Witz Alphonse
Avant les combats :
Je travaillais en 1944 à la Lehrwerkstatt (Centre d’apprentissage) de Cuvelette. Nous avons dû, un beau jour d’octobre, arrêter le travail à la mine. La guerre se rapprochait et tous les mineurs étaient convoqués pour creuser cette fois-ci des galeries surterraines afin d’arrêter l’avance alliée. Je fus donc convoyé en camion le premier jour de Freyming vers Barst-Biding.
Les autres fois, je prenais mon vélo pour arriver sur le lieu des « fortifications ». C’étaient des tranchées larges et profondes destinées à arrêter les chars ennemis. Vers la mi-novembre, nous avons construit un barrage en bas de la côte du Biehl (actuelle rue du Calvaire).
Les combats :
Ma mère veuve vivait seule et avait peur des obus. Nous partîmes dans la maison Spitz en compagnie des familles Bour Joseph, Spitz, Henner et nous-même.
Les Américains, après avoir remonté les berges du ruisseau (près de l’actuelle maison d’art local) tirèrent dans notre couloir. Je montais les escaliers et je sifflais pour les alerter. Deux S.S. étaient dans notre cave et sortirent menaçants. « Si tu ne te tais pas, on balance cette grenade dans la cave ». Heureusement, les Américains qui m’avaient entendu montaient la rue. Je criais aux deux soldats : « Sortez mains en l’air, ils arrivent ! ».
Les S.S. jetèrent alors leurs épaulettes et autres insignes.
Après les combats :
Nous avons retrouvé notre maison sans portes ni fenêtres, elles avaient toutes été utilisées comme planches de consolidation des parapets derrière lesquels on jetait de la terre pour protéger l’aire de tir des canons.
Un obus avait frappé notre pignon arrière.
Nous avons été horrifiés en montant nos escaliers. Une mare de sang s’était répandue du haut du grenier et en coulant dans les escaliers, elle avait rempli une demi bassine. Après avoir épongé les marches, je constatai que de nombreux casques allemands gisaient dans tous les recoins du grenier. Une section allemande avait dû être décimée là.
Dans la chambre du devant séjournaient neuf Américains. Cette pièce leur servait de P.C. Leurs canons se trouvaient près de l’actuel temple néo-apostolique et les servants étaient reliés par téléphone à notre maison.
L’intendance ricaine n’était pas avare dans son approvisionnement : le manger, le boire, les cigarettes étaient appréciés par nous tous.