigan, témoigne : «  Nous avons traversé une zone boisée avant de grimper sur un plateau dominant une vallée et de l’autre côté de cette vallée se trouvait l’Allemagne. Pendant que nous traversions la forêt, nous avons essuyé un tir d’artillerie lourde allemand. Beaucoup de GI’s furent touchés par des éclats d’obus. Je ne sais pas combien furent tués pendant que nous sommes sortis des bois aussi vite que possible et avons creusé nos terriers de renard sur les pentes se situant sur l’avant de la colline…… ».

 

Grotte ou bunker ?

« J’étais certain que cela s’était passé sur la route de Théding car d’après des témoignages les soldats avaient tenté de trouver refuge dans un bunker » explique Edwin Neis qui décide alors de s’adjoindre l’aide d’un autre spécialiste, Marcel Stein, historien local de Cocheren. Il aura fallu quatre mois de recherches et d’investigations pour trouver l’endroit exact où est mort Bill Wignall. Car ce n’est pas dans un bunker qu’avait trouvé refuge une escouade mais dans une grotte située route de Théding à proximité de la Kronenmühle. « Les témoins parlaient de bunker alors que c’était une grotte. Nous avons même travaillé sur les plans de la ligne Maginot pour savoir s’il n’y avait pas une ancienne fortification située à cet endroit », précise Edwin Neis, satisfait de la découverte. Cette énigme résolue, il planche déjà sur d’autres demandes de familles américaines soucieuses de connaître le destin de leurs frères ou de leurs pères morts au combat.

Il faut ici rendre hommage à tous nos libérateurs. Des milliers d’entre eux ont versé leur sang pour la France.




Fred Witzgal

Box 258 USAF Hospital Carswell AFB, Texas

21 Janvier 1964

Cher Arthur,

Votre lettre du 13 janvier fut une agréable surprise. Oui, certains d’entre nous d’entre nous, de l’ex-80ème portent encore l’uniforme, quelques-uns d’ailleurs sont dans l’USAF (United States Air Force), ça je le sais. Il en reste encore bien peu au service des Etats-Unis. Votre lettre était d’autant plus surprenante qu’elle est la seconde que j’ai reçue d’un homme du 317ème, de l’USAF et du Nebraska. L’autre lettre provenait du major Eugène P. Reeder, 42 830 A, USAF, 1 225 Sunset Drive, Bellevue, Nebraska, un peu au sud de votre domicile.

Ceux qui sont enregistrés à l’USAF sont le staff-­sergent Sherman H. Coop (compagnie B, 318ème régiment) le sergent W.R. Bird (compagnie B, 318ème régiment) et le lieutenant V.S. Burkes (compagnie E, 318èmerégiment). Aucun doute que l’on peut encore en retrouver d’autres.

Le major Reeder était sergent dans la compagnie A du 317ème régiment quand il fut blessé le 11 novembre 1944.

Votre lettre était intéressante… Par exemple la « courte période en tant que prisonnier de guerre » m’amène à vous questionner davantage. Je joins un questionnaire à ma lettre en espérant que vous ne l’assimilerez pas à « l’inquisition espagnole », même s’il requiert de plus amples informations qu’un DD 398 (qui est un questionnaire long et fastidieux, NDT). J’utiliserai toutes les informations que vous aurez pris soin de me communiquer dans le but de rétablir les faits, aussi je vous demande de bien vouloir m’aider et de ne pas vous effarer devant le nombre et la précision de mes questions. Je joins également un « état de faits » que j’ai distribué lors de la dernière réunion.

Il décrit parfaitement ce que je tente de réaliser. J’espère qu’il répondra à vos questions concernant l’historique de la bataille que je suis en train d’écrire.

Vous me demandez les références d’ouvrages et de cartes, etc... qui contiendraient des informations sur la 80ème  division. Il est vrai que des travaux de recherches ont été publiés (en 5 petits volumes), mais ils ne portent que sur les activités du 318ème régiment d’infanterie et du 314ème régiment d’artillerie de campagne. On n’y fait pas référence aux activités des 317ème et 319ème régiments d’infanterie, ni à ce qui s’y rapporte. L’auteur des œuvres intitulées En route to the redoubt est le colonel Ralph Pearson. J’en possède une série (j’appartenais au 318ème). Si vous êtes intéressé, (mais n’oubliez pas qu’ils ne contiennent pas de données sur le 317ème ni sur le 319ème), je me ferai un plaisir de vous communiquer l’adresse du colonel Pearson.

Vous savez, Arthur, un auteur garde jalousement ses sources d’information... et j’essaye de respecter cette règle. Cela peu paraître dur, mais c’est toujours mieux ainsi. Cependant je vais quelque peu transgresser la règle, car je me dois de vous renseigner vous et tout un chacun. Sans doute le meilleur ouvrage que vous pourriez lire et qui porte sur la période où vous étiez dans la 80ème division a été écrit et publié par l’US Government Printing Office à Washington DC. Je l’utilise comme principale source d’informations en complément des textes officiels concernant la 80ème  division. Les références de ce livre sont : The US Army in Word War II = The Lorraine Campaign par Hugh M. Cole 1950, catalogue no DII 4.7 eu7/v. 1

Ce livre porte principalement sur les activités de la IIIème armée américaine pendant la période allant de septembre à décembre 1944.  On y trouve bon nombre de données sur la 80ème division ainsi que sur le régiment. Il y est souvent question de bataillons. Il contient 657 pages, 50 cartes, 67 illustrations, une bibliographie, un glossaire et un index. …..

…… je pense, Arthur, que vous passerez des heures extraordinaires avec ce livre. Je ne pourrais vous en conseiller d’autres, exceptées les mémoires de différents généraux qui ont vécu de telles compagnes.

1 - Appartenant à la compagnie L du 317ème régiment d’infanterie, vous avez été blessé au combat en tant que simple soldat le 28 novembre 1944, comme indiqué dans les états généraux de la 80ème  division. (division 92, section VIII datés du 2 décembre 44(.

2- Le 28 novembre 1944, le 3ème bataillon du 317ème régiment d’infanterie se trouvait à proximité de Farébersviller. Le temps du petit matin était glacial et la pluie tombait depuis la veille au soir. 

La compagnie L lança l’assaut à 8h 30 et fut clouée au sol par le feu de l’ennemi à son arrivée à Farébersviller. (Tirs d’artillerie de 20 et d’armes légères). Le bataillon pénétra dans la ville, la compagnie L en tête, mais fut immédiatement contre-attaquée à 18h 00 par des tanks, des blindés anti-chars et l’infanterie ennemie. Il y eut de lourdes pertes et de très nombreux hommes furent présumés faits prisonniers. Les tanks et les blindés anti-chars du 3ème bataillon furent, pour la plupart détruits.

3-(Nota - je n’ai pas enquêté sur le rapport du 317ème régiment d’infanterie pour décembre 1944. Aucun doute que beaucoup de pertes ont été recensées dans le rapport de la 1ère semaine de décembre. J’espère en apprendre plus sur cette semaine...)

Tout est sur microfilm. On peut trouver les faits suivants dans le rapport de la compagnie L du 317ème  pour octobre et novembre 44 :

« ……   Le lieutenant Aldrich rejoint la compagnie le 10 octobre 44 ; le lieutenant Kilgore est réaffecté le 15 octobre 44, le lieutenant Rottenburg est transféré à la compagnie I du 317ème le 15 octobre 44. 

La compagnie L a donné l’assaut à Bratte et à Hill  407 les 8 et 9 octobre. La compagnie occupa ensuite plusieurs positions pendant le reste du mois.  Entre autres : Chenicourt le 9 octobre, 1 mile au nord de Sainte-Geneviève le 13 octobre, Port-sur-Seille le 14 octobre, Pont à Mousson du 14 au 24 octobre, Atton (sur la rive est de la Moselle) le 25 octobre, Morville-sur-Seille du 26 au 31 octobre 44.

Novembre 44

- Morville-sur-Seille du 1er au 7 novembre 44. Le lieutenant Hopper passe capitaine (29 octobre)

- nord-est de Raucourt le 8 novembre. Traversée de la Seille sur des barges d’assaut sous la pluie et dans le froid. Le lieutenant Kuzniak et 16 soldats sont blessés au combat le 8 novembre.

