Farébersviller, le 9 juillet 1945.
Chère Marraine,
Les combats étaient durs ici. C’était une vraie guerre de position. Les Allemands s’étaient placés du côté de la ligne de chemin de fer et ne reculaient plus. Des patrouilles allemandes revenaient sans cesse inspecter les maisons et les caves et posaient des mines partout.
Nous étions d’abord dans notre cave. Là, nous avions trop peur et nous nous sommes sauvés chez nos voisins, car notre maison se trouve non loin des deux ponts, minés à ce moment-là.
Dans la cave, nous avons beaucoup prié pour que le Bon Dieu donne la force nécessaire à nos libérateurs et, pour qu’Il les conduise à la victoire. Notre village a beaucoup souffert. Beaucoup de maisons ont été démolies en 1940, et beaucoup sont tombées en ruines lors de la dernière grande bataille.
Je plains beaucoup notre petit voisin Aloyse Thouvenin qui, le lendemain de la Libération, est sorti tout joyeux de la cave et a marché sur une mine qui l’a déchiqueté. Sa pauvre maman ne veut pas se consoler.
J’aime bien aller à l’école française. L’année prochaine, je ferai le Certificat d’Etudes.
Chère marraine, je vous envoie un bon baiser.
Votre filleule Mathilde Bour, 13 ans.