Madame Délesse Germaine, née Gries
Nous étions hébergés dans la cave de Monsieur Adamy Florian. Avec nous, se trouvait la famille Adamy Emile.
Lorsque les Allemands ont fouillé la cave, ils ont planté plusieurs fois la baïonnette dans le duvet recouvrant la grand-mère couchée. « Il n’y a pas d’Américains dans la cave », avions-nous clamé.
Par contre, une bonne vingtaine de G.I.’s créchaient à l’étage.
Le jeune Roman nous dit subitement : « Ecoutez, on dirait qu’au-dessous de nous, on cuit des oeufs ! ».
Bloqués au fond du couloir, nous vîmes défiler au dehors une vingtaine d’Américains, les mains en l’air, faits prisonniers par deux jeunes S.S. hurlant et vociférant comme trente-six diables. Ils avaient au préalable jeté quelques Eiergranate (grenades-œufs) dans les chambres pour déloger les boys. Nous découvrîmes, sur les pavés de la cour, les premiers chocolats et chewing-gums abandonnés lors de la fouille collective exécutée par les deux S.S. En remontant de la cave, je vis que les Allemands tiraient vers la maison Chenot. Elle commença alors à brûler; et bientôt les gens qui l’occupaient hurlèrent d’effroi. Des villageois courageux, sous les balles, s’approchèrent et brisèrent la fenêtre du soupirail pour évacuer les fumées toxiques émanant de l’incendie.
Une version a circulé insinuant que les rescapés avaient dû mouiller des chiffons imbibés d’urine stockée dans le Botschamper (pot de chambre) et les plaquer sur la figure pour réchapper à la fournaise.
Le cas Hackenberger :
Comme tout enfant curieux, j’avais accompagné la charrette funèbre où reposait le jeune insoumis aux bottes rouges. Leur couleur m’est restée gravée. Par un oeilleton fixé sur la porte du dépôt attenant à l’école, à tout de rôle, nous le dévisageâmes, installé sur son lit de paille.
Mes parents mis au courant de ma curiosité morbide me grondèrent d’importance.