- Sud est de Saint-Jure le 9 novembre sur les hauteurs, la compagnie essuie des tirs d’artillerie et de tireurs embusqués. La compagnie fait mouvement vers Solgne pour libérer le village et prendre position sur les hauteurs pour la nuit.

- Solgne le 10 novembre. La compagnie nettoie le terrain. Le lieutenant Aldrich qui était porté disparu avec 4 soldats est retrouvé plus tard tué au combat.

- Béchy le 11 novembre. La compagnie est placée en réserve derrière le 2ème bataillon qui attaque Luppy, Béchy puis part à l’assaut des hauteurs à l’ouest de la Nied.

- Han-sur-Nied le 12 novembre. La compagnie traverse la Nied à 1 heure et prend position à l’est de Han-sur-Nied. Le 1er sergent Lewis est évacué pour une raison étrangère au combat.

- Arriance le 13 novembre. La compagnie est placée en réserve du bataillon à 8 heures et se dirige au nord-est pour gagner l’ouest d’Arriance. L’officier de commandement, le capitaine Hooper, sévèrement blessé au combat, décède de ses blessures le 15 novembre. Le 2ème lieutenant Thomison arrive le 15 novembre.

- Arriance le 14 novembre. La compagnie opérant entre les 2ème et 3ème bataillons rentre dans les maisons pour se sécher. La compagnie effectue des reconnaissances au sud-est de la ville et prend position au nord-est. Le lieutenant Miles Smith est touché. Pas de changement jusqu’au 16 novembre. Les lieutenants Gardner et Thomas arrivent en tant que chefs de section le 15 novembre.

- Herny le 17 novembre. La compagnie se retire d’Arriance à la nuit tombée pour prendre position à Herny. Elle essuie des tirs d’artillerie ennemie mais ne compte aucune perte. La compagnie reste dans le village jusqu’à 18 heures le 20 novembre. Elle reçoit la relève de 28 hommes dont le 2ème lieutenant Thomison. Des patrouilles sont organisées. Il tombe un crachin tiède.

- Elvange le 20 novembre. La compagnie quitte le village pour s’emparer des hauteurs au sud d’Elvange, à 18 heures, sans rencontrer de résistance. Le capitaine Mc Bride arrive en tant qu’officier de commandement le 19 novembre. Le 2ème lieutenant Rassier est transféré à la compagnie I le 20 novembre.  La compagnie patrouille jusqu’au 21 novembre.

- Herny le 22 novembre. La compagnie se retire vers Herny à 13h 30 et entre dans les bâtiments pour se sécher et se reposer.

- Herny le 23 novembre. Repas de Thanksgiving. Distribution de chaussures, chaussettes et linge propre.

- Mainvillers le 24 novembre. La compagnie se rend à pied au village.

- Tritteling le 25 novembre. La compagnie parcourt à pied 6 miles (9 654 m) sur une route goudronnée et prend position sur les hauteurs à l’est du village.

- Valmont le 26 novembre. La compagnie occupe de nouvelles positions à l’est du village.

- Seingbouse le 27 novembre 44. La compagnie attaque son objectif, Seingbouse, et prend le village malgré une très légère opposition. Aucune perte. 14 Allemands sont capturés. Les troupes sont dans les maisons, les patrouilles à l’extérieur.

- Farébersviller le 28 novembre. Venant de Seingbouse, le bataillon attaque à l’est à 8h 30. La compagnie est clouée au sol par des tirs d’artillerie de 20 et d’armes légères. Le bataillon fait seulement mouvement à l’intérieur de la ville. A 18 heures, le bataillon est contre-attaqué par des tanks, des blindés anti-chars et l’infanterie allemande. La compagnie L subit de lourdes pertes ; les tanks et les blindés anti-chars du bataillon sont détruits. Le capitaine Mc Bride, l’officier de commandement de la compagnie L a été évacué plus tôt pour une raison étrangère au combat. Le lieutenant Gardner est sévèrement touché.

- Farébersviller le 29 novembre. Aucun changement dans les positions de la compagnie L qui débarrasse la ville de ses tireurs embusqués.

- Marienthal le 30 novembre. La compagnie se réorganise, se réapprovisionne et reçoit des repas chauds…. »

Arthur, vous pouvez garder les données incluses dans ces pages, mais j’apprécierai que vous consigniez les réponses à mes questions sur les feuilles vierges ci-jointes.

1 - Questions personnelles

a - qu’est ce qui a causé vos blessures ?

b - qu’elle était la nature et la gravité de vos blessures ?

c - qui d’autre a été blessé et de quel genre de blessures s’agissait-il ?

2 - Questions générales :

a- Le capitaine Mc Bride qui était l’officier de commandement lors de l’attaque a été évacué plus tôt pour une raison étrangère au combat. Qui commandait alors et qui était le capitaine Morris ?

b - Pouvez-vous me décrire physiquement le capitaine Hooper (description des blessures), le capitaine Mc Bride et le capitaine Morris ?

c - Qui était votre chef de section ? Que lui est-il arrivé ?

3 - Questions sur l’action :

a - Quelle était la mission de votre section au moment où l’ennemi a contre-attaqué et que vous souvenez-vous de ce qui s’est passé autour de vous ?

b - Voulez-vous décrire les évènements qui ont directement mené à votre capture ?

c - Comment avez-vous été traités vous et vos compagnons tout de suite après avoir été faits prisonniers.  Etiez-vous cernés, donnez des détails ?

d - Lors de la contre-contre-attaque qui vous a libéré (ainsi que vos compagnons ?) voulez-vous décrire les évènements qui aboutissent à votre libération ? Quelle était l’attitude des gardes allemands face à la possibilité d’une contre-attaque américaine, et comment ont-ils réagi quand cela s’est produit ?

Un Allemand est resté pour vous surveiller…que lui a t-il été fait ? Vous souvenez-vous de la maison où vous avez été retenu prisonnier avec le lieutenant Gardner ? Pouvez-vous décrire le lieutenant Gardner ?

Tout ceci force notre admiration pour ceux qui ont combattu et gagné la guerre. C’est une honte que la 80ème division soit l’une des quelques divisions oubliées dans l’historique de la 2ème guerre mondiale, mais avec l’aide de compagnons d’armes tels que vous, j’y parviendrai peut-être ... Je l’espère.

Pour autant que je sache, mon humble tentative de recréer sur le papier l’historique des batailles de la division est la première en son genre. Depuis des années déjà, l’association de la 80ème a demandé des crédits suffisants à l’élaboration d’un historique des batailles à l’administration de Pennsylvanie, mais sans résultat. Je pense que l’administration suivra la requête de l’association si on lui propose un manuscrit.  Pendant quatre ans, j’ai accumulé des données officielles ou non sur le passé, et je suis tout près d’en avoir terminé. J’ai commencé à écrire au printemps dernier, et je m’y consacre encore entièrement.

A propos Arthur, êtes-vous membre de l’association de la 80ème ? La cotisation annuelle est de 2 dollars payables au secrétaire national Robert E. Cook 1 085 Hillview avenue Latrobe PA. La cotisation donne droit à une carte de membre, à l’accès à tous les meetings des unités de la 80ème dans le pays, et à un magazine trimestriel (the service magazine). Le magazine tient une liste à jour de ses membres, des comptes-rendus sur les activités de la 80ème en Europe, sur les actions des différentes organisations de vétérans des unités de la 80ème à travers le pays et, chaque année, à l’issue de la réunion annuelle dresse l’inventaire des vétérans des 1ère et 2ème guerres qui y ont assisté par leur nom, leur unité, la ville et l’état de leur domicile. Je ne voudrais pas que vous preniez cela comme du racolage mercantile, Arthur, mais le nombre de nos membres est croissant, et nous aimerions vous retrouver à nouveau au sein de la 80ème.

