Farébersviller, le 9 juillet 1945.

 

Chère amie,

 

Tu veux avoir des nouvelles de notre Libération. Depuis quatre semaines, le canon grondait de plus en plus fort. Les avions venaient toujours plus nombreux et tournaient au-dessus du village. Les soldats allemands étaient dans les maisons et ne voulaient pas quitter les positions prises. Depuis le 19 novembre, nous dormions dans la cave, Grand-père (maternel, Ndr), Maman, mon petit frère Gilbert et ma petite sœur Astrid.

Le 22 novembre, dans la nuit, à deux heures et demie, le premier obus américain siffle et éclate dans le village. Alors, les Allemands commençaient à reculer... et plus il y avait d’Allemands sur les routes, plus les obus américains venaient faire explosion. Enfin, le 28 novembre, à quatorze heures, les premiers Américains arrivent. Malheureusement, les SS allemands, cachés dans les maisons, tiraient beaucoup sur eux. Après deux jours, les Américains se retirèrent à l’entrée du village et nous étions alors toujours sous une pluie d’obus jusqu’au 4 décembre. A cette date, les Américains firent une violente contre-attaque et les soldats allemands sont tués ou faits prisonniers.

A l’église, les Américains ont fait trente-cinq prisonniers et deux cents dans les maisons et dans les positions sur la ligne de chemin de fer.

Quand je suis sortie de la cave, je ne reconnaissais presque plus le village. Beaucoup de maisons manquent, toutes les autres sont très abîmées.

Mais mon papa est revenu du camp allemand il y a quinze jours. Voilà pourquoi nous sommes bien heureux. Grand-père, Grand-mère et mes trois oncles sont aussi revenus avec leurs familles en avion.

Vivent nos vaillants Libérateurs ! Vivent nos Alliés Libérateurs !

Bons baisers.

 

Ton amie Hildegarde Kleinhentz