Farébersviller, dès septembre 1939, ressemble à un village-fantôme. La population ayant vidé les lieux, les animaux se retrouvent orphelins du jour au lendemain. Trois ou quatre cheminots et ouvriers responsables de la mine (Formery, Melling), munis de laissez-passer y séjournent quelques semaines.
Des soldats concitoyens enrôlés dans les casernes de Leyviller viennent parfois aux nouvelles (les frères Lacroix, Houllé Léon). Les volets et portes claquent au vent comme les vantaux du saloon déserté par les chercheurs d’or. Les corps-francs connaissent des escarmouches sanglantes avec les patrouilles allemandes (au cœur du village, le soldat Thouvenin perd sa jambe lors d’un affrontement à la grenade). De nombreuses divisions battent la campagne autour de Farébersviller, dont celle du Général de Lattre de Tassigny.
Le 12 mai 1940, commence l’opération Fackel (Torche) durant laquelle les Allemands cherchent à fixer les divisions françaises autour de la Ligne Maginot pour occulter la percée de Sedan.
Les bombardements allemands ravagent notre région et les Farébersvillois exilés à Bonnes n’en croient pas leurs yeux lorsqu’ils découvrent à la une du journal, «La France de Bordeaux et du Sud-Ouest» le 30 mai 1940, une photo de la rue principale du village dévastée par les bombes.
La vie en Charente
Echoués dans ce petit village de Charente, voisin du département de la Dordogne, où personne ne les attend et où absolument rien n’est prévu pour leur hébergement, les Farébersvillois ont à faire face à de grandes difficultés d’organisation liées à cette transplantation (cuisine collective, emplois, école). Pourtant, ils s’organisent avec l’aide des habitants de Bonnes.
Une barrière invisible les sépare : celle de la langue. Les Lorrains ne parlent pas, ou peu ou mal le français et les Charentais ne comprennent rien au dialecte qui ressemble étrangement à celui parlé par leurs ennemis germains.
Des liens se créent cependant : les ménagères échangent leurs recettes de cuisine, les hommes trouvent du travail dans les fermes avoisinantes, les enfants vont à l’école.
Après la lecture des journaux et les nouvelles alarmantes provenant du front de Lorraine, l’inquiétude tourne au cauchemar : c’est la défaite française et l’Armistice est conclu avec Pétain le 22 juin 1940.