La prochaine réunion de l’association de la 80ème division se tiendra à Philadelphie en Pennsylvanie, du 5 au 8 août inclus. Il y a trois ans, plus de 100 membres du 317ème assistaient. Environ 40 d’entre eux étaient de la compagnie L du 317ème régiment. Les membres de la compagnie L dont les noms suivent, entre autres, étaient présents à la dernière réunion : Angélo Barone, Harold Render (capitaine), Georges Crefoot, Clarence Johnson, James H. Steen, Robert Nathason, Robert E. Parks, James Hardenburg, Albert Joseph, Herbert Kammerad, Leroy K. Pierce, Robert Wenger, Joseph Zibitchuck.

Je réalise soudain, Arthur, que cette lettre a pris des proportions énormes. J’espère vous avoir un peu aidé dans votre quête d’ouvrages et d’informations sur la 80ème pour ce qu’il en est actuellement. Une fois encore, j’espère que mon questionnaire, qui va vous obliger à remuer le passé après toutes ces années, ne sera pas trop éprouvant pour vous, mais par-dessus tout, j’ai grand besoin des souvenirs de ceux qui y étaient. Je me réjouis d’avance d’avoir de vos nouvelles. Dans l’attente, que Dieu vous bénisse, vous et les vôtres en cette année 1964.

Avec mes plus sincères amitiés...

Fred L. Witzgall (compagnie A 318ème régiment) 80ème division, historien national.

PS 1- Le général Horace Mc Bride de la 80ème division est décédé le 14 novembre 1962 sur la base de l’Air Force à Orlando en Floride (il habitait à Maitland en Floride) à l’âge de 68 ans.

PS 2- Avez-vous une résidence fixe où je pourrai toujours vous joindre par courrier ?

Le 24 janvier 1964

Cher Arthur,

Juste un mot. J’espère que vous avez bien reçu ma dernière lettre du 21 janvier. J’ai simplement complété, en le détaillant, le rapport de la compagnie L du 317ème pour décembre 44. L’histoire complète de la bataille du 28 novembre 44 à Farébersviller, France, est répertoriée au 2 décembre. Après le 28 novembre, 59 hommes furent portés disparus. 2 d’entre eux sont revenus, 19 ont été retrouvés morts au combat, et les autres restent portés disparus.

Votre compagnie a perdu les lieutenants Thomison et Thomas (tous les deux tués au combat), le sergent Morrison (KIA = Killed in Action = tué au combat) plus de 6 autres sous-officiers portés disparus. Le reste était composé de simples soldats et de 1ères classes parmi lesquels certains furent tués au combat, d’autres portés disparus : tels le staff-sergent Krajewski, le Technicol-4 Baker, le Technical-5 Kines, le caporal Ellis.

Le dernier pointage du 2 décembre montrait que les forces de la compagnie L du 317ème se résumaient à : capitaine = 0 ; 1er lieutenant = 1 ; 2ème lieutenant = 0 ; 1er sergent Technical sergent = 0 ; staff-sergent = 2 technical-3 = 0 ; sergents = 8 ; technical-4 = 2 ; caporal = 1 ; technical-5 = 5 ; soldats 1ère classe = 15 ; simples soldats = 61.

J’ai simplement pensé que vous aimeriez connaître ces données parce que vous étiez là-bas.

Amitiés sincères...Fred L. Witzgall.

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Réponse de Arthur W. Noel

1212 W. 15th Avenue, Bellevue Ne 68 005, (1-402-291-2562)

Cher Paul (?) (Ndr, ne s’agirait-il pas plutôt de Fred ?)

Voici l’information que, je pense que tu désirais ; si ça n’était pas le cas, je te ferai parvenir tout ce dont tu as besoin.

J’ai été fait prisonnier le 28 novembre 1944 à Farébersviller en France. J’étais un B.A.R (je disposais d’un fusil d’assaut automatique) compagnie L, 317ème régiment d’infanterie, 80ème division.

Ma compagnie était commandée par le lieutenant Thomas (ou peut-être le dénommé Thompson) en fait, que ce soit l’un ou l’autre (je ne les ai jamais vraiment rencontrés) car il remplaçait le capitaine Hooper, tué au combat quelques jours auparavant à Faulquemont.

Voilà ce qui s’est passé le 27 novembre : nous avons avancé afin d’attaquer Saint-Avold, sans rencontrer beaucoup de résistance. Le soir du 27, nous avons libéré un village du nom de Henriville. Comme ce jour-là notre escouade était en avance (géographiquement), elle fut maintenue en alerte pendant la nuit, afin de pouvoir repartir dès le matin du 28. Notre escouade avançait côté droit vers Farébersviller, et comme nous arrivions sur une colline, à l’extérieur de la ville, dans un verger dont les pommiers avaient été coupés, nous essuyâmes des tirs ennemis provenant de la ville. Nous pouvions apercevoir une maison dans laquelle se trouvait une pièce d’artillerie de 88 entourée d’Allemands. Nous appelâmes de l’aide par radio et tentâmes de nous mettre à couvert tout en ripostant avec nos armes légères. Le percuteur de mon fusil se cassa et je me couchai dans des ornières laissées par des tanks ; avec son percuteur défectueux, mon arme était devenue inutilisable. Le chef d’escouade tout comme le lieutenant et le médecin étaient blessés ou morts. Le reste de l’escouade et moi-même, nous nous relevâmes et tentâmes d’atteindre un mur de pierres afin de nous mettre à l’abri. Je me trouvais à environ 10 yards du mur lorsque je fus touché ; une première balle heurta ma cuiller de G.I. dans ma poche (tu te souviens d’elle !), la suivante traversa le haut de ma cuisse. (Lorsque je fus enfin opéré, les médecins me confièrent que le sucre et le tabac avaient fait office de bons remontants). Je posai un garrot et des bandages sur ma jambe. Les Allemands nous firent traverser la route jusqu’à une maison balisée d’une Croix-Rouge, comme devant être un poste de secours, mais l’intérieur était bourré d’armes et de munitions. Ensuite, nous fûmes conduits au sous-sol jusqu’au soubassement de la maison. Après avoir ajouté quatre bandages et réajusté mon garrot, je remarquai que la plupart des gars qui étaient là étaient blessés et que rien n’était fait pour eux.

Peu à peu, je me traînais sur mon derrière, leur apportant les premiers soins, aux nôtres comme aux leurs.  Tandis que je les aidais, je remarquai que certains étaient conduits hors de la maison et que d’autres y étaient amenés. Au total, je pense avoir secouru 19 soldats américains et allemands. Comme je ne pouvais pas marcher à cause du bandage de ma jambe droite, ils me laissèrent là. Le dernier homme qu’ils amenèrent auprès de moi était le lieutenant Georges W. Gardner de Chanute au Kansas. En tout, j’appris plus tard que 37 hommes de la compagnie L furent faits prisonniers. Le lieutenant Gardner et moi-même fûmes les deux seuls à en revenir.

Le jour durant, nous pouvions entendre que la bataille continuait, contre-attaque après contre-attaque.

Je pense que ce jour-là, notre artillerie était, de loin, plus mauvaise que la leur. La maison où nous nous trouvions était une sorte d’entrepôt ; deux issues menaient au soubassement. Ça allait si mal que le lieutenant Gardner et moi-même, ainsi que l’Allemand qui était resté pour nous surveiller, décidâmes de nous retrancher dans une cave (où étaient stockés des fruits) afin d’être mieux protégés. Le lieutenant Gardner était blessé à l’épaule gauche par un éclat qui s’était logé au dessous de son cœur (je l’appris plus tard en 1946). Je lui posai des compresses et des pansements et immobilisai son bras gauche. Nous sommes restés ainsi quatre heures ensemble, lui, couché dans mes bras. Une épreuve effroyable, avec la bataille qui faisait rage à l’extérieur. Finalement, alors que seuls lui et moi ainsi que le garde allemand, étions encore en vie, j’entendis quelqu’un à l’extérieur. C’était le capitaine Miller à la tête d’un groupe d’Américains qui inspectaient chaque maison. Ils nous ordonnèrent de sortir. Je leur criai de l’intérieur que nous étions incapables de marcher et que nous avions un garde. Le lieutenant Gardner et moi-même, nous nous assurâmes du garde, et je rampai vers la porte afin de nous identifier comme amis. Nous fûmes examinés et on nous apporta à boire et à manger. Par trois fois, ils vinrent nous chercher. Finalement, je fus le dernier évacué ; je fus chargé sur un brancard et transporté au poste de secours.

