Farébersviller, le 9 juillet 1945.

 

Cher Parrain,

 

Nous avons dormi dans la cave pendant quatre semaines. Durant huit jours, nous étions sous la pluie. Un obus passe à travers notre maison et a fait un grand trou dans la porte d’entrée. Cet obus est venu jusque dans la cave où nous étions, et il ne nous a pas tués.

Nous voyons les Allemands dans leurs positions, à cinquante mètres de chez nous, de l’autre côté de la ligne de chemin de fer.

Ma première sortie a été chez Adrien, et puis tous deux, nous allions voir l’église. Notre pauvre clocher est bien abîmé. La seule cloche que les Nazis nous ont laissée risque presque de tomber. Nous pouvons tinter un peu, la sonner serait trop dangereux. L’église est bien endommagée aussi, et vous savez que nous avions fait le plafond l’année dernière. Il n’y a plus de chaire à prêcher. Monsieur le Curé s’est fabriqué un petit banc et il monte là-dessus, le dimanche, quand il prêche.

.Je suis si content : mon papa est revenu il y a cinq jours d’un camp en Allemagne. Enfin, la guerre est tout à fait finie. Nous sommes redevenus Français !

 

Pour vous, cher parrain, un baiser de la Lorraine.

 

 

Fernand Egloff.