Farébersviller, le 9 juillet 1945.

 

Chère Marraine,

 

Quand les premiers obus tombaient au village, nous nous sauvions vite chez mon oncle. Là, il y avait une bonne cave, avec une pompe et même une petite cuisinière. Nous étions trente personnes en dehors du village, sur la route de Forbach.

Mes parents étaient obligés de retourner tous les jours dans notre maison pour fourrager les bêtes. Quand ils partaient, nous pleurions toujours, car nous avions peur qu’ils soient tués, comme cela est arrivé à Monsieur Landfried et au vieux père Sauder.

Nous ne savions pas ce qui se passait en haut du village. Une nuit, pendant la bataille, Monsieur Geisler et ses fils Emile et Marcel, venaient hors d’haleine chez nous.

Ils étaient pâles et ne savaient plus parler. Ils étaient comme fous. Après une demi-heure, ils ont pu nous dire que beaucoup de maisons brûlaient en haut du village et que eux venaient de quitter la leur toute en flammes. Toutes leurs bêtes, les beaux meubles, leurs habits ont brûlé et les Allemands ne voulaient pas les laisser sortir de la cave !

Alors, nous avons prié beaucoup et pleuré tellement nous avions peur.

Papa avait toujours le drapeau blanc en main, pour le hisser quand ce serait nécessaire.

Quelques jours après, nous entendions des voix d’hommes et des pas derrière la maison. Mon oncle, le plus courageux de tous, est sorti et poussa un cri: « Les Américains sont là, nous sommes libérés !!! ». C’étaient en effet nos Libérateurs. Ils venaient dans la cave et nous donnaient du chocolat et des bonbons.

Chère marraine, nous sommes si heureux que la guerre soit finie.

Vive la France, notre chère Patrie ! Je vous embrasse bien cordialement.

 

 

Votre filleule Marie Wagner, l3 ans.