Jusqu’ici, les corvées étudiées se caractérisaient par leur côté ponctuel et somme toute assez léger. Nous arrivons désormais aux corvées infiniment plus gênantes que les Farébersvillois étaient tenus de faire aux « usynes » (moulin, censes, étangs, …) de la seigneurie et au château de Hombourg.

En mai 1595, les dix villages constituant la Vouerie déploraient qu’ils étaient « subietz à faire toute les corvées de charrois de pierres, chaulx, sable et autres matériaulx pour les reffections nécessaires du château dudit hombourg et des moulins et etangs … ». Un siècle plus tard, en 1681, le Dénombrement du Prince de Lixheim laisse entendre que la situation était juridiquement toujours la même ; les habitants de Farébersviller devaient effectuer ces corvées « toutes et quantes fois qu’ils en sont requis ».

Les comptes d’avant la Guerre de Trente Ans fourmillent de mentions de réquisitions de Farébersvillois avec les chariots tantôt pour  véhiculer du sable ou du gypse venant de Béning ou Théding, tantôt des troncs et des pierres destinés à la « moitresse » et aux moulin du lieu ou d’ailleurs. Ces corvées n’étaient toutefois pas entièrement gratuites puisque les corvéables recevaient généralement une ration de pain et un dédommagement pour ceux qui utilisaient leurs charrois et leurs chevaux. Mais dans l’ensemble, par rapport au travail fourni, un médiocre repas ne pouvait compenser les nombreuses heures consacrées aux corvées des « usynes ».

Les corvées du château de Hombourg étaient autrement plus lourdes encore que celles qu’exigeaient épsiodiquement tel ou tel modeste moulin. Construite au XIIIème siècle, la forteresse servit depuis cette époque jusqu’à la Guerre de Trente-Ans de lieu de refuge pour les habitants de toute la contrée en cas de troubles militaires. Sans doute les Farébersvillois durent-ils plus d’une fois leur salut à cette impressionnante bâtisse mais par ailleurs, que de sueur et de travail gratuit pour la maintenir en état !

Entre 1583 et 1634, date de son démantèlement, les travaux de remise en ordre puis de modernisation ont sans cesse mobilisés les habitants de la Vouerie. Dans l’abondance des documents relatifs aux corvées, deux époques méritent plus particulièrement notre attention : les environs des années 1585 et 1634 et de l’année 1627.

En 1587 les habitants de la Vouerie se plaignaient que depuis trois ans ils avaient été continuellement réquisionnés pour charroyer des pierres, de la chaux, du sable, du bois,… pour la remise en ordre du château « de sorte quilz ont esté contraincts de délaissez et discontinuer leur labouraige à leur très grand dommaige et ruine … ».

Par ailleurs, au mépris des usages qui voulaient que les sujets de la Vouerie « ne deussent estre contraincts à aucune crouvées (=corvée) à bras », on les forçait à porter de grandes quantités de terre et de faire des fagots entrant dans des fortifications en échange d’une misérable ration de pain estimée à trois gros par corvéable.

En 1589 à partir du mois de mai, chaque feu (foyer ou famille) de la Voierie dut envoyer une personne par jour pour renforcer les fortification du château et curer les fossés. Tous devaient venir munis de pioches, bêches, pelles et hottes. En cas de non comparution, les intéressés étaient considérés comme des « rebelles ». Sur les lieux mêmes, les corvéables étaient surveillés et dirigés par le « forestier » de Hombourg et les travaux menés de manière toute martiale avec rassemblements annoncés au son du tambour.

De septembre à novembre 1627, les habitants de Farébersviller travaillèrent au grand bastion dans le cadre de corvées dites « volontaires ».
  • les 27 et 28 septembre : la moitié de la communauté à chaque fois
  • les 5 et 6 octobre : idem
  • le 13 octobre : toute la communauté

Chaque corvéable recevait une miche de livre de pain de froment par jour. C’était là assurément une main-d’œuvre bon marché !

Ironie du sort, en 1634 ce furent les habitants de la Vouerie qui reçurent l’ordre de démanteler ce même château qui avait englouti leur argent et leurs forces depuis des générations.