Madame Bour Hilde, née Kleinhentz

 

Mon père Charles avait été déporté en Silésie. En prévision des combats, ma mère et son père, Nicolas Tursik, ainsi que mon frère Gilbert et ma sœur Astrid, logions ensemble avec la famille Aug, dans notre cave.

Toute proportion gardée, ce fut une période sans problèmes majeurs.

Nous dormions, avec nos couvertures sur le tas de charbon. Nous n’avons pas souffert de la faim : ily avait les pommes de terre, parfois un lapin et du pain sec. Pour assurer des provisions, monsieur Aug partait à la ferme Bruskir nous ramener un mouton ; la viande était alors mise au saloir. Mon grand-père allait au Erbhoff (actuelle maison Martiné) récupérer de temps en temps un pot de lait et du riz.

Un jour,  des S.S. sont venus.

« Où est votre mari ? demandèrent-ils à ma mère.

- Mais il est dans la Wehrmacht ! » mentit-elle.

Avouer qu’il était déporté et donc ennemi au Reich aurait pu nous attirer des ennuis. Elle leur proposa du café pour s’attirer leurs bonnes grâces. Conciliants, ils partirent en nous laissant même un bout de jambon !

 

Après le 5 décembre, nous nous trouvions, comble de chance, à côté de la cuisine de campagne du régiment U.S., installée devant la maison Lauer, rue des Romains. Nous étions aux premières loges et avons pu apprécier la qualité culinaire de la roulante américaine.