Arrivé sur place, je fus déposé dans une pièce vide, seul sur mon brancard, pendant un long moment, sans personne, sans bruit, sans rien ; ma jambe me faisant souffrir, je réajustai à nouveau mon garrot. Ma vessie était pleine et j’appelai, lorsque enfin une jeune femme française (FFI) entra, me donna un casque, m’aida à me tourner sur le côté, et je pus me soulager. Ensuite elle me quitta, me conseillant de dormir si je ne voulais pas mourir.

Quelque temps plus tard, un officier entra et m’interrogea sur ce qui m’était arrivé. Je lui racontai bravement comment nous étions tombés dans une embuscade et faits prisonniers et aussi la manière dont nous avions été traités : on nous avait pris toutes nos affaires, nos effets personnels et nos plaques d’identité, puis interrogés sur qui nous étions, notre dispositif, armes, nombre, etc...

Je ne leur avais communiqué que mon nom, mon grade et mon numéro matricule. Plus tard, je fus conduit dans un hôpital de campagne et dus encore attendre sur mon brancard. Quelqu’un me fit une piqûre de morphine, et la dernière chose dont j’eus conscience était un homme me retirant mes rangers.

C’était un aumônier et il me dit que là ou j’allais, je n’avais pas besoin de chaussures, je fus conduit dans la tente chirurgicale, posé sur une table et préparé. Ils charcutèrent ma jambe comme on coupe dans une pomme, et appliquèrent un tampon fait de gaze imprégnée de vaseline. Ma jambe fut bandée et surélevée. Je repris connaissance, on m’alimenta et m’interrogea encore. Lorsque je me réveillai à nouveau, on me nourrit et quelqu’un m’apprit que j’allais être évacué en train. Un Purple Heart et une Bronze Star étaient accrochés à mon oreiller ; je devais également être décoré du CIB, l’insigne de l’infanterie de combat. Dans le train, quelqu’un m’appela par mon nom, c’était le capitaine Miller, (celui qui nous avait libérés) en compagnie de quelques officiers. Il m’informa que j’allais être envoyé en Angleterre et ensuite aux Etats-Unis. Je lui répondis que ma femme était en Angleterre et que je préférais y rester. Il discuta avec un officier et ils modifièrent la destination sur ma feuille médicale. Il me dit aussi que j’allais recevoir la Soldiers Médal et la Silver Star pour ce que j’avais fait. Il attendait de recevoir toutes les précisions concernant ces décorations.

Lentement, mais sûrement nous traversâmes la France, notre destination étant Cherbourg où était amarré un navire hôpital, le Landovery Castle. Le capitaine Miller revint m’apporter des renseignements complémentaires, et le lieutenant Gardner, qui était dans le train, lui raconta ce que j’avais fait et demanda l’adresse de ma femme en Angleterre afin de lui écrire et de lui témoigner sa gratitude envers moi qui lui avais sauvé la vie et qui avais tant fait aussi bien pour nos boys que pour les Allemands qui avaient été blessés. Je fus transporté à bord du bateau et mon brancard fut installé sur le pont.

Tandis que je me trouvais là, j’aperçus une infirmière anglaise que je pensais reconnaître. Assez sûre d’elle, lorsqu’elle s’approcha de moi, la surprise se lut sur son visage et elle s’exclama : « oh non, pas encore vous, Specks ! » un sympathique petit surnom dont j’ai hérité à cause des verres épais de mes lunettes. Je lui demandai qu’elle était notre destination en Angleterre et elle me répondit : « vous savez, je ne peux pas vous le dire, mais j’enverrai un câble à votre maman dès que le train-hôpital sera en route... ». Ce qu’elle fit, et, le matin suivant, ma maman et ma tante Amy vinrent me rendre visite. Le train nous déposa à Norwich et nous gagnâmes un hôpital de l’US Air Force en ambulance ; nous étions les premiers blessés de l’armée américaine qu’ils recevaient. Nous arrivâmes vers l h l 5 du matin et on nous installa à l’hôpital à 3 heures au moment précis où la sirène d’alarme annonça un bombardement. Une des bombes explosa et nous projeta hors de nos lits... en guise de bienvenue...

Le lendemain, j’entrai en chirurgie. Lorsque les médecins retirèrent mes pansements, il se dégagea une odeur pestilentielle. Le tampon de gaze était en place depuis 15 jours. Après avoir nettoyé la plaie, ils laissèrent ma jambe ouverte afin qu’elle guérisse de l’intérieur, y passèrent une solution physiologique et posèrent des pansements humides, sans bandage. J’en ai encore la cicatrice. Je suis resté là jusqu’à Mai 1945, et je fus affecté ensuite dans une unité médicale en tant que boulanger.

Je reçus la Red Cross Card comme prisonnier de guerre et enfin, un nouveau jeu de plaques d’identité.

La lettre que ta mère a reçue a été égarée dans tous ces déplacements, ainsi que ma fameuse cuiller de G.I.

Nous avons perdu contact avec le lieutenant Gardner jusqu’en 1948. Lorsqu’il m’écrivit, il allait bien, avait épousé son infirmière, Nancy, et allait être affecté à Fort Lewis, Washington. Il me demandait si j’avais reçu mes médailles, je lui répondis que tout ce que j’avais reçu à Fort Sheridan dans l’Illinois était la Bronze Star. Le Combat Infantryman’s Badge (CIB), le Purple Heart et des notifications me précisant que les formulaires pour recevoir la Soldiers Medal et la Silver Star étaient incomplets.

Il recommença un nouveau dossier, et la dernière correspondance que j’eus avec lui, était le 35ème accusé de réception qui lui avait été adressé à Fort Lewis. Ensuite, la guerre de Corée débuta, et la 2ème division fut, comme tu le sais, la première à partir. Il fut affecté au Quartier-Général de Mac Arthur au Japon, et fut tué plus tard, en Corée. Je n’ai aucune idée où se trouve ce dossier.

En 1949, j’adressai une demande afin de devenir membre de l’association de la 80ème division, et un adjudant me répondit qu’on pensait que j’étais mort. On m’expédia une copie du rapport du 29 novembre 1944 qui précisait que sur 178 hommes, 66 seulement avaient répondu à l’appel et que le plus gradé était caporal. C’est seulement à ce moment que j’appris que le lieutenant Gardner et moi étions les deux seuls rescapés, et que les Allemands avaient pris nos plaques d’identité afin de faire infiltrer nos lignes par des Allemands parlant anglais.

Quand je suis allé à Fort Sheridan en 1946, je fus examiné et on m’informa que classé physiquement catégorie 4 et avec 70 % de handicap dans mon fémur droit, je ne pouvais plus être ré enrôlé. Mais la veille de ma révocation définitive, je fus réengagé grâce à la circulaire 110. Je fus affecté au recrutement à Camp Atterbury, puis à Indianapolis et, comme tu le sais, je suis resté au service actif jusqu’au 30 septembre 1965 et en réserve de l’US Air Force jusqu’au 21 février 1973.

Je ne sais pas ce que tu pourras faire avec tout ça, ni même si ces informations pourront être prises en considération, mais mon dossier est enregistré à Saint-Louis. Tu peux y avoir accès. J’ai appris aussi que désormais un Combat Infantryman’s Badge équivaut à une Bronze Star. Je l’ai lu dans VFW Magazine ; de même, je n’ai jamais reçu ma Armed Forces Expeditionary Medal. Regarde sur ma démobilisation, il y figure le Purple Heart et les autres médailles. Si tu te souviens bien, les modèles originaux de mes médailles ont été volés par des inconnus du temps où je me trouvais sur la base de l’US Air Force à Vance en Oklahoma. Je les avais exposées dans une vitrine dans le bureau de recrutement.

Ca serait chouette que mes médailles me soient restituées, mais ça me paraît improbable. J’ai rencontré quelqu’un de la 80ème et lui ai dit que j’étais de la compagnie L du 317ème régiment d’infanterie, et il m’a demandé comment il se faisait que je sois toujours vivant. Je lui ai répondu que j’étais l’un des rescapés, que l’enfer avait eu beau me faire des appels du pied, il n’avait pas réussi à m’avoir !

