Anonymes

 

« Début décembre, quittant la cave située rue des Romains où ma famille s’était abritée, je comptai rendre visite à mes grands-parents. Je descendis avec mille précautions vers le bas du village accompagné d’une grêle de balles tirées par les Allemands installés sur le Plinter (colline en face de la gare). Soudain, alors que je rasai un mur, la poigne d’un inconnu me happa par le collet et me précipita dans une cave. Je remarquai une grosse pierre descellée dans un mur. Mon énergumène extirpa alors de son sac une poignée de bijoux et alla cacher son trésor dans la niche murale. D’où provenait ce mystérieux visiteur ?

Des dizaines de chaînettes dorées, des bracelets et des bijoux en or débordaient d’un coffret !

 «Tu es bien trop jeune pour partager mon secret et mon magot » me fit comprendre cet énigmatique fantassin U.S. en me secouant d’importance.

Témoin devenu plus que gênant, j’ai été heureux de me retrouver à l’air libre, et surtout, de m’être tiré à si bon compte des griffes de cet homme qui aurait bien pu se débarrasser de moi ! » R…..

 

« Nous venions d’emménager dans le sous-sol d’une maison vide, car notre cave ne présentait pas toutes les garanties de solidité en cas de bombardements. Comme je montais à l’étage, je tombais nez à nez avec un inconnu, habillé en civil. J’étais intriguée par sa présence et surtout par son comportement. Il ne cessait de lorgner vers la gare et le bois de Kneebusch. Scrutant l’horizon avec ses jumelles, il semblait rechercher la position des forces américaines ; il bougeait légèrement les rideaux redoutant sans doute de dévoiler sa présence aux observateurs U.S.

A un moment donné, la manche retroussée de sa chemise laissa percevoir un tatouage : un aigle nazi !  Avais-je dérangé un espion allemand chargé de renseigner les siens ? » C…..

 

(La présence d’espions est attestée par d’autres témoins. Les Américains découvriront l’un d’eux dans le clocher de Seingbouse ; il fut passé par les armes. Ndr)