Farébersviller, le 9 juillet 1945.

Bien chère petite amie,

Pendant ces journées terribles, nous étions dans la cave du presbytère. Monsieur le curé disait la messe dans sa cuisine et quand les obus venaient trop nombreux, dans la cave.

Le lundi 4 décembre, nous étions juste à la messe. Tout à coup, à l’Offertoire, c’est une canonnade formidable. Nous étions figés de terreur. Puis, tout le monde s’est précipité dans la cave. Pendant deux heures, nous avons prié à haute voix et invoqué tous les saints du Ciel.

Comment la bataille finira-t-elle ? Serons-nous délivrés enfin ? 

Mon père et Monsieur le Curé vont quelquefois aux aguets. On entend des voix, des coups répétés de fusils autour de la maison et dans les rues. Un cri : « Les Américains sont là ! » Nous sommes délivrés !!!

Dans la rue, des centaines et des centaines d’autos et de tanks américains en direction de Forbach. 

Le 6 décembre, nous retournons dans notre maison. La digue contre les tanks que les Allemands avaient construite devant chez nous était rasée. Notre maison avait reçu quelques coups d’obus dans le toit et dans les chambres du deuxième étage. Nous vivons tous, c’est l’essentiel. 

Nous remercions nos vaillants libérateurs, nos vaillants alliés.

Vive la France! Vive la Lorraine libérée !

Je t’envoie un baiser.

Ton amie Alice Lacour, 12 ans.