Garde bien tous les documents que j’ai envoyés à ton fils, et peut être, cela t’éclairera-t- d’un jour nouveau sur la manière dont se déroule la carrière de John au sein du corps des Marines.

Les héros ne meurent jamais, simplement, ils continuent leur combat au nom de l’Amérique.

Très sincèrement, Arthur W.Noel




                       

Autres fantassins U.S. ayant combattu à Farébersviller et dans les environs immédiats

 

 

Dominick Abbruzzese

Servant au 313 FA Bn, j’ai été détaché comme observateur avancé de l’artillerie au 317 1Bn. Je me souviens avoir traversé la voie ferrée à hauteur de la maison Kleinhentz Marie-Louise le 4 décembre.

Awarded the Bronze Star

  Levi H. Belflower

Le 8 novembre 1944, lors de la traverse de la rivière Seille, j’ai pris le commandement de la section quand mon chef a été blessé.

  Durant l’attaque sur Théding, j’ai été distingué par l’attribution de la Silver Star…   

Berson Bowen

Rejoint le 317 Rgt  Co F mi-novembre, je fus blessé sur une colline près de Farbersviller par un coup d’éclat de mortier.

J’ai été soigné en Angleterre (+ trench foot = pieds trempés).

Edward C. Brown

Ayant rejoint le 317 Rgt FCo en septembre, je fus blessé comme chef de section le 27 novembre 1944 près de St-Avold…

 

 

 

Trine Castillo

Faisant partie du 317 Rgt Co A, j’ai été capturé en novembre. J’ai séjourné dans quatre camps de prisonniers à Prague et en Tchécoslovaquie

Val W. Hotz

Le 28 novembre, le 2 Bn avec la Co F du 317 Rgt quitte Farébersviller pour aller conquérir les collines 316 et 317. La Co = Cie F prend la colline 316 à 14h.

Je fus sérieusement blessé par un tir de barrage ennemi au cours de cette action.

Traité médicalement en France, G-B et USA..

Bronze Star

Stanley M. Kenetski

Blessé à Kochern le 4 décembre, j’ai passé sept mois à l’hôpital de Cambridge.

Purple Heart, Combat Infantry Badge = CIB, Bronze Star

Jesse J. King

Blessé sévèrement  une deuxième fois le 4 décembre, j’ai passé plus d’une année à l’hôpital pour me rétablir.

 

Edward F. Kott

Je fus capturé le 28 novembre derrière les lignes ennemies.

La dernière prison fut Luckenwalde à 30 miles au sud de Berlin.

Délivré par les Russes le 22 avril 1945 et renvoyé aux States pour récupérer

Peter A. Kudenov

J’ai fait toute la campagne de France: Argentan, Pont-à-Mousson, Passage de la Moselle, Mont-Saint-Jean, Saint-Avold et Farbersviller avant d’aller dans les Ardennes.

CIB, Purple Heart et Bronze Star

Robert W. Linhart

Atteint la Ligne Maginot le 10 novembre 1944

Placé dans le 1 Bn Co B 1 platoon du 317 Rgt, j’ai libéré Saint-Avold et Farébersviller. J’ai combattu 28 jours dehors dans des trous de renard, le pire temps jamais connu depuis 50 ans.

Blessé deux fois.

Henry L. Maier

Sérieusement blessé en décembre 1944, je suis retourné aux States en février 1945.

Purple Heart,

Bronze Star, CIB,

New-York’s Meritious Service Badge

William Robinson

Aux environs du 28 novembre, je pensais que l’enfer était déchaîné.

J’ai été touché par un shrapnel, je me souviens avoir séjourné dans une cave avec d’autres blessés. Les Allemands nous ont ramassés. J’aimerais retrouver l’un ou l’autre de ces blessés.

William A. Schmalz

Ayant fait partie du 1 Bn  du 319 Rgt, j’ai été

blessé le 10 décembre dans les environs de Cocheren.

Ralf C. Young

Blessé le 26 novembre à 1,5 mile au nord-est de Pferreberveiler, j’ai été soigné au 58th General Hospital de Commercy

Le T/5 Thomas W. Pettengill du 317 Rgt Medic’s est décoré  de la Distinguished Service Cross pour son action à Farébersviller le 29 novembre 1944. 

Edgar J. Griesbaum écrit  en juillet 2004:

« Cher Bob Murrell (historien),

J’ai été tout spécialement intéressé par l’histoire de Jeff Wignall sur la bataille de Farébersviller apparue dans votre magazine d’été. J’étais tireur dans le 1er escadron de la 3ème section de la compagnie B du 318ème régiment (1st sqad.3rd platoon Cy B 318) et j’ai participé à l’attaque sur Farébersviller le 4 décembre 1944.

Nous étions terrés depuis plusieurs jours dans des trous de renard (foxholes) et pouvions superviser le village. Il pleuvait chaque jour.

Notre lieutenant passa devant notre rangée de trous individuels afin de choisir 5 ou 6 hommes chargés de s’introduire de nuit dans la localité. Par chance, il ne me choisit pas pour cette mission. Nous avons vu la patrouille descendre la colline en file indienne et nous entendîmes un plus tard et de loin une pétarade provenant du village. Nous apprîmes ultérieurement que la patrouille était tombée dans un piège tendu près d’un ruisseau coulant dans la bourgade. Ils plongèrent dans l’eau et s’enfuirent si vite que 9 ( ?) d’entre eux revinrent.

Le lendemain matin, à l’aube du 4 décembre, nous avons reçu en sus des munitions, des grenades, des rations C, puis nous fûmes alignés en ligne d’escarmouche pour commencer l’attaque. Nous avons avancé dans des champs cultivés, avec des bois sur notre flanc gauche, pendant une distance considérable. Il n’y avait ni tanks, ni aucune préparation d’artillerie, ni tir ennemi jusqu’au moment où nous atteignîmes une pommeraie plantée à la lisière du village.

A ce moment-là, un intense feu de nos unités passant au-dessus de nous atterrit sur les défenseurs allemands.

Lors de notre entrée dans le verger, une mitrailleuse ouvrit le feu sur nous. Plusieurs de nos gars furent touchés et l’on entendit leurs cris : « Medic, Medic.. ». Chacun d’entre nous se réfugia à l’abri derrière un arbre, au ras du sol. Le mitrailleur cessa son tir. Mais quand l’un de nous bougeait, il enclenchait des tirs et des aboiements semblaient voler et provenir du haut des pommiers !

Après un moment, un de nos fantassins alluma une cigarette, jeta son paquet au copain réfugié derrière l’arbre voisin. Nous grillâmes chacun la nôtre tout en jetant le paquet aux camarades installés à proximité. Chaque fois que l’un d’entre nous tirait une bouffée, le tireur répondait et l’aboiement reprenait son envol. Ce fut un incident comique que je n’oublierai jamais.

Finalement le feu cessa. Notre peloton contourna le bord gauche de la localité, passa au-dessus de la voie ferrée et grimpa une colline raide où quatre soldats allemands sortirent de leurs trous et se rendirent.

Plus tard dans la journée, nous passâmes sous un intense feu provenant de tirs de mortier qui causèrent encore beaucoup de pertes et de dégâts. Nous atteignîmes une colline d’où nous pûmes découvrir au loin Forbach et l’Allemagne. Des tranchées de la 1ère guerre mondiale (WWI) étaient encore visibles sur cette hauteur.

(Il s’agit plutôt de trous individuels creusés par les fantassins français durant la Drôle-de-guerre 1939-40, Ndr).


En visionnant ces photos, les témoins d’alors reconnaîtront peut-être l’une ou l’autre scène vécue. Si certains clichés analogues proviennent d’autres théâtres d’opérations ayant eu lieu dans le secteur, la plupart des vues reflètent bien l’atmosphère tragique de l’époque.

 

1944- 2004  

A l’occasion du 60ème anniversaire de la Libération

L’initiative de ce jour est destinée à célébrer le soixantième anniversaire de la libération de notre commune et la proche région par l’armée américaine.

