Etienne Lucienne
Les souvenirs qui ont marqué mon enfance sont les suivants. J’ai vécu de 3 à 6 ans dans une sorte d’étable où se trouvaient des animaux (deux chèvres et trois moutons). A côté, dormaient mes parents, dans une petite remise, sur de la paille. Le camp composé de nombreux baraquements s’appelait Wartenberg, il était situé près du village de Wolfsdorf.
Mon père était soumis au travail obligatoire, sous la surveillance des militaires. Ma mère travaillait dans les cuisines du camp. Le principal repas était composé de soupe aux choux et de pain noir.
J’étais souvent appelée par un responsable, un certain Brandmann qui m’interrogeait sur le contenu des conversations tenues par mes parents.
Il me donnait des crayons pour dessiner ; lui-même me dessinait la croix gammée. Lors des alertes aux bombes, nous étions dirigés dans des souterrains.
Au cours d’un déplacement nous menant d’un camp à un autre et effectué sur une charrette tirée par des bœufs, le conducteur donna des coups de fouet à ma mère sous prétexte qu’elle n’avait pu monter assez vite sur la charrette.
Affaiblie par sa grossesse, elle tenait dans ses bras, mon petit frère Fernand, âgé de 4 mois. Lors de la libération du camp, nous avons été évacués par le train jusqu’à Sarreguemines. Ensuite, un soldat américain de couleur m’a donné du chocolat et il nous a conduit avec sa jeep jusqu’à Farébersviller.