Après quarante ans, les vingt-deux lettres qui suivent, n’ont pu que gagner dans leur accent de sincérité et de fraîcheur. Grâce à ces lignes, écrites par des grands élèves, écoliers et écolières de la classe unique, au bout d’une seule année de scolarisation française, on peut revivre ou s’imaginer mieux que par un reportage de spécialiste, les minutes longues et terribles que toute la population du village a vécues pendant cinq semaines.
Ce ne sont que les aînés des élèves qui ont écrit, ceux du cours préparatoire n’étaient pas encore à même de le faire. On sent nettement que tous ces enfants d’alors ont été marqués pour la vie, par ces longues heures de cauchemar, préparatrices à la Libération.
Ce qui est surtout intéressant, c’est de prendre connaissance des détails différents relatés par chaque élève, avec une grande fidélité de mémoire. On peut mieux comprendre que toute libération, quelle qu’elle soit, exige patience et opiniâtreté dans l’effort. La foi chrétienne et les supplications inlassables qu’ils adressèrent alors au Dieu Tout Puissant ont permis à nos villageois enterrés de tenir le coup.
La fidélité de la mémoire des enfants est étonnante puisqu’il a été possible de faire correspondre les détails de leurs lettres avec les textes historiques produits plus loin. Les lettres ont été écrites dans un registre, à la suite les unes des autres.
Emile Hilt, octobre 1984.