Pour cela, nous adressons un message particulier aux vétérans de cette terrible bataille pour la liberté, ainsi qu’à l’ensemble de notre population. Ce n’était pas la victoire encore, mais cette Libération valait déjà victoire pour ceux qui pouvaient enfin revivre.

Antérieurs à ce moment où le respect de la personne humaine, la foi en dieu, la dignité de la famille et la liberté des consciences étaient battus en brèche par une conception destructrice du monde. Pour ce soixantième anniversaire, l’action de cette mémoire historique contribue à développer l'esprit de paix et de respect entre les hommes, les nations et les peuples, « il s’agit de faire des commémorations des moments importants destinés à raviver la mémoire collective nationale pour renforcer l’esprit de défense, d’indépendance et de liberté. »

Quant aux fossoyeurs du souvenir, il faut leur dire que l’honneur d’un pays, c’est de ne jamais oublier. Qu'ils sachent que les Anciens Combattants, défenseurs naturels de la paix sont, malgré les outrances, persuadés que notre pays témoignera sa reconnaissance éternelle envers ceux qui ont donné leur vie pour la patrie. Qu’ils sachent aussi que la paix est des plus fragiles. Nous invitons les uns les autres à méditer ces deux pensées du général de Gaulle : « Il faut que nous comprenions combien demeure éternellement précaire le salut de notre pays, puisqu’il fallut au long de son histoire tant de sacrifices pour surmonter tant de dangers «  et « Tout homme qui écrit et qui écrit bien sert la France. »

Hombourg-Haut

Le 28 novembre 1944, la commune connaissait la joie de la libération. Cette libération était attendue avec impatience durant quatre longues années. Car la déception fut grande au mois de septembre 1940, lorsque la population évacuée au moment de la déclaration de la guerre, en septembre 1939, réintégra ses foyers, puisqu’elle était éparpillée en différentes régions de France, département de la Vienne, la Loire, Nord et Pas-de-Calais, où en ces divers lieux nos gens ont connu les vicissitudes de la guerre; puis cette constatation au retour que les départements d’Alsace et Moselle étaient administrés sous le régime allemand.

A partir de ce moment, jusqu’au jour de la libération beaucoup d’habitants ont dû souffrir, les uns à peine revenus de l’exil furent expulsés, laissant ainsi leurs derniers biens, ‘'autres furent déportés en Allemagne et parmi eux, plusieurs ont vécu la douloureuse vie des camps de concentration. Une grande partie, tout aussi malheureuse, des jeunes gens fut incorporée de force dans la Wehrmacht, les Malgré Nous, dont presque une quarantaine ne sont plus revenus, encore d’autres soustraits à l'incorporation, ou ayant déserté, donc obligés de se cacher.

Le 1er septembre 1944 déjà, la commune était en pleine effervescence ; les caravanes de Siedlers (colons) s’en allaient, emportant dans leur débandade, des biens qu’ils avaient pillés dans les villages desquels la population lorraine avait été expulsée, mélangée à la troupe avec tous les moyens de locomotion, la route nationale dans la traversée de Hombourg connaissait un vrai sauve qui peut, le désordre pendant ces quelques jours de débâcle était indescriptible, même incompréhensible pour celui quia connu la discipline et l’ordre allemands.

Malheureusement, l’espoir d’une prompte libération devait sombrer rapidement par suite de l’arrêt stratégique des troupes alliées à l’ouest de la Moselle. Aux visages radieux succédèrent les mines sombres. Les autorités allemandes prirent vite le dessus, et pendant les semaines qui précédèrent ce chamboulement, la population étaient à nouveau sous le joug de l’oppression.  Les hommes jusqu’à 60 ans étaient réquisitionnés, pour aller schanzen. A la ferme de Hellering, un évènement tragique eut lieu pendant une nuit sans lune fin septembre : l’exploitant du moment, M. Jean Oblinger, fut arrêté et envoyé en camp de concentration à Dachau.

Cependant, au milieu du mois de novembre l'espoir d’une libération qui restait profondément ancrée dans les cœurs de nos habitants se confirma.

En souvenir des derniers jours précédant la libération et durant lesquels la population était anxieusement blottie dans les caves ou abris naturels, voici les notes journalières d’un de nos concitoyens, alors que les troupes américaines se trouvaient à environ une quinzaine de kilomètres de la localité.

22 Novembre: comme pour commémorer l’entrée des troupes françaises dans la commune le 22 novembre 1918, les Américains tirent des obus sur Hombourg et ses environs avec comme principal objectif la gare. Dans l’après-midi les immeubles Dahlem et Klun, rue de l’Eglise sont atteints et fortement endommagés, on compte des blessés. Dans la nuit, un obus tombe dans le presbytère, atteignant la chambre de M. le Curé (Abbé Moutier) qui heureusement se trouvait dans la cave.  L’école de Hellering est également atteinte.

23 Novembre: toute la population vit dans les caves, les magasins sont fermés, le courant électrique fait défaut, et la commune est complètement isolée de l’extérieur. Tout le monde attend avec impatience les événements. 0n apprend que Mme Hamann est décédée et que Mme François Hafner a donné la vie à un enfant. Les tirs d’artillerie continuent, les obus tombent sur le lieu dit Herrenberg. A partir de 19 heures, un violent feu d’artillerie de la direction nord-ouest se manifeste: deux soldats allemands sont tués et un gravement blessé.

24 Novembre: 6 heures, enterrement de Mme Haman sous le tonnerre des canons de direction sud. Dans l’après-midi nous parvient la nouvelle de la libération d Strasbourg.

25 Novembre: dès 6 heures du matin, le canon fait rage au sud-ouest. Un radiotélégraphiste allemand annonce une attaque sur Saint-Avold déclenchée de la direction de Valmont. 260 chars américains seraient engagés. Toujours est-il que la terre tremble et que du renfort allemand se dirige vers Saint-Avold. Ce soir, Mr. Jean Karpp est décédé.

26 Novembre: un dimanche, enterrement de Mr Karpp. Cantonnement de nouvelles troupes allemandes. Le feu d’artillerie s’approche de plus en plus. Durant la nuit, circulation intense de chars et auto-blindés allemands.  Au lieu dit Hell-Küche, actuel café Métropole, est installée une ambulance allemande, des blessés y reçoivent leurs premiers soins.

27 Novembre: la circulation sur la route nationale Metz-Sarrebruck est subitement interrompue. Les pionniers allemands font sauter les arbres situés au bord de la route. Les grands vitraux de l’église sont détruits par des éclats d’obus. Dans l’après-midi, vers 15 heures, la nouvelle circule à propos de la libération de Saint-Avold et de Petit-Ebersviller. Vers 17h30, on entend des coups de fusils provenant du lieu-dit Witz.

Les dernières unités allemandes se retirent et font sauter les tilleuls du bord de la route. Les explosions s'éloignent de plus en plus. Peu à peu tout devient silencieux et, avec impatience, on guette les premiers libérateurs. Dans l’intimité des caves et maisons, les gens préparent les drapeaux tricolores pour pavoiser à l’arrivée des troupes américaines.

28 Novembre: Dans la matinée, les libérateurs font leur apparition dans la commune et sur chaque visage se manifeste la joie.  A signaler par l’euphorie du moment on voyait déjà flotter les trois couleurs de France au mât dressé sur le château d’eau du Schlossberg par les hauteurs de Hombourg, aspect agréable à voir dans ces moments où la liberté est revenue.

Edwin Neis

 

Les Trailblazers (70ème division US.) libérèrent Forbach et ses environs.

 

La bataille pour les crêtes (the battle of the ridges)

 « Le 274ème régiment d’infanterie devra faire l’effort principal et capturer les sommets dominant Sarrebruck ». Ainsi parlait le major-général A.J. Barnett, Commander de la 70ème division (appelée les Trailblazers) le 15 février 1945 au cours d’une rencontre avec ses commandants de régiments qu’il tint dans son poste de commandement à Pfarrebersweiler, France.

