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La Durchfahrt

 

La Durchfahrt, un lieu de passage surmonté d’une espèce de tour de guet habitée, était situé entre les maisons Steinmetz et le café Karmann. Cet aspect médiéval de notre bourg a malheureusement disparu le 12 mai 1940, lors de l’opération Fackel (Torche) qui a détruit plus de 50 % des habitations.

La 1ère Armée de von Witzleben avait eu comme consigne de bombarder les avant-postes français afin de fixer les régiments d’intervalle établis dans les casemates de la Ligne Maginot entre Barst et Puttelange, ceci dans le but d’occulter la percée de Sedan qui conduira cinq semaines plus tard à l’armistice demandé par Pétain.

Cette trouée architecturale laissait filer la route vers Henriville. C’était devenu le lieu de rassemblement pour les garçons de mon âge. Par temps de pluie, c’était bien commode d’y jouer aux billes. L’endroit servait aussi de terrain de prédilection pour pratiquer le football, et bien souvent la balle en cuir, trop chère pour l’époque, laissait la place à une boîte de conserve cabossée par les nombreux coups de galoches cloutées que nous fichions dedans. Le spécialiste des parties de billes endiablées (poursuite, trou de la mort) était Valentin Mazor, disparu hélas lors des combats de mars 1945 en Allemagne.

Je me rappelle qu’en hiver, on nivelait à coups de pelles, le monceau de neige ramené des alentours qu’on éparpillait sous cette porte cochère. Cela nous permettait de faire de la luge ou du traîneau sans discontinuer du haut du Biehl, à l’emplacement du cimetière, jusqu’à la maison d’art local. Adamy Aloyse possédait un traîneau assez long pouvant accueillir six camarades. Lui-même s’installait à l’avant et il nous guidait, muni de patins, dans une descente folle qui nous grisait d’aise et nous poussions des exclamations de joie en passant sous ce tunnel qui répercutait nos cris d’enfants.

Après trois ou quatre descentes, il était temps de rentrer car si le chemin-aller s’effectuait à un rythme vertigineux, il fallait malheureusement pousser l’engin jusqu’en haut de la côte. Nous laissions alors la place aux adolescents. La piste luisait de glace ; quelques-uns s’amusaient même à y déverser de l’eau qui gelait en formant une piste de bobsleigh d’où les grands s’élançaient et s’amusaient fort tard dans la nuit, aucune voiture ne s’aventurant dans les parages.