Farébersviller, le 9 juillet 1945
Bien chère cousine,
Je veux t’écrire quelques mots pour te raconter comment on était logé dans notre cave pendant les derniers évènements de la guerre. La maman faisait la cuisine, tout allait bien jusqu’au 28 novembre; alors les soldats allemands et américains se battaient au village; on n’osait plus sortir de la cave, les obus tombaient de chaque côté comme la pluie et vers midi, les maisons de notre voisinage commençaient à brûler.
Toute troublée de peur, je me sauvais chez mon parrain en bas du village, sans m’occuper des obus qui tombaient toujours. Là, je suis restée avec ma grand-mère et mon petit frère pendant quatre jours. Les nuits étaient encore plus cruelles que les jours. On priait beaucoup pour que le Bon Dieu nous exauce.
Enfin, le 4 décembre, les Américains nous ont libérés : on riait et pleurait de joie.
Maintenant je termine en t’embrassant bien fort.
Ta cousine Pierrette Schmitt, 9 ans.