Le général se dirigea vers la carte fixée au mur et esquissa les grandes lignes du plan d’attaque. La 70ème était le fer-de-lance de la VIIème Army pour attaquer à travers la Ligne Siegfried et pour se rendre maîtresse des crêtes dominant la capitale de la Sarre. Les 3 régiments étaient impliqués dans l’échelon d’attaque : le 276ème régiment à gauche, le 274ème au centre et le 275ème à droite. Un bombardement aérien le 16 février précéderait le grand saut. Un bataillon de chars moyens fut attaché à la division……. »

« ….    Le 16 janvier 1945, le 2ème Bataillon du 276ème Régiment d’Infanterie encercle Théding et ses environs (France), relevant les éléments du 411ème d’infanterie de la 103ème Division d’Infanterie dans les positions défensives sur le terrain. Le P.C. du bataillon était situé à Théding, la compagnie E se déplaça vers Gaubiving, la compagnie F entra à Bousbach, et les compagnies G et H entrèrent à Folkling, toutes les positions prises débouchaient sur un terrain ouvert et intact qui conduisait avec sagesse à ce terrain élevé situé au- dessus du village d’Oeting.

A quelques miles au delà d’Oeting s’étend Forbach, la dernière ville française de taille prise entre nos forces et la grande vallée industrielle de la Sarre et sa capitale Saarbrücken.

Le bataillon tint ces positions jusqu’à la fin janvier, une période marquée par des patrouilles actives effectuées à la fois par nos troupes et par l’ennemi.

Aux Quartiers Généraux, entre temps, des plans étaient élaborés pour une avancée des alliés vers le Rhin. Il devenait évident qu’une phase importante d’une telle portée serait une attaque agressive dans le secteur qui conduirait les Allemands hors de Forbach à travers la frontière internationale, les faisant pénétrer dans la région de la Sarre et éventuellement de la Sarre jusqu’au Rhin. En janvier, toutefois, il n’y avait d’information concernant la force ou la disposition de l’ennemi dans le secteur de Forbach.

A 17h, le 4 janvier 1945, le commandant du Bataillon donna l’ordre de bataille N°2, contenant les ordres opérationnels pour un raid sur les positions hostiles au-dessus d’Oeting par le 27ème Bataillon avec la compagnie K, le 93ème Bataillon de blindés, l’artillerie était là pour soutenir le Bataillon, ainsi que deux sections de la Cie M avec des mortiers de 81 m/m et un peloton de mortiers de 4,2 pouces.

La mission opérationnelle du raid, comme elle était décrite dans l’ordre de bataille, était de se saisir et d’occuper le terrain élevé à l’Est et l’Ouest d’Oeting. La réelle importance du raid, toutefois résidait dans l’importance stratégique de réunir les informations concernant la résistance que l'ennemi serait capable de déployer dans ce secteur .

A cette époque, notre reconnaissance avait déterminé l’existence d’une organisation défensive ennemie forte sur la zone à attaquer. Un long fossé antichar d’environ 16 pieds (1 pied = 36.48 cm) donc 4,88m à 5m de profondeur, traversait le secteur entier. Un système de tranchées se trouvait de chaque côté du fossé, protégé par des triples rangées de fil de fer barbelé. En plus, il y avait de nombreux bunkers en béton et des abris. Le terrain était criblé de pièges et de mines (antichar et anti-personnel).

Dans la phase n°1 de l’opération, les compagnies E et F devaient attaquer le MLR à 1 h, le 6 février 1945, pour prendre et occuper la colline ZEBRA (le Kellsberg). Le travail de la compagnie E était de prendre le système de la tranchée à l’ouest de la route de Gaubiving-Forbach. Celui de la compagnie F était de prendre la portion de la colline ZEBRA à l’Est de la route et au Sud du fossé antichar. Une section de mitrailleuses lourdes de la compagnie H devait protéger le flanc droit du Bataillon une fois que la colline serait prise pendant que les deux compagnies de fusiliers se préparaient à soutenir l'assaut de la colline YOKE (le Fahrenberg).

La phase II de l’opération, comme prévu, verrait les compagnies G et K attaquer la colline YOKE à 6h 30, le 6 février, ou plus tôt, si le Bataillon en donnait l’ordre. Une phase III, -la prise et l’occupation du village d’Oeting- était également prévue.

En préparation à l’attaque, le 1er Bataillon du 276ème régiment d’Infanterie releva les positions du 2ème Bataillon, le 4 février 1945 à 23h 55. Le 5 février à 6h 30 la relève avait été effectuée. A 21h 40, le même jour, le 2ème Bataillon établit son P.C. avancé à Folkling et à 1h, le 6 février 1945, l’opération commença comme prévue avec les compagnies E et F lançant l’attaque du MLR en direction de la colline ZEBRA. La visibilité était au minimum quand l’attaque commença ; le contact entre individus n’était maintenu qu’avec la plus grande difficulté, malgré les brassards blancs que portaient les hommes pour se faire reconnaître. Le dégel de février avait commencé deux jours plus tôt et le sol était couvert de boue.

Durant une demi-heure après le départ de l’attaque, les compagnies qui attaquaient rencontrèrent une opposition sous forme d’armes de petit calibre et d’armes automatiques. Se précipitant dans les défenses ennemies faites de fil de fer barbelé, les troupes utilisèrent le bengalore (charge allongée Ml Al tube d’acier de 5cm de diamètre rempli d’explosifs brisants 4 kg ; chaque élément mesure 1,50m de long, poids total de 6 kg; des manchons avec un dispositif à ressort sont utilisés pour assembler les éléments les uns au bout raccordement des autres. On obtient avec cet engin une brèche de 3m de large environ dans un réseau barbelé) pour se frayer un chemin, une partie de la compagnie F fit feu à l’aide de grenades à fusils, le long des barbelés et dut repousser l’ennemi et attaquer les défenses à des points différents .

A 2h malgré l’obscurité et l’acharnement de la résistance ennemie, les deux compagnies étaient au premier rang des tranchées ennemies. Il y eut un combat acharné, l’ennemi était dans des tranchées et dut être délogé à l’aide de bazookas (lance- roquettes), grenades et à la baïonnettes. Durant les combats de corps à corps avec l’ennemi, il y eut de nombreux exemples d’héroïsme personnel. Un officier, plus tard décoré de la croix du  Distinguished Service Cross tira deux roquettes de bazooka dans un abri, puis s’y glissa et passa à la baïonnette trois Allemands pour nettoyer le terrain.

Après avoir dégagé la 1ère rangée de tranchée, les compagnies avancèrent vers leur objectif, le fossé-antichar, connu pour être une partie de la ligne principale ennemie. De nouveau, un combat acharné eut lieu avant que la tranchée ne soit finalement prise à 5h. Les 2 compagnies ensuite se creusèrent un abri et s’apprêtèrent à occuper le terrain.

Lorsque le jour se leva, des détachements essayèrent de rejoindre les positions avancées avec de la nourriture et des munitions, de nombreux ennemis, non remarqués dans l’obscurité, inquiétèrent toutefois l’arrière-garde des deux compagnies, si bien qu’il fut nécessaire d’envoyer en arrière un peloton de chaque compagnie pour liquider les ennemis restants. A 9h c’était terminé, la colline ZEBRA était à nous sans problème ; du côté allemand, plus de 40 prisonniers et beaucoup de tués.

La phase n°2 de l’opération commença à 6h 30 comme prévu, avec les compagnies K et G qui attaquèrent dans une tempête de grésil. L’opposition se manifesta presque aussitôt. Il était nécessaire pour les troupes d’attaquer une pente particulièrement escarpée. Le flanc de coteau avait été fortement miné et les deux compagnies essuyèrent des pertes à cause des mines. Face au puissant feu ennemi, les deux organisations menèrent une bataille lente, obstinée, fatigante de 6h 30 jusqu’à ce qu’ils eussent atteint le sommet de la colline. Ils avaient ensuite pour ordre de se mettre à l’abri pendant la nuit.

