Farébersviller, le 9 juillet 1945.

 

Chère Marraine,

 

Nous étions dans la cave voisine, une petite cave sous la chambre, à trente-deux personnes ! sans lumière, car les poteaux électriques et les fils ont été cassés le premier jour de la bataille.

Le 28 novembre, les Américains sont venus dans notre cave. Mais la nuit, c’étaient de nouveau les Allemands. Ils lançaient des grenades dans les chambres. C’était une lutte formidable. Un tout jeune Américain a été tué sur le seuil de la maison. Il y était avec la tête en bas de l’escalier. J’ai beaucoup pleuré et prié pour lui.

Papa est quelquefois monté doucement en haut pour voir ce qui se passe. Une fois, il est descendu en disant : « Nous sommes perdus, les maisons autour de nous brûlent, les vaches hurlent dans les étables ». Je pensais à nos deux pauvres brebis. Heureusement, elles n’ont pas été tuées et nous donnent encore du lait.

Toutes les maisons ont été plus ou moins démolies. Aucune n’avait plus de vitres, les poteaux électriques traînaient en travers des rues. Des vaches qui vivaient encore se sauvaient dans les vergers, mais elles étaient blessées par les éclats et on les a retrouvées mortes. Maintenant, tout va mieux. Les Américains ont donné le premier chocolat. Nous pouvons de nouveau aller à l’épicerie. A l’école, nous apprenons le Français.

Chère marraine, je t’envoie mon meilleur baiser.

 

 

Ta filleule Marie-Thérèse Schoemer