Durant l’après-midi l’artillerie ennemie entra en action ; le pilonnage s’intensifia. L’interrogation des prisonniers révéla que des troupes étaient en route sur d’autres secteurs pour rencontrer notre attaque ! La seule action de la 7ème Armée sur l’ensemble du front. Pendant la nuit du 6 au 7 février 1945, il y eut des indications, suivant lesquelles l’ennemi était en train de se rallier et de se réorganiser. A 7h, le 7 février 1945, il contre-attaqua avec l’effectif d’une compagnie, soutenue par des chars. Le feu de l’artillerie ennemie continue à être intense, rendant tout mouvement impossible. Les hommes dans les trous individuels étaient dans l’eau jusqu’aux genoux, les armes étaient si bouchées par la boue que dans un peloton seule trois  d’entre elles pouvaient tirer. La violence de cette attaque tomba sur les compagnies E et F installées sur la colline ZEBRA. En dépit des difficultés considérables de la situation, elles furent capables de repousser l’attaque. Plus tard dans la matinée, le point de choc se déplaça dans le secteur de la compagnie G où des tanks et l’infanterie frappaient vigoureusement. Cette contre-attaque fut donc brisée bien que de lourdes pertes se fissent ressentir.

De nouveau la bravoure et l’héroïsme de nos troupes nous permirent de tenir notre territoire. A un moment, un artilleur dont le canon s’était enrayé par l’effet d’un obus de mortier se mit à ramper et à faire feu au jugé pour disperser une charge ennemie.

A 19h l’ennemi contre-attaqua encore une fois, protégé par les chars. Atteignant le flanc droit de la colline ZEBRA, où nous maintenions correctement nos positions, l’ennemi pénétra dans les positions de la compagnie F, infligeant de nombreuses pertes, et en prenant le territoire supérieur sur les flancs, rendit la position de la compagnie E très précaire. A ce moment, nous avions pour ordre de nous retirer par régiment. Rassemblant les hommes restants et portant les blessés, les compagnies E, F, G et K effectuèrent des retraites habiles protégées par l’obscurité alors qu’elles étaient toujours en contact avec l’ennemi.

Grâce à ce raid audacieux et agressif, le 2ème Bataillon et les compagnies qui y étaient rattachées obtinrent une information considérable de la force des dispositions et des tactiques de l’ennemi.

En deux jours d’action isolante, il démantela les positions ennemies sur un terrain des plus difficiles et dans des conditions atmosphériques très mauvaises et garda ses positions acquises malgré une résistance farouche et des contre-attaques impitoyables et effectua ensuite une retraite habile et réussie toujours en contact avec l’ennemi.

Moins de 100 pertes furent enregistrées durant l’opération. L’opération complète fut caractérisée par une direction énergique et pleine de ressources et un esprit héroïque et déterminé parmi les troupes.

La valeur de l’information acquise durant le raid fut démontrée 3 semaines plus tard, quand une attaque fut déclenchée à l’aide deseffectifs du régiment, à travers le même secteur qui conduisit à la prise de Forbach et à la conquête définitive de la région de la Sarre.

( Il apparaît intéressant de laisser parler un fantassin US nommé Bennet’s qui a cantonné un mois à Bousbach et qui livre ses souvenirs d’époque. Il est revenu deux fois (en avril 1960 et en mai 1995) dans ce village d’adoption qui a troqué ses tas de fumier (disappearance of the time-honored manure piles) pour une modernité urbanistique qui a amélioré son cachet d’antan. Ndr).

« Je me souviens un peu du déplacement de mon régiment parti de Montbronn pour rejoindre notre division en train d’être ré-étoffée. Je me souviens que ce déplacement représentait une bonne distance et que nous avions quitté l’Alsace pour entrer en Lorraine. Notre poste de commandement était établi à Farébersviller, situé à 12,5 km à l’ouest de Sarreguemines et à 15 km au sud-ouest de Sarrebruck. Sarrebruck et les principales défenses de la Ligne Siegfried, telles étaient les grands objectifs assignés à la VIIème US Army, dont la 70ème division était le fer-de-lance.

La plupart du temps passé à Farébersviller fut consacré à la préparation de cette offensive. Des troupes fraîches arrivèrent pour compléter les rangs de nos compagnies décimées durant les durs combats en Alsace. Beaucoup de ces renforts n’avaient reçu aucun entraînement de fantassin ou vraiment très peu. On passa le temps à entraîner ces hommes en de petites unités tactiques et dans des combinaisons d’attaques tanks-infanterie. Durant la même période, notre division d’artillerie s’échauffait en faisant feu sur des points de référence, cibles prochaines lorsque débuterait l’offensive. … La direction de l’attaque en instance s’orientait vers le nord à travers Sarrebruck. Sur le flanc droit de la 70ème, vers l’est, se trouvait la 63ème division. ; sur notre flanc gauche stationnait le 101ème groupe de cavalerie motorisée qui assurait la liaison entre la VIIème Armée Patch et la IIIème de Patton. Le major-général A.J. Barnett, comandant la 70ème, désigna le 274ème régiment pour figurer au centre du front d’attaque de la division avec l’objectif essentiel de capturer les hauteurs surplombant Sarrebruck et la Ligne Siegfried. Sur le flanc gauche, le 276ème devait attaquer et capturer la ville de Forbach ; sur la droite, le 275ème avait pour mission de se rendre maître du sol sacré des hauteurs de Spicheren.

Le 15-16 février 1945, le P.C. du régiment 274 fut déplacé vers l’est, sur Diebling, village situé sur l’axe central de l’attaque. Le plan soumis au régiment prévoyait l’attaque de deux bataillons. Sur la gauche, le 3ème bataillon devait attaquer à partir de Théding avec l’objectif de prendre Behren et au-delà la chaîne du Kreutzberg. Sur la droite, le second Btl, attaquant de Bousbach, devait se rendre maître de Kerbach et du Winkersknopf et des hauteurs de Forbach. Le 1er Btl était tenu en réserve régimentaire à Diebling. Dans la nuit du 16 février, tous les objectifs initiaux furent pris- Behren, Kerbach et la colline du Winkersknopf.. Le lendemain 17 février, le P.C. se déplaça à Bousbach et durant tout un mois, ce village devint le siège central du 274ème régiment et le domicile  des sections I et R dont je faisais partie…..

Je me souviens parfaitement que la maison qui nous a servi de cantonnement (billet) était la dernière maison à droite lorsque vous sortez de Bousbach par le nord. L’habitation dans lequel se trouvait le mess du R.Hq. Co. (poste de commandement de la compagnie du régiment) était un petit block au sud de notre logis sur la partie droite de la rue principale. Ces deux maisons n’ont guère changé si bien que je les ai reconnues durant ma récente visite.

Notre cantonnement se situait dans une maison jumelle et j’étais « à la maison » avec d’autres compagnons, à l’étage dans une chambre située à l’arrière, direction sud. La fenêtre arrière regardait sur une vallée boisée qui court du nord au sud à 150 yards au-delà de la maison.

La salle du mess du R.Hq. était une combinaison habitation-grange avec des stalles d’animaux au rez-de-chaussée sur l’un des côtés de la maison et avec le plancher de l’autre partie de la maison qui constituait la cuisine de la compagnie. L’étage servait d’habitat. La cour devant notre cuisine était là où nous étions servis et où l’on essayait de manger nos repas. Durant notre séjour s’étalant sur février-mars 1945, cette cour était souvent un endroit sale, peu appétissant et boueux. Au centre de la cour près de la route principale s’étendait un tas de fumier fixe. Comme le temps devint plus chaud, le tas prêta son odeur exceptionnelle à l’ambiance de nos équipements de cuisine. Par temps froid, il était possible de manger dans la cour de la cuisine. Nous avions alors la capote de la jeep pour y poser le dîner. Mais en période de dégel, le tas de fumier nous obligeait à rouler ailleurs. Nous devions passer à travers le purin, prendre notre nourriture aussi vite que possible et se dépêcher pour éviter les éclaboussures provenant du tas de fumier. Là, nous pouvions manger. Pour les I & R, nous portions souvent nos ustensiles remplis (mess kits = gamelles) dans notre cantonnement et mangions là-bas. Après les repas, nous ramenions nos gamelles vides en cuisine où des lessiveuses à eau chaude étaient alignées pour laver et stériliser nos ustensiles. J’ai dit qu’une gamelle sale pouvait vous éliminer comme une balle (a dirty mess kit will drop you like a bullet !). Aujourd’hui, le tas déplaisant a laissé place à un charmant parterre de géraniums !